Lali

25 mars 2011

De bonnes intentions, c’est tout

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 13:50

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C’est un regard, celui du réalisateur, mais peut-être pas celui que j’attendais, si bien que je suis sortie de la représentation de Saint-Denys Garneau déçue avec l’impression d’avoir été flouée à bien des égards.

Était-ce si difficile de présenter davantage les intervenants? Pourtant, c’est sous le banal professeur qu’a été désigné Yvon Rivard, alors qu’il est écrivain, qu’il a été membre du collectif de la revue Liberté pendant près de vingt ans et qu’il a enseigné la littérature québécoise à l’Université McGill pendant trente-cinq ans. Pourtant, aux yeux du réalisateur Jean-Philippe Dupuis, Robert Melançon est juste un poète, alors qu’il a reçu de nombreux prix littéraires dont le prix du Gouverneur général deux fois, qu’il est professeur à l’Université de Montréal et qu’il a été longtemps critique de poésie québécoise à la radio de Radio-Canada. Pourtant, Michel Biron, professeur à l’Université McGill, titulaire de deux chaires de recherche, l’une consacrée à l’histoire littéraire du Québec et l’autre au roman québécois, se voit lui aussi être désigné sous le simple titre de professeur. Pourtant, la poète, traductrice, essayiste, qui a aussi été directrice de collection et directrice éditoriale et qui a dirigé les pages culturelles du Devoir pendant quelques années est tout simplement ici une journaliste.

Bien évidemment que le héros du film est le grand poète québécois, mal connu, mal perçu, mort dans la fleur de l’âge, Hector de Saint-Denys Garneau, mais cela n’aurait pas été inutile pour ajouter de la valeur aux propos des intervenants que de les situer dans le contexte littéraire québécois. Et je ne parle pas des « comme je vous le disais » qui ne font pas appel à quelque chose qui a été mentionné plus tôt et qui montrent un montage bâclé.

De plus, j’aurais apprécié entendre davantage de poèmes plutôt que de regarder des plans fixes où l’eau clapote, où le vent fait bouger les feuilles… Le cinéma n’est pas un exercice de photographie que je sache. Et ce n’est pas en contemplant la nature que nous allons entrer dans le personnage ni le comprendre un peu mieux.

Bref, il y avait là de bonnes intentions, mais le résultat n’est pas à la hauteur de celles-ci. Ou alors, je le redis encore, peut-être m’attendais-je à autre chose… Mais heureusement, il reste les écrits de Saint-Denys Garneau pour me consoler de ce film.

24 mars 2011

Flat Love

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 15:32

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Il y a parfois de jolis surprises dans les festivals. Ainsi, ce délicieux film d’une quinzaine de minutes signé Andrés Sanz intitulé Flat Love.

Imaginez un musée. Imaginez un homme qui est fasciné par une toile. Regardez la toile.

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La toile est signée Roy Lichtenstein et s’intitule Girl with Ball.

Et chaque jour l’homme va aller au musée voir sa dulcinée : il est amoureux de la fille de papier, comme il l’était enfant de Tina, qui animait les pages de son album en 3D qui ne le quittait pas. Si amoureux qu’il ne pourra s’éprendre tout à fait d’une fille de chair et non de papier parce qu’elle n’est pas plate (flat, en anglais, d’où le titre du film).

Un film imaginatif, inusité. Un film tout simplement délicieux narré par Isabella Rossellini, qu’on peut voir dans le cadre du Festival international du film sur l’art présenté à Montréal.

Bien sûr?

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 13:25

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Bien sûr que le court métrage Bien sûr m’a agacée de la première à la dernière seconde. Bebête et bêtifiant, ce qui devait être clin d’œil au Plateau Mont-Royal est un film sur une réalisatrice omniprésente qui veut faire un film. Jusque là, vous me suivez? Pour le reste, prenez un bol à café pour figurer une montagne, un plateau assorti pour illustrer le Plateau Mont-Royal et faites bouger les éléments en poussant une chansonnette. Ça ne vous convainc pas? Moi non plus.

Le court métrage est présenté dans le cadre du Festival international du film sur l’art à Montréal.

22 mars 2011

La brique Lego

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 14:12

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En 26 minutes, vous saurez tout, mais vraiment tout sur la brique Lego grâce à Anna-Célia Kendall, laquelle s’est employée à nous dresser la petite histoire de cette brique qui a connu un succès international. Un petit film qui fait sourire, bien documenté et duquel on sort avec l’envie de retrouver un peu de son enfance. Il est donc préférable d’avoir encore sous la main quelques briques pour prolonger le plaisir! Surtout qu’avec six briques, il y a 900 millions de combinaisons à essayer!

Le court métrage La brique Lego est présenté dans le cadre du Festival du film sur l’art qui se tient à Montréal jusqu’au 27 mars.

