Il y a des livres qu’on se promet de lire au moment de leur sortie et qu’on met de côté, sans véritable raison. Ou parce que d’autres livres sont entrés dans nos vies et que nous avons l’habitude des piles dont on finit par ignorer le contenu.
C’est ce qui est arrivé avec Voyage au Portugal avec un Allemand de l’écrivain québécois Louis Gauthier, qui a reçu en 2002 le Grand prix du livre de Montréal. Roman intimiste, proche du récit, Voyage au Portugal avec un Allemand s’inscrivent dans les pas des titres Voyage en Irlande avec un parapluie et Le pont de Londres.
C’est l’histoire d’un écrivain québécois en route vers l’Inde, celle d’une errance, d’un amour perdu, d’une rencontre avec un Allemand à Lisbonne.
Lisbonne, toile de fond. Lisbonne que le narrateur sillonne seul ou accompagné de monsieur Frantz. Lisbonne pour oublier. Lisbonne pour espérer. Puis Evora, Beja, Ferrara, Portimão, Lagos, Sagres. Mais les bateaux pour l’Afrique du Nord ne partent pas de Sagres.
L’Algarve, les derniers rêves. Les dernières rencontres. Il est temps de partir. La lettre qu’il attendait n’est pas celle qu’il a reçu poste restante, Sagres. Et pourtant elle provenait bien d’Angèle. D’une Angèle froide, distante, qui parlait d’elle et non d’eux.
« Aller au bout de soi-même… Peut-être… Sans doute… Et si le bout de soi-même était un cul-de-sac? » se demande le narrateur. Et ces questions à elles seules portent ces pages, constituent les raisons de celles-ci, dans un roman d’atmosphère qui met en scène un voyageur dans un Portugal qu’il a choisi de faire lieu de passage plutôt que destination.
Parce qu’il lui faut encore plus de kilomètres entre le point de départ et celui d’arrivée. Plus de kilomètres pour oublier. Pour se trouver.
Un roman que j’ai bien fait de tirer de la pile où il se cachait. Parce qu’on a parfois non pas d’action mais de questions.