Lali

13 novembre 2007

Aura-t-elle le même geste?

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 22:22

uhp

Je l’imagine dans quelques heures s’éveillant au cœur de la nuit, toute habillée, le livre à bout de bras, surprise de la situation. Une situation que je connais régulièrement, pourtant.

Parfois, je pars m’allonger, sans intention de dormir, comme c’est sûrement le cas de cette lectrice peinte par un artiste hongrois inconnu et quelques heures plus tard, pour je ne sais quelle raison, je m’éveille au beau milieu de la nuit. Et chaque fois, je tiens le livre serré contre moi, comme si même dans les bras de Morphée, je ne voulais pas perdre ma page. Aura-t-elle le même geste?

Mais ce soir…

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:48

verrips 3

Souvent, c’est elle qui lit, allongée à plat ventre tandis qu’il lui caresse les cheveux, la nuque, le dos et les fesses. Il adore ces moments où il tente de la déconcentrer même s’il ne se lasse pas de la regarder lire.

Mais ce soir, le lecteur de Wouter Verrips a décidé d’intervertir les rôles et d’être celui qui lit pour se prêter au jeu des caresses. Il sait que même si pour le moment elle se laisse bercer par sa voix et quelques rimes trouvées dans un recueil qui traînait, elle sortira de sa pose pour tendre le bras. Il sait. Et elle sait qu’il sait. C’est pourquoi elle a choisi de prendre son temps et de le faire un peu languir, bien qu’elle aime entendre sa respiration changer tandis qu’elle va de la tête jusqu’aux fesses, bien qu’il se torde de bonheur, lui qui n’avait jamais connu pareille douceur. Lui qui n’avait jamais eu envie de pareille douceur avant elle.

Et il est fort possible que le livre tombe au sol et qu’ils s’abandonnent aux jeux de l’amour. Bach sera-t-il au rendez-vous pour ce qu’on pourrait appeler Amours, délices et orgues?

La lectrice en mouvement

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:56

blin

Qui la regarde a l’impression que la lectrice d’Yves Blin est assise sur quelque chose de tout à fait instable. Qui la regarde ne voit que ça, cette boule prête à rouler et à l’emporter dans sa course. Qui la regarde ne voit pas que la lectrice est depuis si longtemps assise sur sa boule qu’elle peut bouger avec elle sans atteindre le précipice. Que le sentiment de mouvement sous elle a quelque chose de sécurisant.

Qui la regarde tremble un peu pour elle. Qui la regarde et qui ne sait pas ce que c’est que d’être en perpétuelle mutation ne sent pas à quel point la boule et lectrice vivent une symbiose si grande que l’une ne roule pas sans l’autre. Qui la regarde ne peut imaginer une destinée autre que catastrophique. Et pourtant. La lectrice sur sa boule sait où elle va. La lectrice sur sa boule va où son cœur va. Nulle part ailleurs. Et c’est la seule chose qui lui importe.

Si je le vois ainsi…

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 12:00

ndaba

Un autobus, un wagon de métro. Peu importe. Certains discutent, d’autres sommeillent. On perçoit un peu d’ennui chez les personnages peints par Godfrey Ndaba. Enfin, pas tous. Il y en a un qui a tout de même un demi-sourire, un semblant d’enthousiasme. Du moins le vois-je ainsi.

Et si je le vois ainsi, c’est peut-être parce que j’ai un faible pour les lecteurs ou alors ceux qui bouquinent dans les librairies d’occasion, ceux qui aiment glaner ici et là des passages dans les dictionnaires de citations ou les recueils de poésie.

Et si je vois briller les yeux d’un certain lecteur, il est possible que j’aie de l’imagination. Mais peut-être pas tant que ça.

Il attendait son jour

Filed under: Vos traces — Lali @ 7:44

banc_denise

Il attendait son jour depuis juillet. En réserve, dans la galerie des photos de Denise. Il attendait son jour. Patient. Il savait bien, le banc, qu’un jour je voudrais m’y asseoir. Il attendait son heure. Parce qu’il savait que nous avions rendez-vous lui et moi. Un jour.

Grain de folie

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 7:14

grant_s

Bien sûr qu’il y a toujours en elle un grain de folie. Un grain? Peut-être même deux. Des grains qu’elle assumait sans se poser trop de questions, mais en prenant soin de les garder pour elle. Ébruiter sa propre folie attire toujours des ennuis. Alors, elle la chouchoutait dans le secret de ses silences. La nourrissait, même. Et presque personne ne se rendait à quel point c’était grave, puisque personne ne savait qu’elle dansait sur les trottoirs en chantant dans sa tête. Puisque personne ne savait à quel point elle se noyait dans les mots, ceux des autres et les siens. Puisque personne ne savait rien de cette vie qu’elle vivait hors du regard des collègues et des amis.

Il a suffi qu’un jour la lectrice de Grant Sukiasian croise une autre folie – un autre fou? – pour qu’elle puisse vivre intensément sa folie avec lui pour seul témoin.

Mais elle ne dira rien de lui.

Et peut-être même qu’elle l’a inventé, dans un moment de folie. Parce que, parfois, la folie à deux a quelque chose de sain.