Lali

On a tôt fait
de tout plaquer 
de tout balayer 
de tout effacer 
de reculer d'un pas 
de cent de mille 
alors qu'on aurait pu 
sauter dans le vide 
comme à vingt ans 
l'instant d'avant 

(septembre 2023)

*toile de Shelton Walsmith

et puis tes mots
comme une caresse
sur ma peau

ne laisse jamais
le silence
s'infiltrer entre nous

*sur une illustration d'un artiste inconnu

 
réapprendre la souffrance
s'en rappeler le goût 
le nœud  dans le ventre qu'elle provoque
bien différent de celui du désir
même s'il découle de son absence
renouer avec le vide
encore une fois
encore une fois
encore une fois

*toile de François Fressinier

Voguerons-nous un jour
sur les pages d'un livre 
sur tes mots sur mes mots
dans un ailleurs
n'appartenant qu'à nous
là où la distance
là où les heures
ne comptent pas
ne comptent plus

Septembre 2019
*sur une illustration de Francesca Quatraro

elle s’en est allée tout doucement
tu as veillé sur elle jusqu’au bout
sans fléchir
avec amour avec tant d’amour

les souvenirs jailliront un à un
pour te tenir au chaud hiver après hiver
tu ne seras jamais vraiment tout à fait seule
elle veillera sur toi sur vous

*toile de Garnet Wolseley

il y eut leurs mots
longtemps
presque toute ma vie
puis il y eut les tiens
quelque temps
et les leurs à nouveau
pour que je puisse rêver

(avril 2016)

*toile de Tamara de Lempicka

sur la rive
de nos histoires
tremblements de l’inachevé
mains tendues
retrouvées caressées
abandon
toujours le premier
dans lequel emmêlés
nos pas s’impriment
aux pages d’une lettre
jamais postée

(août 2015)

*toile de Fabien Dubois

Au détour d’une vie qui nous a échappé
dont des bribes me reviennent parfois
à la faveur d’une pièce de Rachmaninov

c’est Stravinski ce soir
pourtant étranger à ce dédale
dans lequel nous nous sommes perdus
peut-être volontairement
qui m’a ramenée sur mes pas

(mai 2015)

*toile de Peter Y. Hsu

Se perdre dans des tableaux
Leur prêter des vies des histoires
Y glisser un peu des siennes
Et serrer sur son cœur ce livre
Déjà écrit
Qu’on aurait voulu écrire

(juillet 2015)

*sur des toiles de Toshiyuki Enoki

J’aurais voulu une fois encore
écrire je t’aime sur ta peau
dans la fulgurance d’un désir
instantané friable fragile
et incommensurable
mais le soleil s’apprêtait à se lever

et j’ai choisi d’assister à son réveil

(juin 2015)

*toile de William Russell Flint