Les vers de Baudelaire 4
Je l’ai regardée lire. La lectrice peinte par Pamela Chatteron-Purdy se laissait imprégner par les mots de Baudelaire. Les fleurs du mal allaient laisser des traces sur elle, je le sentais. Ce n’est que quand elle a été partie que j’ai pu lire ce qu’elle avait choisi :
Le parfum
Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d’encens qui remplit une église,
Ou d’un sachet le musc invétéré?
Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré!
Ainsi l’amant sur un corps adoré
Du souvenir cueille la fleur exquise.
De ses cheveux élastiques et lourds,
Vivant sachet, encensoir de l’alcôve,
Une senteur montait, sauvage et fauve,
Et des habits, mousseline ou velours,
Tout imprégnés de sa jeunesse pure,
Se dégageait un parfum de fourrure.