Lali

23 mai 2012

Un long titre pour un constat impitoyable

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:18

C’est par une nouvelle publiée en 2002 dans XYZ.La revue de la nouvelle, alors que j’étais adjointe au directeur du seul périodique culturel québécois consacré à ce genre littéraire, que j’ai découvert la plume alerte et vive de Martine Delvaux.

Je me promettais de la lire à nouveau en dehors de ses nouvelles parues en revue. Mais il y a tant à lire et si peu de temps. Si bien que j’ai chaque fois reporté la chose. Sans savoir ce que je manquais. Car je viens de terminer son superbe roman au titre peut-être un peu long, lequel risque d’être déformé pour cette raison, Les cascadeurs de l’amour n’ont pas droit au doublage, phrase tirée d’une des dernières pages de ce roman sur la passion et sur l’après-passion, quand les yeux voient clair.

Car c’est de cela qu’il s’agit. D’une analyse de la situation. D’un constat sans maquillage. De tout ce qu’il est possible de dire après et pas durant. Parce qu’on est obnubilé. Parce qu’on ne peut imaginer que notre belle histoire va finir par se casser la gueule même si elle en donne déjà tous les signes. Parce que maintenant que tout est (presque) fini, qu’il ne faut pas retomber dans les mêmes pièges.

« Tu as porté mon amour comme un vêtement préféré, élimé à force d’être lavé, comme un chemisier tout neuf qui émerveille par sa coupe, son motif, sa matière, et qui bientôt pâlit, s’effiloche, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus être récupéré et qu’on regrette le fait de l’avoir préservé », écrit la narratrice en s’adressant à celui qui est parti, lequel lui avait demandé qu’elle n’écrive jamais sur lui, sur eux.

Mais elle ne peut pas faire autrement. Il faut qu’elle reprenne pied. Qu’elle fasse le ménage dans cette vie qui a été si intimement mêlée à celle d’un autre qu’elle en a oublié qu’elle pouvait vivre hors de lui. D’ailleurs, écrit-elle encore, « Je ne sais pas si j’ai vécu cet amour pour pouvoir l’écrire, ou si je l’écris pour qu’il finisse par exister. »

Cela donne un roman vibrant. Un roman aux longues énumérations, à l’auto-examen sans concession, au retour sur les lieux, aux scènes qu’on revit une dernière fois avant de les jeter aux oubliettes en espérant qu’elles ne viennent pas nous hanter, aux objets qu’il faut ranger ou jeter pour éviter que nous nous attendrissions sur eux, et à l’effroyable vérité : passion et amour ne riment pas. Et pire encore : la passion peut provoquer un tel aveuglement que l’objet de notre passion peut aussi devenir un harceleur. Constat impitoyable sur la passion, le roman de Martine Delvaux est un roman bouleversant. Pour un autre regard, je vous invite à lire ce qu’en pense Lucie.

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