Les vers de Louise Labé 1
Et si je déposais sur la table, à l’intention des lectrices du soir, les Œuvres poétiques de cette grande dame de la littérature qu’a été Louise Labé, ai-je pensé en feuilletant ce recueil que j’aime ouvrir au hasard à l’occasion. C’est donc ce que j’ai fait. Heureuse que la lectrice peinte par Xue Yanqun s’arrête sur ce texte :
Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés
Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,
Ô noires nuits vainement attendues
Ô jours luisants vainement retournés!
Ô tristes plaints, ô désirs obstinés,
Ô temps perdu, ô peines dépendues,
Ô mille morts en mille rets tendues,
Ô pires maux contre moi destinés!
Ô ris, ô front, cheveux, bras, mains et doigts!
Ô luth plaintif, viole, archet et voix!
Tant de flambeaux pour ardre une femelle!
De toi me plains, que tant de feux portant,
En tant d’endroits d’iceux mon cœur tâtant,
N’en est sur toi volé quelque étincelle.