Lali

10 août 2008

En vos mots 70

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

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Quel est donc ce billet que tient à la main le lecteur peint par Kay Crain? Que signifie les yeux brillants de celle qui l’accompagne? Ce n’est pas à moi de le dire, mais à vous, comme chaque dimanche, alors que j’accroche une toile que je laisse à vos soins pour une semaine. Pour que vous la racontiez en vos mots, pour que vous la fassiez vivre, pour que vous laissiez votre imagination vagabonder. Sans règles, comme toujours.

Ce n’est que dimanche prochain que nous saurons ce que peut bien contenir ce billet, à l’heure où je validerai tous les commentaires d’un seul coup. Comme je viens de valider les commentaires de la toile de la semaine dernière, que je vous invite à lire.

D’ici là, bonne semaine à tous!

4 commentaires »

  1. WE THE PEOPLE

    -Attends, ce n’est pas fini ….
    Ivan reprit sa lecture sous le regard attendri d’Héléna. Il dégustait sa lettre avec lenteur, soupesait chaque syllabe, chaque virgule, polissant les mots de son sourire léger et gourmand. Sa bouche rose mangeait les phrases, croquait verbes et adjectifs, –ces adjectifs dont aucun ne semblait assez fort pour exprimer sa joie. Sur la table, ses doigts faisaient rouler dans sa main gauche une canette de bière allongée. Pelforth brune. Dans l’autre main il tenait la lettre. L’homme et le rectangle de papier ne faisaient qu’un et cette belle unité avait pour nom : bonheur. Un bonheur en 21×29,7 qu’elle buvait dans ses yeux. Oh, Ivan, Ivan….
    -En vertu du quatorzième amendement de la constitution…
    -Oui, continue…
    -Je vous déclare…
    -Encore, encore !
    -Je vous déclare solennellement…
    -Veux-tu me faire mourir ?
    -Citoyen des Etats Unis d’Amérique ! Tu te rends compte ? Américain. Je suis A-mé-ri-cain !
    Ce nom roulait dans sa bouche comme du minerai. Un minerai blanc, aveuglant, aux arêtes vives, brut de carrière mais riche de promesses.
    -Héléna…Veux-tu devenir ma femme ?
    -Si je veux ? Ivan, Ivan….
    Oubliant le ballet des serveurs autour d’eux, il la saisit par l’épaule et pareil à des milliers d’amoureux, il l’embrassa. Comme au premier matin du monde. Elle retint ses larmes, semblable à des milliers d’amoureuses, confondue par la sauvagerie de l’instant, cette aube d’amour où tout commence et s’achève en même temps.
    -Oui, je le veux. Oui,Ivan. Oui, mon amour….

    Comment by Vésuvio — 11 août 2008 @ 16:30

  2. LE PETIT POÈME

    Te souviens-tu mon beau Fernand
    Tu m’avais écrit un poème
    Avec des rimes et des « je t’aime »,
    Te souviens-tu? Çà fait vingt ans!

    Je l’ai trouvé sous mes jupons
    Dans le tiroir du chiffonnier,
    Un petit morceau de papier
    Rempli de belles illusions.

    Lis-le moi à voix haute je t’en prie
    Pour me rappeler le souvenir
    De ta voix qui dans un soupir
    Me redonnait goût à la vie.

    On se retrouve après vingt ans
    Pour dire adieu à notre amour,
    Pourtant il est écrit: « TOUJOURS »
    Sur ce poème, mon beau Fernand!

    Flairjoy

    Comment by Flairjoy — 12 août 2008 @ 19:21

  3. C’est d’abord le sourire de la jeune femme qui a attiré mon attention.

    Dans cet énorme hall de cette société froide où les gens semblent avoir une grande souffrance à vous saluer d’un bonjour courtois et amical, où même la plupart des sourires qu’on m’adresse chaque matin semblent gênés de me croiser, faut dire qu’un sourire radieux a l’effet d’un morceau de verre au soleil.

    Son visage ne me disait rien et pourtant il me semblait reconnaître des traits amicaux et familiers. Je lui ai souri par politesse. Peut-être par étonnement. Je ne sais plus.

    En chemin vers l’ascenseur, j’ai entendu une suave voix de femme : Marc?…

    Je me suis retourné. C’était la belle dame au sourire chaleureux.

