Morceau par morceau, le Mont Saint-Michel et mes souvenirs
Se retrouver sans emploi, alors qu’on a toujours travaillé, n’est pas une situation enviable. On a beau se dire que c’est une situation temporaire, qu’on va se faire une nouvelle place au soleil, il n’en reste pas moins qu’il est difficile d’être assis entre deux chaises.
Les activités quotidiennes, comme la lecture des nouveaux emplois disponibles et l’envoi de CV, ont quelque chose de motivant et de lassant à la fois. Car, autant il y a de l’espoir quand soudain apparaît quelque chose qui semble dans ses cordes, autant chaque envoi est une bouteille à la mer dont on ne sait si elle titillera suffisament le destinataire pour qu’il donne suite.
Alors, il y a parfois l’impression de tourner en rond. Bien sûr, je pourrais en profiter pour commencer le ménage de printemps. Je pourrais aussi enfin faire le tri de tout ce dont je n’ai plus usage pour organiser une vente ou le donner. Je pourrais aussi m’occuper de la paperasserie qui traîne. Je pourrais aussi peinturer la salle de bain et laver les stores du bureau. Mais pas envie.
Il y a des jours où la plus petite chose est lourde à porter. Où quoiqu’on fasse, on n’arrivera à rien, parce que ce n’est pas un bon jour. Je n’ai mis que deux choses au programme du jour. C’est réglé. Mais il y a en moi une insatisfaction. Je sais que je devrais – ou pourrais – faire davantage, mais je me bute à ma fatigue intellectuelle. Tout me paraît trop lourd, aujourd’hui.
J’arrive à me concentrer juste assez pour faire des casse-tête sur le net, c’est dire. Et heureusement, car cela me permet de m’évader que de construire morceau par morceau les villes du monde que j’ai aimées. Et un des beaux moments de mes pauses puzzle a été de me retrouver au Mont Saint-Michel.
Juillet 1988, avec Chantal et Olivier, son jeune frère. Un bel après-midi très chaud à gravir les pentes qui mènent au sommet et à nous extasier devant les pierres et le paysage qui se glissait entre les maisons.
Il est tant d’endroits magnifiques sur cette planète, tant de sites et de villes qui me rappellent d’heureux souvenirs. Et il est bien qu’il en soit ainsi. Car s’il m’arrive de perdre espoir, je peux toujours me réfugier dans ces souvenirs de bonheur. Et comme j’en possède une galerie, ce n’est pas demain la veille que je serai totalement démunie.