Lali

22 mai 2013

Voix d’Égypte 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Soir

C’était un calme soir de l’été somptueux,
Dans la campagne rose en sa tunique neuve,
Et loin des noirs faubourgs toujours tumultueux,
Sous les grands arbres assoupis au bord du fleuve.

Des pêcheurs obstinés, au fond du flot changeant,
Poursuivaient un désir fluide, insaisissable,
Ou bâtissaient un rêve avec l’or du couchant,
Heureux comme l’enfant qui dresse un mur de sable.

Tout respirait le calme et la sérénité.
L’heure coulait, divine, ainsi qu’une lumière,
Et la terre, en l’orgueil de sa fécondité,
S’offrait toute à la nuit qui baissait ses paupières.

Mais toi que je cherchais, ô douloureuse sœur,
Tu suivais longuement, des yeux, le blanc sillage
Des bateaux en allés sur le fleuve, et ton cœur,
Chargé du beau destin qui fut celui des mages,

Tressaillait quand l’aboi des canons, quelquefois,
Mourrait en une plainte étrange au fond des plaines.
Ô ma très douce amie, entendais-tu ma voix
Qui te parlait tout bas pour mieux bercer ta peine?

Je voulais que ce soir d’universel oubli
Mît sur ton âme en pleurs l’infini de ton charme;
Hélas! Quand je baisai ton visage pâli,
Sur tes beaux yeux profonds je bus de froides larmes.

Fernand Leprette
(extrait de l’Anthologie de la poésie francophone d’Égypte de Jean-Jacques Luthi)

*choix de la lectrice de Karl Hofer

L’incroyable histoire de mademoiselle Paradis

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:53

C’est au hasard des rayons d’une des bibliothèques que je fréquente que j’ai croisé la Viennoise Maria-Theresia von Paradis. Elle se promenait de rayon en rayon, caressait les livres, les respirait. Puis elle s’écartait pour laisser la voie libre à qui arrivait. Nul n’aurait pu deviner que Maria-Theresia von Paradis était aveugle.

Or Maria-Theresia von Paradis, qui est née en 1759 et doit son prénom à l’impératrice d’Autriche, n’a pas toujours été aveugle. Elle a connu les couleurs, les nuances, l’ombre et la lumière avant que tout ne s’éteigne soudainement. Belle et talentueuse, elle a été remarquée par l’impératrice elle-même. Cette dernière compte bien en faire une des étoiles de la société musicale viennoise et contribue financièrement aux besoins de la jeune fille, laquelle pendant 18 ans a subi tous les traitements possibles pour recouvrer la vue, certains d’eux ayant causé une telle souffrance que désormais il n’est plus question que quiconque se serve d’elle pour des expérimentations.

Maria-Theresia von Paradis, à qui Mozart dédiera un de ses concertos, se débrouille très bien sans voir. Elle connaît les distances, la forme des objets, les tissus, le froid et le chaud. Tous ces détails qui la rendent fonctionnelle et lui permettent de s’adonner à ce qu’elle aime le plus : la musique. Mais c’est sans compter sur l’arrivée de Franz Anton Mesmer dans sa vie, grand mélomane et magnétiseur, lequel la subjuguera à un point tel qu’elle acceptera de se plier à d’autres expériences. Il est vrai que ce qu’elle éprouve pour Mesmer ne relève pas de la raison et que la passion qui anime la jeune femme et à laquelle cédera celui-ci rend Maria-Theresia prête à tout, d’autant plus que les essais sont concluants. Maria-Theresia retrouve peu à peu la vue, mais du coup ne sait plus jouer, et cette « guérison » fait l’objet de tant de spéculations et d’enquêtes que la jeune femme choisira de ne plus voir afin de ne plus constater de ses yeux la laideur de ce monde.

L’incroyable histoire de mademoiselle Paradis a pu être reconstituée grâce aux cahiers laissés par sa femme de chambre et par ce que l’Histoire a retenu de Franz Anton Mesmer. Le roman de Michèle Halberstadt qui lui rend hommage donne envie d’entendre les œuvres qu’elle a composées, même si la plupart d’entre elles ont été perdues au fil des ans, sauf La Sicilienne, souvent enregistrée, notamment par Lynn Harrell au violoncelle et Victor Asuncion au piano.

Titre pour le Challenge Des notes et des mots challenge-des-notes-et-des-mots-4.jpg

Fanga : un goût de revenez-y

Filed under: Trois petites notes de musique — Lali @ 11:30

Ils sont de Montpellier, mais ils sont de partout et surtout d’Afrique, entre autres du Ghana et du Burkina Faso. En 1998, ils se réunissent sous le nom de Fanga, dont le premier album paraîtra en 2003. Devenu figure de proue de l’afrobeat français, le groupe est de tous les festivals.

Siri Ba, qui date de 2009, devrait faire danser (ou à tout le moins se trémousser) même les plus timides avec les rythmes enlevants de Tiogho Tiogho

et de Ni Ya Wouelle

qui ont un goût de revenez-y et le pouvoir de faire oublier la pluie.
Si, si, je vous le dis. Essayez, vous verrez bien.

Ce que mots vous inspirent 930

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Tu seras vraiment aimé le jour où tu pourras montrer ta faiblesse sans que l’autre s’en serve pour manifester sa force. (Cesare Pavese)

*toile de Carl Wilhelmson