Quelques poèmes de René Daumal 7
Les lectrices du soir ne savent jamais à quoi s’attendre quand elles arrivent. Pas plus celle peinte par Jeff Dickson que les autres. Le seul élément qui les lie est cet amour des mots qui fait qu’elles se présentent soir après soir. Pour découvrir un auteur, un texte en particulier. Ainsi, René Daumal et cet extrait de son recueil Le Contre-Ciel :
Défi
Défi porté aux mains, plus fortes que la mer, qui soutiennent les têtes des morts :
mains, souvenez-vous de vos vies inutiles d’autrefois, retrouvez ce matin l’agilité de vos doigts pour me découdre.
Je vous attends, accroupi sur les cendres,
je vous entends déplier vos os,
oserez-vous venir, pâles et rapides comme les morts que vous soutenez, viendrez-vous avec vos ongles pointés vers mon front, « dans l’océan strié de vols d’oiseaux sauvages »?
Je vous attends, les yeux en avant, mais je faiblis et m’abandonne à la poussière, car je sais d’avance que je vous pardonnerai.
Venez pourtant…