    -Je vous connais?… ai-je dit, un semblant inquisiteur.

    -Oh Marc, quel bonheur de te revoir. On se demandait tout ce temps ce que tu étais devenu.

    Sa main s’était accrochée à mon bras et son regard s’était rempli d’émotion.

    -Je suis désolé mais…

    -Sylvie… Tu ne te souviens pas?… On était inséparables… On était des frères!

    J’ai eu le sentiment que la terre soudain s’était mise à trembler sous mes pieds.

    -Mon Dieu Sylvie, mon Dieu, mon Dieu…

    Nous nous sommes enlacés tellement fort dans ce hall en marbre reluisant que nous avions l’allure de deux statues vivantes parmi une foule aussi lisse et froide que le marbre.

    Les yeux remplis d’émotion à mon tour, j’ai caressé ce visage qui me ramenait, sans transition, à mes meilleurs souvenirs d’enfance.

    Je ne sais pas de combien de temps les aiguilles dorées de la grande montre ont galopé, mais tout cela, le temps, les gens qui semblaient si étonnés de nous voir enlacés, dans ce hall chic et sans âme, tout cela n’avait pas d’importance. Le monde entier était concentré dans ce regard ému que je n’arrivais pas à quitter.

    Sylvie me ramenait au décès de mes parents dans le tragique accident de voiture. Sylvie me transportait à cette famille d’accueil qui était la sienne et qui m’avait accueilli comme leur enfant. Sylvie me ramenait à cette douce tendresse d’une sœur qui un jour décide de prendre soin de vous en négligeant ses plus belles poupées. Sylvie me ramenait à celle qui se couchait à mes côtés pour me caresser pendant que mes larmes déchiraient ma solitude orpheline, malgré qu’elle était cinq ans plus jeune que moi. Sylvie me ramenait à Sylvie. Sylvie, c’était mon ange. Ma seule famille. Tout ce que j’avais vraiment aimé dans mon enfance. La seule pensée de son nom m’enivrait dans la certitude qu’un jour j’avais aimé et que j’avais été aimé.

    Je lui ai proposé qu’on aille prendre quelque chose au lieu de reste plantés là, comme ça. Enfin, quand je qui lui ai proposé, je veux dire que je la conduisais déjà en en direction du Régent, un café en face de la société, avant qu’elle ne me réponde.

    J’ai appelé Marta pour la prévenir de mon retard.

    -Monsieur votre rendez-vous de 9 heures…

    -Faites-le attendre Marta, j’ai un imprévu, j’arrive…

    -Tu ne vas pas avoir d’ennuis, j’espère?

    Je ne crois pas, je lui ai répondu en souriant. Vraiment je ne crois pas. Du tout.

    Je crois que Sylvie ne s’est pas de tout aperçue de mon sourire sournoisement ironique.

    Sylvie avait un débit impressionnant de mots, comme une chute d’eau limpide et pure, au printemps, quand la neige accumulée depuis de longs mois se met à fondre lorsque qu’elle rencontre les premiers doux rayons du soleil.

    Sylvie m’a dit que son père avait regretté toute sa vie notre dernière discussion. Qu’il ne s’était jamais pardonné de m’avoir traité de bâtard ingrat. Que le lendemain matin, quand il s’est aperçu que j’étais parti, il a pleuré. Pour la première fois dans sa vie. Et que depuis lors il avait pleuré souvent.

    Je buvais ses mots tout en faisant un effort pour ne pas me laisser emporter par l’émotion. J’ai aimé tellement son père. Je ne le lui jamais dit. L’orgueil de la jeunesse nous rend si souvent stupide.

    Sylvie n’arrêtait pas de parler. Elle voulait ne plus me perdre.

    -Sais-tu que mes enfants ont hâte de connaître leur oncle?

    -Tes enfants?…

    -Oui je me suis mariée et j’ai deux beaux enfants, Margaux et Noémie. 5 et 7 ans. Et elles savent qu’elles ont un oncle quelque part et je leur ai promis de le ramener un jour les voir. Tu vas être obligé de m’aider a ne pas passer pour une menteuse auprès de mes deux filles. Tu vois, ce sont elles sur la photo. Ne sont-elles pas belles?

    J’étais perdu. Depuis longtemps que je ne m’étais pas attardé sur un peu de chaleur humaine. La vie était dure pour moi. Ou l’inverse. Je ne sais pas.

