Les vers de Tahar 8
Sur le sein nu d’une jeune fille endormie
le matin s’est lentement posé.
Une caresse, un baiser défendu
à l’insu de la nuit retirant l’étoffe du songe.
Sur l’épaule la blanche écume du jour
souvenir de l’ultime étreinte
brûlure d’un souffle silencieux
corps solitaire que la lumière soumet
nudité fière enlacée par la chaleur
en cet océan de sables secrets.
Point de douceur en cette passion sans témoin
le feu et la langue lèchent les pieds et la roche
le genou légèrement plié donne de l’ombre
au ventre lisse et ardent des sables.
Et moi je veille sur la colline,
la poussière du temps sur les paupières
sur le désir.
Tahar Ben Jelloun, Le discours du chameau suivi de Jénine et autres poèmes
*choix de la lectrice de Maria Charlotta Louisa Fritzlin