Lali

17 avril 2011

En vos mots 210

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

phillips-coles-3.jpg

C’est par une illustration de Coles Phillips que nous entamons cette cinquième année de rendez-vous dominicaux qu’est la catégorie En vos mots. Une illustration dans laquelle je me retrouve un peu puisque chaque fois que je m’adonne à l’époussetage je finis par m’installer par terre avec des livres redécouverts au hasard des tablettes, chiffon à la main. Et tant pis pour le ménage!

En nous souhaitant une année envosmotesque aussi variée, aussi riche que ces quatre ans que nous venons de passer ensemble et en espérant que la toile de ce dimanche donnera envie d’écrire aux fidèles (qui se reconnaîtront), à ceux qui reviennent après un moment et que nous sommes ravis de retrouver (je pense à Barbara) et à deux nouveaux envosmotistes, Claire et Graphène, à qui je souhaite chaudement la bienvenue.

Pour le moment, je vous souhaite un bon dimanche!

10 commentaires »

  1. Je souris…Lali,parce que c’est pareil en ce qui me concerne, l’époussetage se termine ainsi, comme l’image, comme toi!

    Comment by Christiane — 17 avril 2011 @ 17:43

  2. Les livres soupirent d’aise
    d’un souffle d’air entre leurs pages
    Le chiffon qui déplace la poussière se trémousse
    dans les lignes de vie de la fée du logis
    sur un air de Pink Martini
    La lectrice rêveuse se dit, cueillons le jour
    laissons sur l’étagère reposer la poussière
    allons voir fleurir les vers
    Il n’est plus douce chose
    que de glisser aux pays des mots…

    http://www.youtube.com/watch?v=mCd2ulKPhHU&feature=related

    Comment by Chantal — 19 avril 2011 @ 19:12

  3. TRUCS DE NETTOYAGE

    Chaussées de talons hauts,
    Vêtues d’une robe longue,
    Foulard de tête noué s’appareillant au chiffon blanc,
    Vous voilà prêtes à nettoyer de fond en comble
    Tous les recoins de votre appartement.

    Par contre un piège
    Vous fera perdre toute contenance.
    Vous vous effondrerez froissant tous vos jupons
    Et retarderez l’heure immuable de votre souper
    Pour un don juan aux mots séduisants.

    Attention mesdames, votre bibliothèque est un lieu de perdition,
    Vous y perdrez votre prestance et vos bonnes intentions!

    Flairjoy

    Comment by Flairjoy — 21 avril 2011 @ 9:04

  4. Les Compagnons d’Emmaùs viennent de me livrer le meuble vitrine que j’ai acheté trois francs six sous.
    Enfin, après l’avoir décapé, nettoyé, lessivé, ciré, je peux vider mes cartons du déménagement. Je ne suis pas la seule à être surprise de la quantité de livres que je possède. Les bras des copains n’en peuvent plus. Mais ils sont solides, eux, costauds eux ! Et que ne feraient-ils pas pour me faire plaisir !
    Je redécouvre avec plaisir ma collection de livres anciens. Tous reliés de cuir, dorure des titres, gravures et impressions anciennes. Il y a là les « Oeuvres diverses de Voltaire », la série de cinq livres des « Oeuvres de Racine » (tiens il me manque le numéro quatre. A leurs côtés je glisse le livres des « Lettres choisies de Mme de Sévigné », « Vingt ans après – les trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas. Je vais laisser ces livres sur le devant de l’étagère. Mes yeux pourront les caresser lorsque je passerai devant la vitrine. Derrière, je vais mettre l’un contre l’autre tous les livres de poésie. Je ne suis pas sûre de pouvoir installer tous mes livres…. Bon il est tard, demain samedi je vais préparer une paëlla pour remercier mes amis de leur aide. Mes yeux papillonnent, je vais essayer de lire quelques pages d’un livre pris au hasard. Mais le sommeil m’envahit et je n’ai pas envie de résister. Bonne nuit ma fille, à demain…

    Comment by LOU — 21 avril 2011 @ 17:08

  5. Pour une jeune fille de dix-sept ans, partir seule dans un pays inconnu n’est pas toujours aisé. Lise en est consciente. Seulement, c’est son souhait pour perfectionner la langue allemande puisqu’elle désire devenir traductrice dans quelques années.

    Une amie de ses parents leur a parlé d’une famille en Allemagne où Lise serait bien traitée. Son travail consisterait à s’occuper uniquement des deux enfants de six et quatre ans. Une fille et un garçon. Elle aurait aussi la possibilité de prendre des cours personnels.
    Bien que Lise soit très attachée à ses parents, elle se fait une joie de partir et un an, c’est vite passé.