    -Bien sûr que je ne voudrais pas te perdre de vue non plus et puis je voudrais tant embrasser ta maman.

    -TA maman aussi je te signale, puisque pour elle tu es resté son enfant. Aussi. C’est ainsi qu’elle parle de toi. À tout le monde. Même à mes filles. Elle va être folle de joie quand elle saura qu’on s’est rencontrés. Depuis tant et tant de temps que tu nous manques. Si tu le savais.

    II

    – Et qu’est-ce que tu faisais là?… Dans le hall de la Tambourine musicale Ltd.?… Tu bosses là?

    – Oui, enfin, ça dépend ce que tu appelles bosser… Mais sérieusement et pour te dire vrai je bosse comme un fou. Je crois que je n’ai jamais fait autre chose que cela. Bosser. Pour tout oublier. Toujours tout oublier. Et toi, que fais-tu là?

    -J’ai répondu a une annonce et je viens pour passer une interview.

    -Ah bon…

    -Pour une place de chef du service de comptabilité. Ils cherchent quelqu’un. Et maintenant que les filles sont en âge de survivre aux câlins de la grand-mère, il faut que je me remette au boulot. Mais après sept ans d’inactivité ça va être difficile. La concurrence est rude. Mais enfin… L’espoir fait vivre, comme on dit. Et puis je ne suis pas venue pour rien. Je t’ai trouvé mon « petit canaillou ».

    Depuis au moins 35 ans que personne ne m’avait appelé ainsi. J’étais heureux. J’avais envie de tout claquer et passer ma journée avec elle. Tout savoir d’elle. Rattraper trente ans de sa vie en une seule journée. Vraiment, je me sentais tellement heureux et confus de voir que l’amour, le vrai, ne meurt jamais. Il reprend là où vous l’avez laissé.

    -Et tu as rendez-vous avec qui?

    -Un type pas commode. Je l’ai déjà eu au téléphone et il ne m’a pas l’air très gai. Un certain Pierre Maillon, chef des Ressources Humaines. Tu connais?

    – Oui. Je le connais. Bah, il n’est pas si méchant que cela. Ne sois pas angoissée. Je parie que tu vas avoir ce poste. Haut la main.

    Soudain j’ai eu envie de lui dire ce que j’étais devenu. Il semblait que cela ne l’intéressait nullement. Me retrouver avait effacé toute curiosité. On aurait dit que pour elle la seule chose importante c’était ce garçon qu’elle avait tant aimé dans son enfance et qu’elle venait de retrouver. Juste cela. Et puis lui dire quoi? Comment?… Probablement que ce n’était pas le bon moment. Non, je crois pas que c’était le bon moment. De toute manière, elle le saurait un jour ou l’autre puisqu.on n se quitterait plus jamais. On venait de se le promettre.

    On a échangé nos téléphones et adresses avec la promesse de nous revoir très bientôt. Sylvie voulait être à l’heure à son rendez-vous. Elle tenait à faire bonne impression. C’est vrai qu’elle était d’une beauté impressionnante.

    Le goût amer des années perdues traînait dans ma gorge quand nous nous sommes promis encore une dernière fois qu’on n’allait plus se perdre.

    III

    J’avais un cœur neuf au moment où l’ascenseur me menait au 17ème étage de ce building froid et impersonnel, comme tant de buildings qu’on trouve dans l’avenue Brassât, là où l’argent fabrique l’argent, avec ce sentiment qu’il peut remplacer tout ce que nous avons un jour perdu et que nous passons notre vie entière à rêver. Une famille. Je venais de retrouver ma famille. Le mot pétillait dans ma tête comme des bulles de champagne dans un verre de cristal.

    -Bonjour Marta.

    -Monsieur votre rendez-vous de 9 heures attend depuis trois quarts d’heure…

    -Venez dans mon bureau Marta, venez…

    -C’est quoi ce sourire Monsieur?…

    -Marta, dites à Maillon de venir ici immédiatement.

    -Il reçoit des gens pour le poste de chef comptable.

    -Je sais Marta, je sais. Qu’il vienne tout de suite…

    Maillon est arrivé avec l’étonnement de qui est appelé à l’imprévu.

    -Oui Monsieur. Vous souhaitez me voir?

    -Mais enfin Maillon, appelez-moi Marc. Ça fait une dizaine des fois que je vous le demande.

