Il y a quelque chose de troublant à ouvrir ses vieux cahiers comme je le fais en ce moment. Parce que je ne suis pas certaine de trouver ce que je cherche, ni de chercher ce que je trouve. Il y a bien sûr des mots, des images, des impressions, des souvenirs. Bien sûr. Et pourtant, des pages qui sont miennes que je ne reconnais pas, dont je n’avais plus aucun souvenir. Des histoires inventées, déjà. Des émotions.
Oui, il y a quelque chose de troublant à aller de page en page, d’avant en arrière, sans savoir où est la destination ni le point de départ. Ne trouver que des instantanés. Des moments fugaces. Certains ne dépassant pas le cliché.
Et pourtant, je retourne à mes cahiers. Comme le fait peut-être la lectrice de Jean Hutter. Sans savoir où elle va ainsi. Sans savoir où je vais, non plus. Mais est-il si essentiel pour l’une comme pour l’autre de savoir où nous allons ainsi?