    Après avoir travaillé quelques mois dans une fabrique pour s’offrir son billet d’avion, le grand jour du départ arrive.
    A l’aéroport, des larmes de part et d’autres coulent, c’est bien normal.

    Le vol se passe bien et à destination, Monsieur et Madame l’attendaient. Un peu timide, Lise leur dit bonjour en bon allemand. Arrivée au domicile, Madame lui montre sa chambre et Lise fait connaissance avec les enfants. Seulement voilà. Une chose n’était pas prévu dans les échanges de correspondance avant son départ.
    Lise devra partager sa chambre avec les enfants, c’est-à-dire que pour dormir, les petits ont leur chambre, très petite donc pour jouer, ils seront dans la chambre de Lise.
    Bien entendu, Lise aime s’occuper des enfants, mais est tout de même un peu déçu de ne pas profiter entièrement de sa chambre.

    Le lendemain de son arrivée, Madame explique à Lise en long et en large les tâches ménagères qu’elle devra exécuter… Plus de femme de ménage comme expliqué dans la lettre d’accueil. Lise s’occupera de tout. Préparer le petit-déjeuner, habiller les enfants, accompagner le petit au jardin d’enfants et l’aînée à l’école. Au retour, passer à l’épicerie pour préparer le repas de midi. Ne pas oublier de passer l’aspirateur et enlever la poussière partout, ne rien oublier. Puis raccompagner les enfants à la maison et les faire manger. Nettoyer la vaisselle bien évidemment et retour à la crèche et à l’école.
    Et bien se dit Lise! Est-ce que je vais tenir le coup. De plus, je dois prendre mes cours d’allemand. Oh la la!!!

    Pauvre Lise, elle n’a encore pas tout vu!
    Tous les vendredis, Lise devra rouler les tapis, les porter sur l’épaule, descendre à pied dans la cour car il n’y a pas d’ascenseur, placer les tapis sur une barre en métal très haute et taper sur ceux-ci pour enlever la poussière et les aérer. Pendant ce temps, nettoyer les parquets et les encaustiquer. Puis remettre les tapis à leur place. Pour couronner le tout, elle devra aussi frotter les escaliers en bois qui mènent à l’étage de l’appartement. Bien les nettoyer et les faire briller avec l’encaustique.

    Après quatre mois, Lise est fatiguée mais exécute ses tâches sans rien dire. Elle a un petit secret qu’elle garde jalousement pour elle au plus profond de son coeur.
    Le jeudi est un jour béni. Les enfants passent la journée chez leurs grands-parents, Monsieur travail et Madame va à son club de bridge. Elle est seule et heureuse.
    Madame lui avait dit, puisque le jeudi vous êtes seule, vous serez tranquille pour enlever la poussière partout, partout même dans la bibliothèque. Vous aurez aussi largement le temps de nettoyer chaque livre! Mais cela ne se passait pas du tout ainsi.

    Dès le départ de toute la famille pour la journée, Lise courait avec un chiffon vers les livres, et était trop heureuse de pouvoir les prendre dans ses mains, les ouvrir, les lire. Des livres écrits en allemand et les mots devenaient beaucoup plus facile à assimiler. Elle n’avait nullement besoin de chaise, elle préférait plutôt s’installer par terre. Prendre les livres un à un les toucher, les sentir, admirer la délicate reliure et en choisir un au hasard. Elle avait tant besoin de cette bouffée d’oxygène.

    Son grand bonheur était de lire des poèmes et sa préférence allait à ceux du poète Rainer Maria Rilke.
    Lise pria le ciel pour que le jeudi soit toujours pour elle, seule, jusqu’à la fin de l’année. D’ici là, elle aura lu tous les livres, aura bien appris l’allemand et n’aura plus peur de voir passer Madame derrière elle en laissant glisser son doigt sur les meubles pour voir s’il ne restait pas de la poussière. Lise se sentait beaucoup plus forte grâce à ces lectures bénéfiques.

    C’est sur cette citation de Rainer Maria Rilke que Lise ferma son livre:

    « Qu’une chose soit difficile doit nous être une raison de plus pour l’entreprendre. »

    Comment by Denise — 23 avril 2011 @ 10:56

  6. Il y a des matins où mes souvenirs s’attardent sur son visage.

    Moi je l’avais imaginée aimant Muddy Waters, Little Richard ou Elvis Presley et d’autres rebelles du rock and roll, mais elle m’avait juré en riant que rien ne valait Berlioz, Bach et Baker quand il pleurait son magnifique Almost Blue à la fin d’une journée aux couleurs désordonnées et chaudes oubliées dans les livres de son enfance, qu’elle aimait encore lire pour ne pas perdre la mémoire de ses rêves.

