Lali

16 décembre 2005

À lire entre Paris et Bruxelles

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:29

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Et si tout se jouait dans un train entre Paris et Bruxelles ? C’est ce que propose Jacqueline Harpman dans L’orage rompu, roman court qui se lit sûrement le temps de ce même trajet.

Un homme, une femme. Des bribes de leur histoire à chacun, livrés à l’autre, sans fioriture, tels quels. Un repas, une bouteille de vin partagée, une presque histoire qui débute. Mais la retenue.
Le roman d’Harpman, savant mélange de pudeur et d’impudeur, de vérités et de faux semblants, de rêves qui croisent le réel, est un de ceux qui m’ont le plus touchée de cette auteure avec Moi qui n’ai pas connu les hommes, dans lequel elle dresse le portrait d’une société de femmes libérées après des années de captivité et qui se retrouvent dans un monde où elles sont les seules survivantes.

Il y a souvent dans les romans de Jacqueline Harpman, l’idée de la survie. L’orage rompu n’y échappe pas. Elle, comme lui, ont à voir avec leur propre survie; celle de la femme dans un passé récent, celle de l’homme dans un avenir qu’on devine proche.

Je sors de ce roman quelque peu troublée.
Je m’y suis parfois sentie intruse, mais jamais de trop.
La psychanalyste sait s’effacer derrière la romancière afin de ne pas guider ses personnages, mais bien de les laisser vivre.
Moment de pur plaisir littéraire.

Première vraie neige

Filed under: États d'âme — Lali @ 13:51

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Ce ne sont pas les centimètres, à coups de deux ou trois, qui font l’hiver. Ce sont les vraies tempêtes, celles qui durent des heures et des heures et qui laissent villes comme campagne ensevelies, qui marquent la véritable arrivée de l’hiver. Cette année, l’hiver est arrivé aujourd’hui, le 16 décembre.

Je reste toujours émue par la magie de la neige quand l’hiver commence.
Je revois les bonhommes de neige que nous faisions ma sœur et moi avec les enfants du voisinage. Je revois Milkie, ma chienne, une samoyède, qui tirait la traîne sauvage avec les courses dessus et qu’il fallait retenir pour qu’elle ne s’emballe pas, à la manière d’un cheval rétif. Je revois les tasses de chocolat chaud qui nous attendaient, quand on rentrait les joues rougies et les mitaines trempées. Je revois aussi les ballades avec ma filleule, que je devais forcer à sortir, car elle préférait bricoler bien au chaud. Je revois les balles de neige dans la cour d’école. Je revois tout cela et il m’est moins pénible de me trouver à l’intérieur alors que la neige tombe à gros flocons.

C’est quand l’hiver tarde à se terminer qu’on l’apprécie moins, surtout s’il fait très froid. Ce n’est vraiment pas la neige qui nous désole, sauf si on a une voiture, mais ce n’est plus mon cas. Car devant la neige qui tombe, nous sommes tous des enfants ébahis.

Les jours de tempêtes, tout le monde devrait avoir congé. Nous serions tous dehors à jouer dans la neige, quel party!!

15 décembre 2005

Truffaut, l’homme qui aimait les femmes

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 23:51

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Chacun des films de Truffaut m’a marquée à divers titres et pour différentes raisons. Dans chacun, plus que l’anecdote, voire les personnages, c’est le regard du cinéaste qui m’a touchée, émue, bouleversée. Qu’il traite de l’enfance, dans L’argent de poche, de relations amoureuses, dans Domicile conjugal ou Jules et Jim, de septième art, dans La nuit américaine, ou de passion dans La femme d’à côté ou L’histoire d’Adèle H., c’est le regard de Truffaut qui me fascine.

Il possédait cette intelligence du cœur qui laisse de la place à ceux qui visionnent ses films. Des éléments tus, des silences, de l’espace. Et une histoire, et des dialogues, et des moments, des scènes.

Dans L’homme qui aimait les femmes, avec Charles Denner criant de vérité, il livre une partie de lui-même, je crois, car il lui fallait beaucoup aimer les femmes pour leur donner de si beaux rôles. Les Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Fanny Ardant et autres ont défilé. Chacune brillante. Et lui les laissait vivre, entrer dans le personnage, donnant quelques pistes.