21 mars 2011

Dans l’atelier de Mondrian

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 14:44

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© Michel Seuphor, 1929

Mon intérêt pour le peintre néerlandais Piet Mondrian ne date pas d’hier, comme le prouve ce billet. J’étais donc au rendez-vous vendredi dernier pour la première représentation du film de François Lévy-Kuentz intitulé Dans l’atelier de Mondrian, en compétition au Festival international du film sur l’art. Un film qui, en 52 minutes, nous offre un docu-fiction où le peintre est interprété par un acteur, lequel évolue dans ses ateliers de Paris et de New York, reconstitués pour les besoins du film, tandis que documents d’archives et entrevues avec quelques témoins viennent souligner des traits de personnalité de Mondrian et son travail.

Dans l’atelier de Mondrian est un film éclairant sur l’œuvre d’un peintre mal apprécié de son vivant, beaucoup plus reconnu et salué bien des années après son décès alors qu’Yves Saint-Laurent le mettait à l’honneur dans une collection qui a été marquante dans sa carrière de couturier. On y trouve un Mondrian étonnant, épris de jazz, que le réalisateur s’est plu à faire danser sur cette musique tout en peignant ou en agençant les modules de son studio afin de préparer ses toiles.

Tout amateur de Mondrian y trouvera son compte de même que quiconque qui connaît peu cet artiste, et tous, les uns comme les autres, ne pourront plus regarder ses rectangles de couleur de la même façon après ce film qui est une totale réussite.

17 février 2011

Le discours de George VI

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 20:13

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Le film Le discours du roi (The King’s Speech) mettant en vedette Colin Firth dans le rôle du roi George VI a déjà tellement fait parler de lui qu’il est presque inutile de le résumer. Je ne le ferai donc pas, vous invitant plutôt à jeter un œil sur la bande-annonce si d’aventure l’information n’est pas arrivée jusqu’à vous.

Du roi George VI, je sais si peu. Sinon que lorsqu’il est venu en visite au Canada en 1939 avant la déclaration de la guerre, ma mère était sur les épaules de mon grand-père pour ne rien rater du carrosse royal et de ses occupants. Et qu’il était le frère du duc de Windsor dont mon grand-père conservait un souvenir impérissable parce qu’il avait visité incognito les troupes canadiennes lors de la Première guerre mondiale et qu’il avait eu un bon mot pour chacun de ces engagés qui avait franchi l’Atlantique au nom de la couronne britannique. Si peu. Pratiquement rien.

Et grâce au film réalisé par Tom Hopper, c’est l’homme et non pas uniquement le roi que j’ai découvert, ou du moins un pan de son existence. Avec bonheur. Car il s’agit là d’un beau film, plein de tendresse, mettant en vedette un homme qui a rendez-vous avec son destin, c’est-à-dire l’Histoire, malgré un handicap important pour le rôle qu’il doit tenir. Oui, un beau film, qui fait sourire et parfois même verser quelques larmes.

Mon seul regret : ne pas l’avoir vu en version originale. En effet, j’ai raté l’accent australien du professeur du roi. Mais j’ai passé un très agréable moment. Et je salue bien bas Colin Firth : il est fabuleux dans le rôle de George VI.

3 février 2011

Il faut parfois plus que de bonnes intentions pour faire un film

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 19:02

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Le parti pris de tout montrer a nui à la réalisatrice Roselyne Bosch. Tel est mon avis quelques jours après voir vu La rafle au cinéma. Non pas que ce soit un mauvais film, ni qu’il n’offre pas certaines scènes émouvantes. Mais dans sa volonté de tout montrer, les bons (quelques familles juives, une concierge exceptionnelle, un médecin, les pompiers, une infirmière dévouée) comme les méchants (une boulangère antisémite, Hitler, Pierre Laval, René Bousquet), Roselyne Bosch en a trop fait. Et il est bien connu que le cinéma n’est pas fait que de bonnes intentions.

Et pourtant, c’est un sujet qui m’intéresse, un sujet que je pense connaître un peu, mais qui, dès les premières scènes dans un Paris de carton pâte (entendez par là studio), m’a agacée par son traitement superficiel. On est loin d’Au revoir les enfants, du Pianiste, de La vie est belle et des Guichets du Louvre, ce dernier portant aussi sur la rafle du Vélodrome d’hiver. Bien loin.

Et pourtant, j’aurais voulu apprendre quelque chose, que soient éclairés des moments encore jamais ou peu traités. Mais Roselyne Bosch est restée à la surface des choses dès le départ en faisant apparaître un ecclésiastique arborant l’étoile jaune sur laquelle on peut lire l’inscription Ami des Juifs, détail qui ne sera jamais évoqué et que la plupart des gens n’ont même pas remarqué. Par contre, certains, dont je suis, ont été fort étonnés de voir une infirmière à l’article de la mort enfourcher une bicyclette et rouler des kilomètres sans s’effondrer tandis que d’autres l’étaient devant ces fichiers remplis de noms alors que nulle part n’est mentionnée l’obligation pour les Juifs de s’inscrire comme tels. Au spectateur de combler les « oublis » s’il a eu la chance de lire un peu sur le sujet.

Et pourtant, j’aurais tant voulu que toutes les recherches faites par la réalisatrice nous donnent autre chose que ce film plutôt ordinaire malgré quelques scènes poignantes.

