Parfois ce silence 3
Dire
au hasard du mot
dire l’indicible l’irréversible
la nécessité de la raison
Sylvain Proulx, Parfois ce silence
*choix de la lectrice de David Muirhead
Dire
au hasard du mot
dire l’indicible l’irréversible
la nécessité de la raison
Sylvain Proulx, Parfois ce silence
*choix de la lectrice de David Muirhead
J’avais beaucoup aimé Les carnets de Douglas, le premier roman de Christine Eddie. C’est donc avec appréhension que j’ai ouvert Parapluies, son deuxième roman. En effet, s’il n’était pas aussi bon que le premier?
Il n’a pas fallu plus de cinq pages pour me convaincre que j’avais affaire à un aussi bon roman que Les carnets de Douglas, sinon meilleur, les personnages étant dès le départ plus étoffés tout en conservant leur côté mystérieux, le contexte volontairement moins confus, même si dans un cas comme dans l’autre Christine Eddie va d’un tableau à l’autre avec une certaine poésie dans l’exploitation des différents sujets abordés. Car il n’est pas ici question uniquement d’amour, mais bien d’amours, de celles qui vous animent, de celles qui vous détruisent, de celles qui s’annoncent dès le départ vouées à l’échec ou irréalisables, de celles qui bouleversent toutes vos idées préconçues.
Il suffit qu’un jour un homme parte aux petites heures du jour et ne revienne pas en laissant tout derrière lui. Même la petite culotte d’une autre sous le lit. Et plus rien n’est pareil. Ni la vie qu’on a vécue jusqu’ici. Ni les liens qu’il a créés. Ni les silences ou les zones d’ombre. Ni la vie d’une petite Somalienne qu’on a montrée à la télé.
Et parce que la vie est faite de hasards, de ces instants dont on dit qu’ils devaient arriver, la vie de Béatrice ne sera plus la même, désormais liée au destin de sa belle-mère et à celui de d’autres femmes mises sur sa route pour qu’elle cesse de s’acharner sur ses propres échecs tandis que la pluie qui tombe pendant des jours et des jours va, elle, anéantir des vies et un paysage, et unir des vies qui ne se seraient peut-être jamais croisées.
Une autre réussite pour Christine Eddie que ces Parapluies.
On la compare à Sarah Brightman. À Andrea Bocelli. Ce n’est pas un défaut. Mais Giorgia Fumanti n’est pas la pâle copie de l’un ou de l’autre. L’artiste montréalaise originaire de Toscane a fait ses preuves depuis son premier album en 2004 et est appréciée tant sur les scènes d’Amérique du Nord que celles d’Asie.
Même si elle donne à certaines chansons originales en anglais un nouveau souffle, je préfère nettement quand elle chante en italien. Mais c’est uniquement par goût personnel, car Giorgia Fumanti est remarquable dans une langue ou dans l’autre. De son plus récent album, voici donc Spente le stelle.
Réapprendre les sons et les images d’un quotidien bien différent de celui qui a été mien pendant sept jours.
Plus de vagues, plus de bateaux.
Quelques roches ramassées pour le souvenir.
Des photos à vous offrir dans quelque temps.
Le temps de les trier, de les réduire, d’organiser.
Lentement.
Parce que nulle envie de ranger trop vite les souvenirs.
*toile d’Aksel Waldemar Johannessen
L’habitude est une somnolence, ou tout au moins un affaiblissement de la conscience du temps. (Thomas Mann)
*illustration de Matte Stephens