En vos mots 242
Comme il y a un bon moment que nous n’avons eu droit à un lecteur à raconter en vos mots, j’ai invité celui de l’illustrateur brésilien Paulo Brabo à se joindre à nous pour la semaine. Le temps que vous le l’examiniez sous toutes les coutures, que vous lui prêtiez des rêves ou des souvenirs, que vous vous glissiez dans sa peau.
La suite, nous la connaîtrons au moment où tous vos textes, que j’espère nombreux, seront validés, c’est-à-dire dans une semaine exactement.
En attendant, bon dimanche et bonne semaine à tous!
Novembre 1995. Le cinq. J’avais veillé tard. On avait annoncé l’assassinat du prix Nobel de la paix, Yitzhak Rabin.
Alors, pour moi, le dimanche avait ouvert les yeux en tons de gris teintés par quelques spasmes de ciel bleu. J’étais on ne peut pas plus morose.
Après avoir vérifié le contenu du frigo, j’ai pris la décision de faire une journée pyjama. Une journée de celles où on est là pour personne. Aucune envie de voir des gens. Aucune envie d’écouter les nouvelles.
Au hasard, j’ai pris de quoi lire dans mon étagère. La Logique du sens. De Gilles Deleuze. Un cadeau de mon professeur de philosophie, duquel, je l’avoue, je n’avais jamais lu le moindre paragraphe.
À l’intérieur, une feuille blanche pliée en quatre sur laquelle j’ai reconnu mon écriture tremblante et encore peu définie. « Mai 1972. La gitane m’a lu ma ligne de vie et m’a prédit qu’un jour, quand je m’y attendrais le moins, je rencontrerais une jeune fille improbable, de laquelle je tomberais amoureux. »
Du coup, je me suis vu dans ce jardin à peine fleuri où j’avais croisé cette diseuse de bonne aventure, aux cheveux noirs et au regard olive et fascinant. Un sourire blanc, d’une porcelaine pure et sans tache. Et sa main douce prenant la mienne. Et je me suis égaré dans sa voix chaude et envoûtante qui a pris en esclavage toutes mes pensées.
Des coups furieux sur la porte m’ont soudain ramené à la vie. Si j’ose dire. Qui est là? J’ai crié. Une voix de l’autre côté m’a répondu : Vous pouvez me rendre un service?…
Merde!… c’était l’emmerdeuse de l’appartement d’à côté. Que me voulait-elle?
Comment by Armando — 29 novembre 2011 @ 6:31
José n’est pas tout seul dans la vie. Anita et ses deux enfants vivent toujours en Sicile.
Un jour, il a discuté avec son épouse. Vois-tu Anita! Il faut absolument que je parte. Je dois trouver un travail bien rémunéré. Pour quelques mois voire une année. Nos plantations ici ne nous rapportent plus beaucoup et maintenant que nos enfants font des études, ils faut bien subvenir aux frais. Je sais, tu fais déjà beaucoup mais je te sens fatiguée. Tu travailles trop et je souhaite que tu te reposes un peu. J’ai besoin de toi et les enfants aussi.
Cette semaine, j’ai vu une petite annonce dans le journal. En Autriche, ils recherchent des maçons pour des constructions neuves et pour restaurer d’anciens immeubles. Puisque mon premier métier était maçon, je n’ai pas peur de ce travail. Je t’enverrai mon argent gagné et j’en garderai une petite partie pour ma chambre et pour la nourriture. A mon retour, nous aurons une meilleure vie.
C’est ainsi que José, après avoir fait toutes les démarches se retrouve à Innsbruck. Il loue une minuscule chambre avec le strict minimum. José n’est pas exigeant. Il ne vient que pour dormir mais parfois les week-end sont un peu longs. Alors, il se promène dans la ville et à son retour, il lit le journal que la locataire lui offre gentiment. José ne peut pas se permettre de dépenser pour des extras. Le dimanche, il écrit a Anita et à ses enfants. Tous les trois lui manquent terriblement. Mais José est fort et persévérant. Il a les félicitations de son chef pour son travail minutieusement accompli. Après six mois, il recevra une prime. José est heureux. Il fait des projets pour son retour en Sicile. Il n’arrêtera pas de travailler, cela non mais il pourra offrir à Anita, son épouse chérie, une vie meilleure. Elle a toujours été là pour le seconder dans les vignes. Un métier harassant et qui maintenant ne rapporte plus beaucoup dans le village où ils vivent.
Encore six mois de travail se dit-il est en pensant à son retour auprès des siens, José a les yeux humides mais un beau sourire vient vite chasser ses larmes. Son coeur bat très fort!
Comment by Denise — 3 décembre 2011 @ 9:55
Le bleu de Van Gogh
A. a réalisé un rêve, être présent au séminaire organisé à Arles dont le thème est “Le bleu de Van Gogh”.
La petite chambre d’un hôtel proche des arènes lui rappelle celle, occupée par Vincent et qu’il a maintes et maintes fois peinte. Mobilier simple, une petite table et une chaise. Amplement suffisant !
A. reprend ses notes et consigne, dans son ordinateur, les références à la couleur bleu dans ses lettres à Théo, son frère ou a ses amis peintres.
“Le ciel est bleu-vert, l’eau est bleu de roi, les terrains sont mauves. La ville est bleue et violette…”
“Les eaux font des taches d’un bel émeraude et d’un riche bleu…”
“Là, tu as un tableau nocturne sans noir, mais seulement d’un beau bleu, avec du violet et du vert…”
“J’ai un plus grand tableau de l’église du village, un effet où le bâtiment paraît violacé contre un ciel d’un bleu profond et simple, de cobalt pur. Les fenêtres à vitraux paraissent comme des taches bleu outremer, le toit violet est en partie orangé…”
à l’Hôtel Dieu.
La palette flamboyante de son tableau sur les Alyscamps s’ouvre sur un ciel bleu.
“Seule compte l’opposition de bleus contre un élément orange dans le bronze doré du blé” écrit Van Gogh.
“La Méditerranée a une couleur comme les maquereaux, c’est-à-dire changeante, on ne sait pas toujours si c’est vert ou violet, on ne sait pas toujours si c’est bleu, car la seconde après le reflet changeant à pris une teinte rose ou grise.”
Il fait chaud, la fenêtre est grande ouverte. La rumeur de la vie méditerranéenne se faufile dans sa chambre. Un bien être l’envahit, son regard devient vague et A. plonge dans un rêve où Van Gogh peint devant lui son ciel à spirales…
😉
Mes sources : http://www.3dsrc.com/vangogh/vincentvangogh01.php
Comment by LOU — 3 décembre 2011 @ 15:58
LUDO
Après son dodo,
L’ado Ludo Tourneau
Tourna le dos,
Lut les pages chronophages
Autant qu’il ne pût.
Sur son lit embelli
Par cette librophilie
Maniant sa manie
Ludo lut le génie
Autant qu’il ne pût.
Sa douleur relou
S’oublia surtout
Et partit pour partout
Quand il prisait et lisait
Autant qu’il ne pût.
Comment by joye — 4 décembre 2011 @ 9:48