Suivez les traces, le tueur n’est pas loin
Il faudra désormais compter avec Anna Raymonde Gazaille quand on parlera de romans policiers québécois. Celle qui signe Traces n’est pourtant pas une amatrice du genre, malgré l’entrée réussie qu’elle fait sur la scène du crime montréalais.
Minutieuse, à l’affût du moindre détail, avec un sens aigu de l’observation et un talent sûr pour dresser des portraits, Anna Raymonde Gazaille nous présente petit à petit tous les protagonistes sans qu’on ne devine comment et quand leurs différents parcours s’entremêleront afin d’élucider le crime de départ, soit celui de Cécile Fournier, quinquagénaire à l’aise fréquentant les sites de rencontres, trouvée morte dans son appartement où toute trace de l’assassin semble avoir été effacée.
Mais il y a encore des traces des nombreuses rencontres de Cécile dans son ordinateur et dans son téléphone cellulaire, ce qui va donner passablement de travail à la jeune équipe du SPVM chargé de mener l’enquête et d’épingler le meurtrier.
Roman de mœurs autant que polar, Traces porte bien son titre. En effet, nous suivons pas à pas les traces laissées par Cécile sans savoir si elles mèneront quelque part, sans même avoir une idée si elles sont importantes ou s’il faut d’emblée en écarter certaines, et jusqu’où il faudra fouiller pour trouver la clé de l’énigme.
Et c’est là une des forces de ce roman : cette espèce d’éparpillement, d’accumulation de preuves, cette addition de personnages à certains égards bien ordinaires ou qui portent en eux quelque chose de louche si on s’attarde un peu à examiner certains détails pas toujours nets.
C’est donc avec un réel plaisir que la lectrice de romans policiers que j’ai été a dévoré le premier roman d’Anna Raymonde Gazaille. À tel point que j’ai envie de le recommander à nombre de lecteurs qui ont envie de lire un roman dont l’action se déroule à Montréal. La métropole culturelle y est bien dépeinte avec tout ce qu’elle recèle de beauté ou de laideur.