Lali

5 mai 2024

En vos mots 889

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Alors que je viens à l’instant de valider les commentaires déposés sur l’illustration de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire, je vous propose cette semaine de faire vivre à votre façon cette jolie scène livresque de l’artiste Natalie Salbieva.

Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Nous vous lirons donc avec grand plaisir à ce moment et pas avant.

D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.

2 commentaires »

  1. Quand j’ai emménagé ici au printemps dernier, j’étais tout heureuse de disposer d’un assez large balcon, condition sine qua non pour choisir mon futur appartement. La vie sans une possibilité même minime de m’installer à l’air ne m’est en effet pas un soupçon envisageable. Il me faut au minimum pouvoir poser dehors une chaise ou un fauteuil, et au mieux une table. Cependant, en observant le vis-à-vis, une crainte et non des moindres m’était venue: qu’en serait-il de mon intimité, avec l’autre côté de la rue si proche, et toutes ces terrasses emplies d’yeux potentiels en train de guetter avidement mes allées et venues?
    Toutefois le logis me convenait et tout s’arrangeait parfaitement pour la location. Il s’avérait qu’il m’était, selon toute vraisemblance, bien destiné. J’ai donc sans tarder placé un bac de fleurs dans mon jardin suspendu miniature, ainsi qu’une table et deux chaises. Puis j’ai commencé tout doucement à apprivoiser les lieux, d’abord avec prudence, et des regards un tantinet circonspects.
    En ce mois de mai, le printemps nous offre de belles journées, des soirées longues et douces, et je suis plus heureuse que jamais de pouvoir lire et souvent manger à l’extérieur. Bien sûr je ne profite pas d’une vue imprenable sur un paysage exceptionnel. Quoique. Je me suis habituée à l’esthétique de ces balconnets s’offrant à ma vue. La seule chose qui m’étonne en réalité est que je n’y distingue pas un seul bac de fleurs, et que je n’y voie jamais paraître âme qui vive. Pour peu cela me manquerait, malgré la tranquillité inespérée dont je jouis. Tranquillité parfois parasitée, il est vrai. Par la pensée que là, derrière les rideaux peut-être, se dissimulent quelques curiosités malsaines. Et qu’aucun de mes gestes n’échappe, il se peut, à l’un ou l’autre observateur inconnu qui m’épierait en secret.

    Comment by anémone — 9 mai 2024 @ 18:09

  2. Lisbonne, 12 mai 2024

    Ma chère B.,

    Je pense que c’est une chance d’être un lève-tôt. Parfois lève-très-tôt. De ma véranda je regarde pousser le jour, comme d’autres regardent pousser les fleurs à l’ombre de leurs rêves. La taciturnité du jour qui s’annonce me fascine. Tout m’invite au voyage entre l’évocation de ce qui fut et mes chimères.

    Pour les chimères, je ne dirai rien. Ce ne sont que de douces fantaisies abstraites. Inavouables. Pour tout ce que j’ai déjà vécu, je préfère sourire. Puisque s’il me reste un peu d’honnêteté, je dois t’avouer que, pour tromper mes blessures et les heures sombres de ma solitude, je me suis tellement raconté d’histoires sur ma vie que je ne saurais plus te dire celles que j’ai vraiment vécues. Chaque aube me raconte une histoire nouvelle de ma vie que je ne m’étais jamais racontée.

    J’ai tant écrit à la marge des mes souvenirs. J’ai fait tant de ratures. Changé la fin des souvenirs qui ne me plaisait pas pour ne pas affronter mes larmes. J’ai tant remanié tout ce qui me rendait malheureux, imaginé des amis pour ne pas marcher seul la nuit, que certains jours, moi-même je ne sais plus la différence entre le vrai et le faux de ma vie.

    Sûrement que je trouverai un peu des deux dans mes récits. Gabriel Garcia Marquez, disait que « la vie n’est pas ce que l’on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s’en souvient ».

    Alors, l’histoire de ma vie dépend de celui qui veut m’écouter. De ce que j’ai envie d’enjoliver. J’aime que les gens me regardent heureux, éblouis et même jaloux de l’enfance que je leur raconte. Je me moque de la vérité pourvu que son regard ne croise jamais le mien. J’ai gardé au fond de moi l’âme de ces enfants qui racontent leur imaginaire plus beau et plus harmonieux que tous ces souvenirs qui les brûlent de l’intérieur. Surtout oublier que l’enfance est si longue quand la tendresse n’est qu’absence.

    Mais, ma chère B., un jour, promis, je te dirai ma vie. La vraie. Pas exactement comme je l’ai vécue, mais telle que j’aurais aimé l’entendre chaque matin lorsque le soleil semble sortir de sa nuit, dans une joie renouvelée. Et tous mes silences auront le sceau sacré de la vérité.

    Je t’embrasse.

    A.

    Comment by Armando — 12 mai 2024 @ 5:25

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