De bonnes intentions, c’est tout
C’est un regard, celui du réalisateur, mais peut-être pas celui que j’attendais, si bien que je suis sortie de la représentation de Saint-Denys Garneau déçue avec l’impression d’avoir été flouée à bien des égards.
Était-ce si difficile de présenter davantage les intervenants? Pourtant, c’est sous le banal professeur qu’a été désigné Yvon Rivard, alors qu’il est écrivain, qu’il a été membre du collectif de la revue Liberté pendant près de vingt ans et qu’il a enseigné la littérature québécoise à l’Université McGill pendant trente-cinq ans. Pourtant, aux yeux du réalisateur Jean-Philippe Dupuis, Robert Melançon est juste un poète, alors qu’il a reçu de nombreux prix littéraires dont le prix du Gouverneur général deux fois, qu’il est professeur à l’Université de Montréal et qu’il a été longtemps critique de poésie québécoise à la radio de Radio-Canada. Pourtant, Michel Biron, professeur à l’Université McGill, titulaire de deux chaires de recherche, l’une consacrée à l’histoire littéraire du Québec et l’autre au roman québécois, se voit lui aussi être désigné sous le simple titre de professeur. Pourtant, la poète, traductrice, essayiste, qui a aussi été directrice de collection et directrice éditoriale et qui a dirigé les pages culturelles du Devoir pendant quelques années est tout simplement ici une journaliste.
Bien évidemment que le héros du film est le grand poète québécois, mal connu, mal perçu, mort dans la fleur de l’âge, Hector de Saint-Denys Garneau, mais cela n’aurait pas été inutile pour ajouter de la valeur aux propos des intervenants que de les situer dans le contexte littéraire québécois. Et je ne parle pas des « comme je vous le disais » qui ne font pas appel à quelque chose qui a été mentionné plus tôt et qui montrent un montage bâclé.
De plus, j’aurais apprécié entendre davantage de poèmes plutôt que de regarder des plans fixes où l’eau clapote, où le vent fait bouger les feuilles… Le cinéma n’est pas un exercice de photographie que je sache. Et ce n’est pas en contemplant la nature que nous allons entrer dans le personnage ni le comprendre un peu mieux.
Bref, il y avait là de bonnes intentions, mais le résultat n’est pas à la hauteur de celles-ci. Ou alors, je le redis encore, peut-être m’attendais-je à autre chose… Mais heureusement, il reste les écrits de Saint-Denys Garneau pour me consoler de ce film.