Une soirée à se faire conter des peurs
La peur est peut-être la plus forte de toutes les émotions, car elle peut autant nous pousser de l’avant que nous retenir. C’est ce qui ressort de la troisième édition de Laissés pour contes, mettant en scène six textes ayant pour thème différentes formes de peur.
Dans un décor presque nu composé d’un voile en fond de scène et d’une chaise de plastique attachée à une lourde chaine accrochée au plafond, six personnages viennent à tour de rôle parler de leurs peurs en s’adressant aux spectateurs comme si ceux-ci étaient le miroir auquel on se confie parfois pour se donner du courage, se convaincre ou même, pour ne plus se croire seul.
De la peur de franchir la porte de la cave en passant par celle de sortir de chez soi, chacun y va de son histoire où il est aussi question de la peur de déplaire au père, de la peur de vieillir sans enfant, de celle de la maladie et aussi de celle de dévoiler une partie de soi tenue cachée depuis des années. Prenant le public à témoin, chacun des six personnages nous livre avec l’énergie du désespoir une part de lui qui est si grave, si poignante qu’elle devient parfois le prétexte à rire. Pour que le malaise passe.
Cela nous donne une série de tableaux où nous basculons continuellement entre le rire et les larmes. Pour venir à bout de cette peur qui noue le ventre, notamment cette peur d’être jugé et de rejeté plus forte que tout.
On sort de là secoué. Avec la certitude d’avoir assisté à un véritable tour de force tant chacun des six comédiens a réussi à nous convaincre de sa peur et de l’urgence d’en finir avec elle. Chapeau aux auteurs, aux comédiens et au metteur en scène Patrick Renaud.