À lire entre Paris et Bruxelles
Et si tout se jouait dans un train entre Paris et Bruxelles ? C’est ce que propose Jacqueline Harpman dans L’orage rompu, roman court qui se lit sûrement le temps de ce même trajet.
Un homme, une femme. Des bribes de leur histoire à chacun, livrés à l’autre, sans fioriture, tels quels. Un repas, une bouteille de vin partagée, une presque histoire qui débute. Mais la retenue.
Le roman d’Harpman, savant mélange de pudeur et d’impudeur, de vérités et de faux semblants, de rêves qui croisent le réel, est un de ceux qui m’ont le plus touchée de cette auteure avec Moi qui n’ai pas connu les hommes, dans lequel elle dresse le portrait d’une société de femmes libérées après des années de captivité et qui se retrouvent dans un monde où elles sont les seules survivantes.
Il y a souvent dans les romans de Jacqueline Harpman, l’idée de la survie. L’orage rompu n’y échappe pas. Elle, comme lui, ont à voir avec leur propre survie; celle de la femme dans un passé récent, celle de l’homme dans un avenir qu’on devine proche.
Je sors de ce roman quelque peu troublée.
Je m’y suis parfois sentie intruse, mais jamais de trop.
La psychanalyste sait s’effacer derrière la romancière afin de ne pas guider ses personnages, mais bien de les laisser vivre.
Moment de pur plaisir littéraire.