Un beau conte de fées
Il y avait longtemps que je n’avais eu en main un conte de fées contemporain mettant en vedette une princesse.
Et je suis tombée sous le charme de La princesse aux mains blanches dès la minute où elle a retiré les gants de dentelle blanche qu’on lui imposait afin de la « protéger des souillures de ce monde ».
Elle commença par toucher son propre corps, ses joues comme ses chevilles. Puis, ce furent ses poupées, ses oursons, ses livres. Mais cela ne lui suffit pas. Il lui fallut toucher le gazon, les sculptures, les animaux de toutes sortes, et même la boue. Et c’est la robe déchirée, les mains sales, qu’elle s’endormit avec un sourire qu’elle n’en avait jamais eu un auparavant.
Et je me suis rappelée la petite Lali qui n’avait pas peur d’être couverte de grains de sable. Et je me suis souvenue d’une amie, maman de deux garçons, qui passait son temps à leur laver les mains, à récurer le comptoir, à faire reluire le parquet. Je suis certaine qu’ils n’ont jamais mangé de brin d’herbe, caressé une chenille ou sauté à pieds joints dans de la boue toute fraîche, en raison de sa peur des microbes sous prétexte qu’ils étaient asthmatiques. Je crois que j’ai été une enfant plus heureuse qu’eux. Beaucoup plus heureuse qu’eux. Heureuse comme l’a été la Princesse aux mains blanches quand on a cessé d’avoir peur pour elle.
J’ai été séduite de la première à la dernière illustration de Gabrielle Guimard et par l’addition des découvertes de Gilles Tibo, à la manière de cette comptine de mon enfance qui commençait par Lundi matin… Ça vous rappelle quelque chose?