Quelques jours à Plouharnel un certain juillet 1992
La lumière qui entre dans l’appartement ce matin me rappelle celle d’un matin de fin juillet à Plouharnel. Elle a ce même doré qui éclairait la chambre que m’avait réservée Jacqueline en Bretagne. La maison était belle et ressemblait à celle-ci, si on ajoute çà et là une profusion d’hortensias. Cette image est restée dans ma tête, intacte, ou peut-être embellie, je n’en suis pas certaine, même si elle date de quatorze ans.
Je n’ai pas revu la Bretagne depuis. Et quand je pense à elle, à MA Bretagne, puisque quiconque la visite et l’aime se l’approprie, c’est souvent à Plouharnel que je pense, au tour de bateau avec Pierre, Rafaël et Jacqueline, au plateau de fruits de mer et à mes promenades toutes seules.
Seule destination: l’eau. Et je restais là des heures, à lire, à écrire, à écouter de la musique. Plus rien n’existait que ce paysage dans lequel je m’incorporais et tentais d’oublier une récente déception sentimentale. Et je crois bien que toutes ces minutes passées là, à regarder les vagues et à rester dans ma bulle ont réussi à me guérir.
La mer me manque. Il me semble que si elle était à proximité, ou du moins plus près, je pourrais parfois partir et aller y déposer le trop plein de ces émotions qui me gagnent et dont je ne ne veux pas, pour ne conserver que la légèreté et la joie de vivre. Alors, je regarde les cartes postales et les photos, et je tente du mieux que je peux d’entrer dans le paysage. Et parfois, ça fonctionne.
Ce matin, j’ai laissé ici dans ces photos de Plouharnel un peu de ce qui m’a fait mal hier. Et c’est le cœur un peu moins lourd que je vais aller déjeuner au restaurant.