    -Oui Monsieur.

    -Vous avez déjà une idée concernant votre décision pour le poste de chef comptable?

    -Non Monsieur, je suis en train de voir les derniers candidats.

    -Très bien. Très, très bien, Maillon. Je voulais vous dire qu’il a une certaine Sylvie… Sylvie…

    -De Graine, Monsieur. Sylvie De Graine, j’ai déjà lu tous les dossiers des postulants.

    -Bien Maillon, bien. Je n’en m’attendais pas moins de vous. Si vous n’avez pas d’objection, j’aimerais bien qu’elle devienne notre future chef comptable, Maillon. Cela me rendrait très heureux, Maillon. Vraiment très, très heureux.

    -Oui, Monsieur.

    -Vous en pensez quoi, Maillon?

    -Que c’est comme si c’était déjà fait, Monsieur.

    -Merci Maillon. Merci.

    Comment by Armando — 14 août 2008 @ 5:56

  4. Le repas vient de se terminer. Dorothée et Gilles ont invité une quinzaine de personnes pour fêter leurs cinq ans de mariage. Parents de part et d’autre et quelques amis. La fête fut belle et le repas délicieux.

    Après, le café, Didier, le meilleur ami de Gilles, ami de longue date fit un signe discret aux invités en les priant de se réunir dans un petit salon afin de laisser les amoureux seuls pour qu’ils puissent savourer leur cadeau. Cadeau tout à fait inattendu car Dorothée et Gilles étaient vraiment heureux d’être entourés de leurs parents et amis. Ils n’ont jamais pensé recevoir un cadeau.

    A l’apéritif, Didier a remis une enveloppe à Gilles en lui demandant de l’ouvrir lorsqu’il serait seul avec son épouse.

    Gilles s’apercevant que tout le monde s’était éclipsé sur la pointe des pieds sortit l’enveloppe.

    -Ma chérie, Didier m’a remis cette enveloppe au moment de l’apéritif et nous allons regarder maintenant ensemble son contenu.

    Gilles déplia la lettre et lu :
    Mes très chers amis, je vous prie d’accepter ce présent pour vos cinq ans de mariage. Je sais que les débuts n’ont pas été faciles pour vous. Malgré les difficultés pour joindre les deux bouts, vous avez toujours été là, vous m’avez accueilli comme un frère. Ce fut de dures années aussi bien pour vous que pour moi. Grâce à votre soutien, j’ai repris pied et maintenant que ma situation le permet, je vous offre ce voyage. Voyage tant désiré et que vous n’avez jamais pu réaliser, faute de moyens.
    Profitez bien mes amis,
    Avec toute mon affection,
    Didier

    Dans l’enveloppe, il y avait deux billets d’avion pour Vienne et séjour compris pour une semaine.

    Dorothée encore toute émue par la lecture de la lettre que son mari vient de lui faire n’en croyait pas ses yeux.

    Oh ! Gilles…dis-moi que je ne rêve pas ? Vienne ! Mais c’est magique. Non, ma chérie, tu ne rêves pas. Et tous les deux en chœur…mais quel magnifique cadeau.

    Les yeux de Dorothée étaient remplis d’étoiles et chaque étoile représentait un pas de valse… car elle se rappelle comme si c’était hier la belle chanson de Salvatore Adamo qu’elle chantait avec Gilles. Il y a cinq ans, c’était un rêve…

    Valse d’été

    Le jour vient de souffler la lune
    Les vagues s’éveillent une à une
    Et se mettent à danser au soleil retrouvé
    Dans les bras d’une valse d’été

    La mer nous tend ses bras de mousse
    Et le sable a la peau si douce
    Et c’est bon de rêver, de marcher dans le ciel
    Sur le fil d’une valse d’été

    Tournez, tournez, toi mon amour, toi mon rêve,
    C’est la valse d’été qui nous a mariés

    La nuit a surpris dans sa ronde
    Des tas d’amoureux par le monde
    Mais elle est leur amie, elle sourit et se dit
    « C’est la faute à la valse d’été »

    Une étoile est venue s’endormir dans tes yeux
    Bercée par notre valse d’été

    -Gilles, allons remercier Didier. Quel homme merveilleux. Je ne pourrais jamais oublier ce beau geste.

    Comment by Denise — 15 août 2008 @ 10:56

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