Marie Solitude
Marie aime bien être seule, faire des activités qui ne demandent nullement de se faire à deux ou à plusieurs, et recherche même celles-ci, au grand désarroi de ses parents. Ceux-ci sont tellement entourés d’amis qu’ils ne comprennent pas comment leur fille unique peut préférer la solitude. Il faut donc remédier à ce « problème » par tous les moyens. Mais Marie n’apprécie pas qu’on prenne trop de place et qu’on nuise à son imagination.
Toutes les tentatives visant à ce que leur fille se sociabilise se soldent par un échec cuisant. Marie est bien… toute seule. Et pas autrement. Enfin, pas tout à fait. Il suffisait de lui trouver l’ami idéal : un chat.
Nathalie Ferraris propose un regard sur ces enfants qui fonctionnent bien (voire mieux) seuls plutôt qu’accompagnés. Souvent pointés du doigt, parce qu’on les imagine un jour ermites ou même pires, ces enfant n’ont pourtant rien d’effrayant ou d’anormal. Je le dis haut et fort, puisque j’étais ainsi. Mais heureusement, ma mère a vite compris à qui elle avait affaire après un anniversaire souligné avec faste et nombreux invités. Les bougies soufflées, le gâteau mangé, les cadeaux déballés, je lui avais demandé à quelle heure ceux-ci allaient s’en aller. Je les avais assez vus. Ce fut la seule fois qu’elle me fêta.
C’est donc dire à quel point je me suis reconnue dans Marie Solitude. Je n’ai pas beaucoup changé depuis mes trois ans. J’ai juste appris à dompter mes instincts de sauvageonne et à équilibrer par un dosage qui me convient le temps passé en duo ou en groupe, et celui passé toute seule. Et je crois que ça marche. Personne ne sait qu’un certain seuil franchi je deviens une grincheuse malcommode. Je sais partir avant que ça n’arrive. Comme Marie Solitude. Que bien de parents, et pas seulement des enfants, devraient lire. Aimer la solitude n’est pas une tare.