Un paradis 2
On est allé au bord du fleuve voir
La nuit couler, le temps s’en aller
Entre les berges noyées par l’obscurité.
Le vent coulait, l’air coulait,
Le noir qui était tout l’espace
Immense coulait de partout.
On n’entendait que l’eau, on aurait dit
Que toute l’obscurité se dilatait,
Qu’elle se faisait fontaine, qu’elle se versait
En elle-même, dans les ténèbres redondantes.
Dans l’air ondoyant, dans la nuit fluide,
Dans le fleuve fustigé de reflets.
Robert Melançon, Le paradis des apparences
*choix de la lectrice de Nicolaas van der Waay