    Elle avait des sourires et des tristesses qu’elle cachait au fond de ses silences pour mieux revenir chantant sa joie de vivre comme un oiseau sur la branche aux premiers éclats de vie du soleil.

    Elle parlait en vous dévorant des yeux, comme si ses mots se nourrissaient de nos émerveillements passagers et éclats de rire insoucieux, qui nous rendent notre âme d’enfant, alors qu’on est devenu adulte. Malgré nous.

    Elle était joyeuse. On la disait intelligente. Jolie comme un rayon de lumière.

    Un jour de printemps sa route a traversé celle d’un beau chanteur de rock. Un rebelle. Elle était amoureuse. Éperdument amoureuse.

    Puis un soir. Le malheureux accident. Il ne voulait pas la tuer. C’est le destin qui l’a voulu ainsi.

    Lui, il voulait juste la frapper. Un peu. Pour qu’elle se taise. Pour qu’elle lui obéisse. Pour qu’elle comprenne qu’il l’aimait. À sa façon.

    Il y a des matins où mes souvenirs s’attardent sur son visage. Son sourire s’est figé de douleur. Elle ne chantera plus.

    Comment by Armando — 23 avril 2011 @ 12:17

  7. Ah ! que ce ménage de printemps est accaparant ! Faut absolument que je trouve un texte à apposer en commentaire, pour bien démarrer cette cinquième année . Il ne reste que quelques heures, je vais m’aider de mes livres .
    Tiens voyons « du côté de chez Swann »

    « Mais quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. ».

    Peut-être un peu trop mélancolique Proust, 4 ans déjà …mais une 5ème commence . Et toutes ces toiles accrochées, comment les évoquer ?

    « Peindre, c’est aimer à nouveau  » . Quel joli titre d’Henri Miller! Ouvrons.

    « Peindre, c’est se remettre à aimer. Pour voir comme le peintre voit, il faut regarder avec les yeux de l’amour. Son amour à lui n’a rien de possessif: le peintre est obligé de partager ce qu’il voit. Le plus souvent, il nous fait voir et sentir ce que nous ignorons ou ce contre quoi nous sommes immunisés. Sa manière d’approcher le monde vise à nous dire que rien n’est vil ou hideux, que rien n’est banal, plat ou indigeste si ce n’est notre propre puissance de vision. Voir n’est pas seulement regarder; ce qu’il faut, c’est regarder-voir; c’est pénétrer du regard et observer. »

    Quelle résonance ! mais quid des mots ? Il me faut trouver quelque texte plus poétique, plus aérien et évocateur . Quel livre feuilleter ?
    Tout à l’heure, en refermant ses tiroirs, j’ai vu posé sur sa table:

     » Aux mots donner des couleurs
    Enrubanner celles-ci de poésie
    Ainsi va ma vie
    Alors que défilent les heures »

    C’est d’une auteure, chère à mon cœur,
    Qui écrit , en un étrange pays,
    Sous le nom de Lali

    Comment by barbara — 23 avril 2011 @ 20:57

  8. 1.Bibliothèque air…

    Au pied de cent rayons, tu es là à genoux,
    Au bord d’un livre à lire où surgissent les pages
    D’où tombent des géants de fin de moyens âges
    Qui fleurent sur la toile un parfum aigre-doux…

    Et contre des moulins tu donnes de ton temps,
    Et avec ton épée, adorable sans doute,
    Tu sais à perdre haleine aller croiser la route
    Du lecteur qui s’en vient et rêve sur l’instant…

    Toujours j’ai pu venir me chauffer à la flamme,
    Toujours, j’ai pu m’assoir au milieu du salon,
    Lire tous ces échanges et sous ton oriflamme,

    Rester tout interdit, mon coussin céladon,
    Bien calé au moelleux, que le Diable me damne,
    Y trouvant du plaisir à voir si gente dame…

    Graphène

    Comment by Graphène — 24 avril 2011 @ 3:35

  9. Je viens de lire tous vos merveilleux textes au-dessous de la belle toile que Lali nous a offert! Quel plaisir.
    Il est vrai que la lecture est bien plus agréable que l’époussetage 🙂
    Je vous souhaite de très joyeuses Pâques avec toute mon amitié.

    Un grand merci Lali 😉

    Comment by Denise — 24 avril 2011 @ 11:12

  10. Beaucoup de plaisirs
    à lire
    dans vos mots…

    bravo

    et bonnes soirées pascales

    Comment by Graphène — 24 avril 2011 @ 16:25

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