Mais une fois de plus, je dirai : Qui trop embrasse mal étreint.

22 octobre 2010

Un film à voir, absolument

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 15:32

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Émouvant, poignant, déchirant, les adjectifs sont nombreux pour décrire le plus récent film de Denis Villeneuve, Incendies. Et comment pourrait-il en être autrement quand il s’agit de retrouver le passé d’une mère récemment disparue dont les deux enfants, Simon et Jeanne, des jumeaux, n’ont jamais su ce qu’elle avait vécu avant de s’installer au Canada?

C’est donc cette quête, inspirée par la pièce Littoral du dramaturge Wouajdi Mouawad, que propose le réalisateur, une quête qui va les mener au Moyen-Orient avec peu de pistes en main, sinon un vieux passeport et une photo de jeunesse de leur mère. Les découvertes que Jeanne fera, seule, parce que Simon ne viendra la rejoindre que plus tard, accompagné du notaire et patron de leur mère, la laisseront effondrée. On ne remonte pas facilement le cours du temps dans un pays qui a vécu la guerre. On ne transgresse pas aisément le silence de ceux qui veulent se taire.

Pas à pas, égrenant un passé lointain où s’entremêlent le présent et un passé encore récent, les jumeaux vont, en plus d’apprendre qui a été leur mère, quelles ont été ses souffrances, ses guerres, sa propre quête, en apprendre eux aussi sur eux-mêmes.

Ils ne seront plus jamais les mêmes. Leur mère, en mourant, et en leur demandant de marcher sur ses pas au pays de ses racines, leur a aussi donné un père et un frère dont ils ne savaient rien.

Émouvant, poignant, déchirant, ce ne sont là que quelques qualificatifs peut-être tièdes devant lesquels on devrait ajouter un « très » pour rendre justice à ce travail remarquable qu’est le film Incendies. Récipiendaire du Prix du meilleur film au prestigieux Festival des films de Toronto, le film a aussi reçu le Prix du meilleur film canadien du 30e Festival de Halifax ainsi que le Prix du public de la ville de Namur décerné lors du 25e Festival international du film francophone, et représentera le Canada lors de la prochaine course aux Oscars. Ce n’est là que le début d’une longue histoire pour ce film qui devrait être traduit dans plusieurs langues. À voir. Absolument.

27 août 2010

Le concert ou le rêve fou d’un homme

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 20:43

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J’aime les histoires et de plus les histoires qui finissent bien, n’en déplaise aux critiques mal lunés qui boudent leur plaisir et ne se laissent pas prendre au jeu de ce qu’on veut bien leur raconter. Et tant pis pour eux s’ils estiment que Le concert du réalisateur français d’origine roumaine Radu Mihaileanu est à leurs yeux bourré de clichés et pétri de bons sentiments. En ce qui me concerne, j’ai aimé chacune des minutes de ce film qui met en scène un chef d’orchestre déchu de ses fonctions sous Brejnev parce qu’il a refusé de se séparer de ses musiciens d’origine juive et qui est devenu homme de ménage. Cet homme qui a l’intention de rebâtir son orchestre et de jouer devant le tout-Paris le concerto pour piano et orchestre opus 35 de Tchaïkovski parce qu’il a mis la main sur une télécopie invitant l’orchestre moscovite qu’il ne dirige plus à remplacer un orchestre qui s’est désisté au dernier moment.

Rêve ambitieux, fou, à peine réalisable, mais auquel tout spectateur aimant les histoires qui finissent bien voudra croire et qui pour cela suivra les péripéties de ce périple le cœur battant, partagé entre le rire provoqué par le côté cocasse de certaines situations et les larmes face à d’autres chargées d’émotion.

Oui, tant pis pour eux. Ils ont raté un film qu’on n’oublie pas mettant en scène des personnages qu’on risque aussi de ne pas oublier.

17 août 2010

Quand Carlos Saura s’intéresse au fado

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 19:16

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Ceux qui ont un jour lu ce billet ont une bonne idée de ce qu’est le fado. Et même, de ce que sont « les » fados. Car il n’y en a pas qu’un seul et à l’heure où le fado se trouvera bientôt inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco, Fados, le film de Carlos Saura — à qui on doit, entre autres, les magnifiques Noces de sang et Cria Cuervos — qui est actuellement présenté en salle à Montréal, éclaire lui aussi avec un ton qui lui est propre, proche du documentaire et de la création et loin de la fiction tous les volets de cet art auquel je suis si sensible.

De tableau en tableau, Saura revisite en danse et en musique les formes comme les artistes et les titres incontournables. Avec cette sorte de magie dont il a le secret et qui donne à tout ce qu’il regarde une beauté émouvante.

Un film qu’il me faudra revoir un jour et auquel je ne ferai qu’un seul reproche, celui de ne pas mentionner hors générique les noms des interprètes dont on reconnaît certains mais pas tous, notamment Mariza, Camané, Lura, Carlos do Carme et bien sûr Amália Rodrigues.

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