Tandis que grand-maman lit
Je possède, paraît-il, une mémoire hors du commun. Je n’y peux rien, mon grand-mère paternel avait ce don, ma mère et mon père l’ont aussi : ça doit venir de mes gènes. Mais malgré cette mémoire exceptionnelle, je ne retrouve aucune image qui puisse ressembler au tableau de Stephania Werner. Pas une. Pourtant, maman a dû, un jour ou l’autre, me lire des histoires. Ou alors aurait-elle laissé sa place à sa mère pour que celle-ci ait cette joie?
Je sais, et on me le répète encore aujourd’hui, que je menais ma grand-mère par le bout du nez. Rien n’était trop beau pour sa Cricri. Et je lui faisais monter les quatorze marches pour un oui ou pour un non, pour un verre d’eau, pour une chanson ou une histoire. Je crois aujourd’hui que ça devait plutôt être pour sa présence et les câlins.
N’empêche qu’il n’y a pas de maman lectrice d’histoires dans mes souvenirs. Mais une maman qui nous joue une valse de Brahms, une polonaise de Chopin, Für Elise ou du Mozart au piano tandis que grand-maman lit. Oui, je sais, j’ai été choyée.
J’ai le souvenir que les grand-mamans sont très douces, ont beaucoup de patience et des trésors cachés pour leurs petits-enfants tout comme la grand-maman de la splendide toile…
Grand-maman gâteau
Grand-maman gâteau est assise
Au fond de son fauteuil Empire
Grand-maman gâteau
Aujourd’hui jeudi a laissé son tricot
Près de la fenêtre, heureuse elle attend
Pour voir apparaître ses petits-enfants
On frappe au carreau
Voici vingt grands yeux et dix charmants sourires
Tout ça pour bientôt
Embrasser les joues de Grand-maman gâteau
Dis, Grand-maman, tu sais sans doute
Pourquoi les gens âgés toujours se tassent un peu
Et puis se voûtent ?
Mais oui, je le sais mes amours
Vous pensez peut-être seul le poids des ans
Mais non, s’ils penchent c’est pour être
Plus près de leurs petits-enfants
Grand-maman gâteau
Avec ses bambins fait de bonnes tartines
Grand-maman gâteau
Aime le jeu d’oie, la puce et le loto
Au gagnant elle glisse
Des bonbons fameux
De miel ou de réglisse
Qu’elle garde pour eux
Et si les petiots
Ont eu tour à tour les dents qui vont partir
C’est pour avoir trop
Mangé les bonbons de Grand-maman gâteau
Grand-maman dans sa jeunesse
Allais-tu quelque fois au bal ?
Oui mes enfants, je le confesse
Et je ne dansais pas trop mal
Je brûlais de plaire au Prince Charmant
Un Prince ! Oh, raconte grand-mère !
Comme dans la Belle au Bois Dormant ?
Grand-maman gâteau
Connaît des récits
Des contes de toutes sortes
Grand-maman gâteau
Bouche bée on l’écoute
On n’en perd pas un mot
Ensuite elle chante
De très vieux refrains
Mais sa voix tremblante
Peu à peu s’éteint
Et les yeux mi-clos
Tandis qu’elle s’endort
Doucement les enfants sortent
A jeudi tantôt
Faites de beaux rêves
Grand-maman gâteau !
Paroles de chanson de Lina Margy
Comment by Denise — 11 février 2008 @ 9:24