Lali

30 novembre 2007

Les mots bleus

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 18:49

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Malgré son livre ouvert, la lectrice de Dmitrie Berea ne lit pas. Elle chante. Elle chante et elle espère qu’il entendra les mots de cette vieille chanson de Christophe :

Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu’on dit avec les yeux
Toutes les excuses que l’on donne
Sont comme les baisers que l’on vole
Il reste une rancœur subtile
Qui gâcherait l’instant fragile
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles

Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Une histoire d’amour sans paroles
N’a pas besoin du protocole
Et tous les longs discours futiles
Terniraient quelque peu le style
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles

Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je lui dirai tous les mots bleus
Tous ceux qui rendent les gens heureux
Tous les mots bleus

Hier soir, je regardais le ciel

Filed under: Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 18:21

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Je regardais le ciel. Comme tous les soirs. Peut-être que je cherchais une réponse. Peut-être n’avais-je pas de question. Je sais seulement que la lune était là. Comme tous les soirs. Qu’elle avait une curieuse forme, de plus. Et qu’elle éclairait le ciel de façon surréaliste, de telle sorte que les les fils électriques se sont verdis. Hier, je regardais le ciel. La lune était là. Ce soir, elle ne sera pas au rendez-vous. Le ciel est blanc de blanc moutons. Il neige sur Montréal.

Face à l’océan

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 17:30

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Le livre est resté fermé. La lectrice de Charles Courtney Curran est incapable de lire. Elle regarde la mer. Comme pour lui demander que la journée d’aujourd’hui y sombre, qu’il ne reste plus rien de la tristesse qui a été celle du jour. Elle regarde la mer et voudrait noyer les maladresses qu’elle a eues. Ou déposer sur le sable les pas qu’elle n’aurait pas dû faire pour que la marée les efface. Pour que demain rien ne reste des tourments de cette minute. Même pas un pâle souvenir. L’océan écoutera-t-il sa requête?

Elle dirait

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 16:30

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La lectrice d’Elizabeth Gordon Werner a ouvert quantité de livres. La pile est là, à côté d’elle. Elle a glissé un signet entre certaines pages pour retrouver plus tard des passages. Car cet après-midi, aucune phrase ne dit exactement ce qu’elle voudrait exprimer. Sauf peut-être, et elle n’en est pas certaine, cet extrait tiré du recueil de Brigitte Haentjens intitulé D’éclats de peines :

tous les chemins sont des liens
des terrains vagues
des phrases sans grammaire des espaces vides entre deux blessures

Mais non. Ce n’est pas ça. Elle dirait : une blessure intercalée entre des centaines de pages heureuses.

Il la regarde

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 13:30

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Il la regarde lire et il est heureux. Il la regarde tourner les pages et il est heureux. Il regarde le sourire de celle qu’il aime et il est heureux. Tout son bonheur est dans l’amour qu’il lui porte. Alors, pourquoi son regard sur elle, brûlant, ne suffit-il pas à la lectrice d’Ivan G. Olinsky? Pourquoi lui demande-t-elle continuellement qu’il lui dise des mots d’amour?

Je crois que je sais la raison. Il a une manière à lui de les dire qui fait qu’elle en voudrait tous les jours. Comme s’il inventait des mots que jamais personne n’avait dits avant lui. Des mots dont elle se délecte alors que lui les trouve banals. Des mots auxquels elle s’abreuve pour être en vie. Alors que la regarder est pour lui sa façon de lui dire je t’aime.

29 novembre 2007

L’écrivaine et ses personnages

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:46

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Elle écrit. Beaucoup. Beaucoup trop. Sûrement. Mais elle ne sait faire que ça. Ne sait plus faire que ça. Et petit à petit, les histoires qu’elle invente et le temps qu’elle passe a écrire ont gommé les absents. Il lui arrive même de penser qu’ils n’ont jamais été autres que disparus, volatisés, absents, quoi. Et l’écrivaine qu’est devenue Margret Hofheinz-Döring a appris à vivre sans eux en prêtant à ceux qu’elle croise des vies. Si bien que ses personnages ont pris les places laissées vacantes. Si bien que ceux-ci ont pris une telle place qu’elle ne peut plus vivre sans eux.

La peindre et la peindre encore

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:11

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Combien de fois la lectrice de Diether Münchgesang se sera-t-elle allongée ainsi, invitante, la lumière caressant son épaule pour qu’il puisse la peindre dans toute sa splendeur? Combien de fois a-t-il eu envie de la toucher, de caresser son épaule, d’emmêler sa chevelure? Combien de fois l’a-t-il fait pour la sortir de sa nonchalance?

Combien de fois a-t-il laissé là les pinceaux pour modeler son corps au sien avant de lui infliger une autre pose? Pour la prendre encore afin de transformer son visage? Et celui-ci transfiguré, la peindre et la peindre encore?

pour tenter de me rejoindre

kk

mime que j’exécute
que j’invente
pour croire encore
que l’histoire est parfois belle
qu’elle n’est pas que moments
qu’instants éparpillés
mime que je danse
au son de mes rêves
pour tenter de me rejoindre

(juin 1982)

*toile de Kseniya Kokorina

Parce que je ne me lasse pas des couleurs

Filed under: Signé Lilas,Vos traces — Lali @ 7:45

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Je ne me lasse pas des couleurs. Et j’ai tout ce qu’il faut pour ne jamais en manquer grâce à mes amis de France, de Suisse, de Belgique, du Brésil ou du Québec qui m’ont gâtée et qui alimentent le pays de Lali en images. Pour colorer tout le blanc de l’hiver qui se profile, même si ce blanc a parfois son charme quand le ciel n’est pas gris comme aujourd’hui. Merci à Géraldine a mis de la couleur dans ma vie avec ces arbres d’il y a quelques semaines dont il ne reste probablement que quelques feuilles au sol…

Par-dessus son épaule

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 7:36

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Je sais que ce n’est pas poli de faire ça. Je le sais, ne me le dites pas. Mais je n’ai pu m’empêcher de lire par-dessus l’épaule de la lectrice de Karen Jones. Ça a été plus fort que moi. Il faut dire pour ma défense – s’il me faut me défendre – que j’ai reconnu la couverture du livre en passant à côté d’elle. Le Gardeur de troupeaux de Fernando Pessoa. Il n’en fallait pas plus pour que je veuille lire ce qui la rendait si rêveuse.

J’ai souri.
Elle lisait ce passage qui m’est cher :

J’ai passé une nuit blanche, en voyant sa forme hors de l’espace,
et la voyant sous des jours différents de ceux où m’apparaît sa personne réelle.
Je compose des pensées avec le souvenir de ce qu’elle est quand elle me parle,
et en chaque pensée elle varie en accord avec sa ressemblance.
Aimer, c’est penser…
Et moi qui oublie presque de sentir à sa seule pensée…
Je ne sais trop ce que je désire, même d’elle, et je ne pense qu’à elle.
J’éprouve une grande distraction surexcitée.
Lorsque je désire la rencontrer
je préfère quasiment ne pas la rencontrer,
afin de ne pas avoir à la quitter ensuite.
Je ne sais trop ce que je veux, et d’ailleurs, je ne veux pas savoir ce que je veux. Je veux seulement
penser à elle.
Je ne demande rien à personne, pas même à elle, sinon penser.

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