Les vers d’Éluard 3
Elle s’est allongée. La lectrice peinte par Barbara Muir n’avait aucune intention de se presser. Elle voulait goûter chaque mot de Paul Éluard. Et c’est ce qu’elle a fait. Des heures durant. Avant de laisser le livre ouvert sur ces lignes :
Le miroir d’un moment
Il dissipe le jour,
Il montre aux hommes les images déliées de l’apparence,
Il enlève aux hommes la possibilité de se distraire.
Il est dur comme la pierre,
La pierre informe,
La pierre du mouvement et de la vue,
Et son éclat est tel que toutes les armures, tous les masques en sont faussés.
Ce que la main a pris dédaigne même de prendre la forme de la main,
Ce qui a été compris n’existe plus,
L’oiseau s’est confondu avec le vent,
Le ciel avec sa vérité,
L’homme avec sa réalité.