Venise interdite
« Encore une fois, il faut qu’ils se rencontrent. Une nouvelle fois. C’est peut-être cela, s’aimer, arriver à se rencontrer, encore, plusieurs fois, dans toute une vie, se perdre et se rencontrer encore, une nouvelle fois. »
Cette seule citation pourrait presque à elle seule résumer Venise interdite, un roman d’Éric Nonn, publié en 1990. Un roman impressionniste, non linéaire, que certains qualifieraient peut-être de décousu, qui transporte les lecteurs d’un lieu à un autre, alors que le narrateur fait le tour de 20 ans d’amour et de non-amour à l’heure d’un certain constat.
Il n’ira jamais à Venise avec elle. Et pourtant, il l’a souhaité. Longtemps, peut-être même toutes ces années. Comme il a désiré aussi ne jamais cesser de la rencontrer.
Mais c’est trop tard. Ils n’en sont plus là. Pourtant, «… il voulait l’aimer jusqu’au delta, jusqu’à l’estuaire, jusqu’à la fin, quand les rives n’ont plus d’importance, quand on ne sait plus où elles se dessinent. »
Mais ils se sont déjà perdus trop de fois. Voyager ne réparera pas ce qui n’est déjà plus.
Venise interdite se lit tranquillement, question de savourer les images, évocatrices d’une histoire unique, mais qui ressemble presque à toutes les autres, à l’heure où tout s’est déjà joué. Encore une fois. Une dernière fois.