Autant les actrices ont passé dans ses films, autant les femmes ont passé dans la vie du héros incarné par Denner. Si bien que, le jour de ses funérailles, il n’y a que des femmes au cimetière.

J’imagine bien quelques hommes qui sont passés dans ma vie dans une telle scène. Non pas celui avec qui j’ai vécu, qui était en rogne contre les femmes en général et ne les aimait pas, mais d’autres. L’homme de mes vingt ans qui sait encore trouver les mots pour me faire rougir. D’autres qui m’ont désirée à des années d’écart, d’autres pour qui je suis restée un rêve, d’autres que j’ai inspirés.

Je préfère les hommes qui aiment les femmes. Je préfère ceux qui apprécient leur intelligence. Je préfère ceux qui savent les mots pour les séduire. Et maintenant, jusqu’à quel point suis-je une femme qui aime les hommes? Ou alors une femme qui aime les hommes qui aiment les femmes?
Voilà la question.

La saison des cadeaux ou la saison des achats?

Filed under: Revendications et autres constats — Lali @ 17:24

cadeaux

Nous voici en pleine saison des cadeaux.
Non pas ces cadeaux qu’on offre pour rien, avec le cœur, sans occasion autre que l’envie d’en offrir. Non pas ces cadeaux bêtes et qui ne coûtent rien. Non pas ces cadeaux qui font autant plaisir à donner qu’à recevoir, qui sont choisis avec soin, concoctés en douce, tramés minutieusement.
Non, pas ces cadeaux-là.

Nous sommes en pleine saison des cadeaux obligatoires. Des cadeaux demandés. Des cadeaux qu’on achète. Des cadeaux planifiés, des cadeaux attendus. Des cadeaux in, il va de soi. Des cadeaux qui coûtent cher, préférablement. Des cadeaux qu’on montrera, pour épater la galerie.

Or, je refuse de jouer le jeu. De participer à des échanges de cadeaux entre employés, par exemple. De donner à tous les membres de mon entourage immédiat ou plus éloigné. De dilapider une semaine de salaire pour des cadeaux.
Je m’y oppose vertement.

Je donne au moment où j’en ai envie, point.
Non, je ne ferai pas des Fêtes de fin d’année l’occasion de choix pour faire plaisir. Non merci. Je me refuse à tout cela.

Que les uns et les autres fassent ce qu’ils veulent. C’est leur affaire.
Je les laisse se débrouiller avec leurs listes. Courir dans le cohue pour trouver le must demandé. Dépenser plus que le budget prévu.
Je leur laisse l’opération emballage de cadeaux.
Je leur laisse tout ça. Sans regret.

14 décembre 2005

Dinant, il était une fois

Filed under: Mes histoires belges — Lali @ 23:41

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Est-ce là, exactement là, que quelque chose est né?
Je remonte le temps, vais jusqu’au 15 juillet, jour du périple à Dinant.
Vers ce paysage qui s’étalait devant nous.
Il y avait là un corsaire et moi, et derrière nous, Nathalie qui prenait la photo sans que nous le sachions.

Et puis, les semaines ont passé.
Des semaines de douce complicité.
Des semaines à être présents l’un pour l’autre.

Puis, l’amour s’est perdu en mer.
Ce ne sera ni le premier, ni le dernier à qui ça arrivera.

Mais quand la parenthèse se referme, comment garder intacte l’amitié naissante de ce jour-là, précisément, qui ne portait pas encore d’autre nom?
C’est ce que je cherche à lire en entrant dans la photo. Souhaitant qu’elle sache me guider à retrouver le cœur ami dans l’homme généreux de ce vendredi de juillet, cet homme qui se tient au bord de ma vie, et qui, semble-t-il, n’ose plus m’aborder. Alors que nous avons sûrement encore beaucoup à partager, dans un autre registre.

Gourmande de gaufres

Filed under: Le plaisir des papilles — Lali @ 18:49

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J’avais toujours aimé les gaufres. Nappées de sirop d’érable. Sous un coulis de chocolat. Avec de la crème fouettée et des bananes. Accompagnées de fruits frais, bleuets comme fraises. Bref, depuis toujours, j’aimais les gaufres.

