Lali

15 juin 2010

Vichy, 1941, un roman

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:16

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Qui n’est pas Français et n’a pas appris l’histoire de France à l’école, et encore moins celle entourant Vichy, trouvera peut-être qu’il y a beaucoup de noms à chercher pour tout saisir du roman de Marc Lambron intitulé 1941 qui se déroule, vous l’aurez compris, en 1941, à Madrid dans un premier temps, puis à Vichy.

Un roman dont la toile de fond est bien sûr l’Histoire mais aussi un roman de mœurs où chacun des protagonistes auxquels sera confronté Pierre Bordeaux, jeune diplomate muté dans la ville où siège le gouvernement de Pétain, tentera par toutes sortes de moyens d’accéder à de hauts postes et à des privilèges.

Roman touffu, parce que noms s’y accumulent, mais passionnant parce qu’on sent battre le cœur d’une époque dans un Vichy de carton-pâte, 1941 est un roman qu’on ne peut pas lâcher tant qu’on ne sait pas ce qu’il adviendra du héros, que d’aucuns considéreront comme un traître, dans une époque qu’on appellera « pas ordinaire ».

Même s’il s’agit là de fiction, les acteurs de ce Vichy de 1941 sont pour la plupart des personnages qui font partie des livres d’Histoire — Pierre Laval, Pierre Pucheu, Marcel Déat, François Darlan, Joseph Barthélémy, pour ne nommer que ceux-là — ou qui se sont démarqués autrement, comme Jean Giraudoux ou un certain Ionescu sous lequel se cache bien entendu Ionesco (même si celui-ci est arrivé à Vichy après 1941).
Cela donne d’ailleurs lieu à une scène burlesque que je dois absolument partager avec vous.

« Un nouveau gémissement s’éleva du côté de Ionescu.
-L’Académie française est une géhenne… L’enfer de Dante peuplé par des diables verts… Ils dorment dans des fauteuils…
-Vous n’aimez pas les fauteuils? s’alarme la charitable Mrs Corrigan.
-Non, dit Ionescu. Je préfère les chaises. »

Donc, si vous avez envie de découvrir des personnages étoffés, colorés et hors du commun et si vous aimez les recherches afin de réunir les pièces du puzzle manquantes, vous ne pourrez que savourer le roman de Marc Lambron, lequel possède un sens aigu de la description et un vocabulaire d’une richesse qu’il est rare de trouver dans la littérature contemporaine, et cela sans le pédantisme qui pourrait être attribuée à un tel vocabulaire.

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