Lali

7 avril 2024

En vos mots 885

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Nous voici déjà en avril depuis près d’une semaine. Pourtant, il est difficile de le croire après les 30 cm de neige qui sont tombés jeudi. Espérons qu’ils disparaîtront rapidement afin que le printemps puisse s’installer pour de bon. J’en rêve!

Est-ce la récente tempête ou autre chose qui laisse songeuse la jeune femme peinte par Carl Adolf Senff? Est-ce un livre qu’elle annote qu’elle tient sur ses genoux ou son journal intime? À vous de nous le dire, en vos mots, comme vous le faites si bien dimanche après dimanche depuis des années. C’est avec joie que nous vous lirons dimanche prochain au moment de la validation des commentaires.

D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.

2 commentaires »

  1. Lisbonne, 14 avril 2024

    Ma chère B.,

    Depuis un long moment, j’avais l’étrange perception que la dame du tableau portait sur moi un regard fixe. Nous étions des dizaines, peut-être plus, dans cette grande salle fortement éclairée et pourtant elle ne regardait que moi. Comme si elle voulait me demander quelque chose. Trouver en moi la réponse à ses silences.

    J’ai regardé autour de moi et rien que des visages imprécis et anonymes. Comme des ombres. Cela n’a fait que grandir en moi la certitude que la dame du tableau ne regardait que moi. Fixement.

    Il me semble que je lui ai souri. Maladroitement. Timidement. Une presque excuse. Mais que faire d’autre que lui sourire?…
    Elle est restée impassible. Enfermée dans son regard. Comme si elle cherchait en moi le mot qui lui manquait.

    Me prend-t-elle par un des ses anciens amants qui lui aurait mis des étoiles dans les yeux avant de lui briser le cœur?… Je n’en sais rien. Je m’en serais souvenu, sinon. Si un jour on s’était aimés, je ne l’aurais jamais oubliée. Je me serais souvenu du plus secret de nos baisers. L’amour ne meurt jamais. Même après un cœur brisé.

    Je la dévisage. Longuement. De toutes les femmes avec lesquelles j’ai partagé mon corps, il n’y en a pas cinq qui peuvent me regarder avec une telle intensité. Comme si elle découvrait dans mon visage le souvenir lointain de quelqu’un à qui elle aurait été attachée. Comme ces êtres qu’on traîne dans son cœur depuis l’enfance et dont on ne pourra jamais se séparer. Même si.

    Je la regarde encore, j’avance vers elle. Comme un papillon attiré par la lumière. Mon cœur qui s’emballe. Et si…

    Soudain une main s’accroche à mon épaule. Réveille-toi. Le train va partir. Vite. Dépêche-toi.

    Tout s’est passé si vite. Brusquement. Tout le voyage je me suis demandé, et si c’était toi… J’ai beau fermer les yeux, je n’ai pas eu de réponse.

    Je t’embrasse.

    A.

    Comment by Armando — 13 avril 2024 @ 4:59

  2. Elle vient de décrire dans son cahier, avec émotion et en mots choisis, le paysage tant aimé de sa terre natale. Plusieurs croquis lui permettront de peindre ensuite ce décor familier et si riche en couleurs sur l’une se ses toiles. Les collines couvertes de prairies, le château tout là-haut, l’église en contre-bas, avec son clocher, un des plus hauts de la contrée. Les solides bâtisses, corps de ferme ou manoirs. Les rideaux d’arbres bordant les chemins et quadrillant en les séparant les prés et les champs. Sa propre maison, celles de ses parents, de belles proportions et confortable, avec le puits dans la cour, et le verger à l’arrière, le potager bien tenu. Tout cela qu’elle a toujours connu lui serre presque le coeur tant elle y est attachée.
    Un autre motif cependant la chagrine, et imprime en elle l’urgence de s’imprégner de tous ces éléments, et de les fixer sans attendre par écrit et par la peinture. C’est que les sentiments d’amour qu’elle nourrit pour son village et pour sa famille ont maintenant trouvé un rival de taille. Jean, le beau jeune homme qui lui fait la cour depuis quelque temps ne lui est pas du tout indifférent. Et elle sent qu’il la demandera bientôt en mariage. Elle se réjouit que ses parents ne s’opposent pas à leur relation, et même l’encouragent. Et qu’ils ne lui imposent pas comme ceux de son amie Berthe un homme de vingt-cinq ans son aîné, pour lequel l’infortunée jeune fille n’éprouve hélas qu’une vive aversion. Jean est au contraire un jeune homme charmant, plein de fantaisie, qui a en même temps la tête sur les deux épaules. Il est courageux et sa famille est prospère. Le grand souci est qu’il n’habite pas la même province. Et que Sylvette devra tôt ou tard s’expatrier pour suivre son époux dans sa demeure. C’est un castel joli et très agréable. Mais le domaine qui l’entoure n’aura pour elle jamais le charme de sa douce campagne. Voilà pourquoi Sylvette en ces jours-ci est songeuse. Et pourquoi le grand bonheur de se sentir amoureuse, se trouve maintenant violemment assombri et durement teinté de tristesse.

    Comment by anémone — 13 avril 2024 @ 13:28

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