Mais je ne savais pas qu’il existait autant de variétés ! Et qu’il me faudrait retourner outre Atlantique pour toutes les goûter !
Rien que d’évoquer cette idée, mes papilles gustatives se mettent à palpiter. Elles ont en mémoire une gaufre dégustée près de la Grand’Place, une gaufre qui dégouline et laisse les doigts collés à lécher, pour ne pas perdre une seule goutte !

Quel bonheur que cette gaufre couverte de chocolat et de Chantilly ! Une gaufre de Bruxelles, celle-là. Pur délice !

Mais qu’en est-il de la gaufre de Namur ? De celle de Verviers ? De la gaufrette liégeoise ou de la gaufre de foire ? De la gaufre chaude flamande et de la gaufre fine de Herve ? De la gaufrette wallonne et de la gaufre du Perron ? De la gaufre à la bière et de celle de Toussaint ?

Ma gourmandise risque de m’entraîner au pays des gaufres, je crois bien.
À moins que je ne me mette à la fabrication de gaufres ? Ou que je trouve à Montréal quelqu’un qui sache me les faire toutes ?

Merci Thérèse

Filed under: États d'âme — Lali @ 10:25

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Thérèse Renaud n’est plus.

Femme de passion et d’engagement, compagne de Fernand Leduc, signataire du Refus global, poète, mère, comédienne, journaliste, elle fut tout cela. Et surtout, je crois, une amoureuse de la vie.
Notre première rencontre a eu lieu lors de la parution d’un recueil de poèmes. Il y a presque vingt ans, sûrement. Puis, nous avons correspondu. Il y avait un sourire dans les mots qu’elle écrivait. Il y avait un sourire dans tout ce quelle faisait.

Je me souviens surtout d’un souper, en 1989. Dans leur appartement, près de la Bastille. La table installée sur des tréteaux. Thérèse, pieds nus. Les invités qui se sont désisté. Et moi, qu’on n’a pas pu rejoindre, car je me promenais dans mon Paris tant aimé. Alors, je fus ce soir-là la seule nvitée.

Je me souviens qu’il y avait de la salade et du vin. Des toiles, çà et là, par terre, partout où le regard se posait.
Thérèse et Fernand se racontaient. Me parlaient de leur fille. De création. De Paris. De leur vie. Simplement. Me posaient des questions. Et la vie passait sur nous. Le brouhaha de la rue de Lappe ou de la place de la Bastille ne se rendait pas jusqu’à nous. Îlot protégé. Les yeux de Thérèse étincelaient. Elle aimait recevoir, laisser entrer des gens dans son univers.

J’avais conscience de partager un moment avec des gens qui faisaient partie de l’Histore. Mais là n’était pas l’essentiel.
Il était dans le partage et l’amitié.

13 décembre 2005

Peut-on vendre son âme, demande Francis Dannemark

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 17:19

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Il s’agit ici d’un écrivain qui ne possède plus rien qui le raccroche à son avenir. Ou alors ce roman qu’il a terminé et qu’il doit apporter à son éditeur. De l’une à l’autre, d’appartement en maison, il végète, insatisfait de la vie qu’il mène. Jamais tout à faire heureux ailleurs, jamais vraiment bien avec aucune.

Il s’agit ici d’un écrivain qui vient d’écrire un roman – qui ne vendra pas des milliers d’exemplaires – à qui une femme décide de payer le prix fort pour qu’elle devienne la propriétaire du seul exemplaire de ce roman qui ne paraîtrait jamais. Lui, qui est toujours fauché, acceptera-t-il ce marché ? Voilà la question que pose Francis Dannemark dans Qu’il pleuve, petite plaquette si on en regarde l’emballage, mais autrement dense et philosophique quand on voit à quel casse-tête se voit confronté le héros.

Francis Dannemark, Bruxellois, poète et romancier, directeur de collection au Castor Astral, nous donne avec ce roman un jeu de la tentation habile et mené avec adresse. Séduction garantie.

J’avais rêvé des grottes

Filed under: Mes histoires belges — Lali @ 15:21

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Je porte rarement un pantalon. Je préfère de loin les robes et les jupes. Mais le froid d’aujourd’hui m’oblige à le faire. J’ai donc ressorti le noir que je portais un soir d’octobre et celui de Remouchamps, car pour visiter des caves, il vaut mieux s’habiller en conséquence !

J’avais rêvé des grottes. J’avais lu tout ce qui les concernait. Qu’elles étaient habitées il y a 8000 ans par des chasseurs. Que la rivière souterraine s’appelle le Rubicon. Qu’on va d’abord à pied, pendant un kilomètre, entre stalactites et stalagmites, pour entrer dans les profondeurs de la terre et revenir en bateau. Que cette promenade sur la rivière constitue l’un des navigations souterraines les plus longues au monde. Qu’une des salles s’appelle la cathédrale.

Me restait à les voir de près, à descendre dans le sous-sol et à me laisser éblouir par les couleurs. Car des verts et des bleus comme il m’en a été donné l’occasion d’en voir à Remouchamps, je n’en ai pas vu souvent d’aussi spectaculaires. Et aucune photo prise dans les grottes n’arrive à aller chercher ces couleurs, hélas.

Elles resteront donc dans ma tête. Comme resteront aussi gravées d’autres images de cette journée en compagnie de Jocelyne. Nos fous rires, le café à une terrasse, elle qui achète des dinosaures en plastique pour ses petits-fils, ma chute dans l’escalier et elle toute inquiète alors que je ris de mon étourderie.

Je crois que c’est cette journée-là que Jocelyne m’a parlé de sa grand-mère, libraire, qui tenait boutique à Spa. De son amour pour les livres, qui lui est venu d’elle. Du fait qu’elle aime les gens qui aiment les livres.

Chaque fois que nous nous écrivons ou que nous clavardons, nous parlons de nos lectures. Pour elle comme pour moi, les livres, c’est la porte ouverte aux voyages, à l’histoire et à la découverte.

Il fallait une lectrice avec moi pour que Remouchamps ait davantage de charme, une lectrice qui avait elle aussi tout dévoré sur les grottes, pour partager ma passion. Il fallait dans mes amis belges quelqu’un qui aime les livres autant que je les aime.

12 décembre 2005

Loulou forever

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 21:32

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Conservatoire d’art cinématrophique, Université Concordia, automne 1985, festival Louise Brooks.
Le classique Loulou de Pabst (1929), pour la énième fois, et d’autres films, moins importants dans lesquels elle a tenu de petits rôles, comme A girl in every port.

Mais surtout ce vieux monsieur venu nous parler d’elle, décédée au mois d’août précédent, qu’il a connue à l’aube de ses 20 ans, alors que l’ex-danseuse et ex-star du cinéma muet habitait le même immeuble que lui à New York. C’était l’époque où elle exerçait divers métiers, en radio et en publicité. C’était l’époque d’avant Rochester où elle a fini sa vie, loin de tous, dans sa solitude choisie, après avoir écrit sur le cinéma.

Le vieil homme avait les larmes aux yeux quand il parlait de Louise Brooks. Il avait sûrement aimé en secret cette femme de quinze ans son aînée. Elle avait été sa muse, son inspiration. Il n’a pas eu à le dire, car rarement ai-je vu des épaules affaissées se relever autant, exceptionnellement ai-je vu des yeux teintés de gris devenir aussi bleus.
La passion animait le vieil homme.
Visiblement, il était perdu sans celle qui avait illuminé sa vie.

La projection terminée, alors qu’il ouvrait son parapluie, livré à lui-même, je suis allée vers lui. « Thank you » ont été les seuls mots que j’ai pu lui dire. Il n’en fallait pas plus, je l’ai vu dans son regard.

Louise Brooks, la brillante interprète de Loulou, serait à jamais une inspiration pour lui. Comme elle l’est pour moi depuis vingt ans, alors que se tisse un roman autour d’elle que je ne parviens pas à terminer. Et qui restera peut-être inachevé, je ne sais pas.

Je sais d’elle tout ce que j’ai lu au fil des ans. Son non-conformisme, son esprit libertaire, son indépendance, sa fidélité envers ses amis. Je sais d’elle sa passion pour les mots et pour la vie.

Louise Brooks n’est pas une étoile filante, mais une de celles qui brillent dans mon firmament.

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