Les machines à écrire de la librairie
Mon ami Armando fréquente de façon régulière la Livraria Déjà Lu de Cascais, où il fait chaque fois des trouvailles. Et en plus c’est pour une bonne cause. Je lui laisse le soin de vous l’expliquer dans un commentaire.
Pour l’heure, voici quelques machines à écrire qu’il y a photographiées. Pour le bonheur de me faire plaisir.
Je ne connais pas de libraire plus universelle que Déjà Lu. Et pourtant, Lègba (1) sait combien je m’attarde dans la première librairie seconde main que j’ai le bonheur de croiser, comme un ivrogne qui se perd dans un bistrot mal entretenu.
Les livres seconde main portent en eux la magie, pudique et silencieuse, d’avoir connu d’autres mains, d’autres émerveillements, d’autres bonheurs, d’autres étagères paisibles, d’autres larmes. Et un foisonnement de sourires aussi.
Les livres transportent en eux cette fenêtre ouverte sur un monde inconnu, où on laisse rentrer, sans s »en rendre compte, la douce mélodie de la connaissance. Personne ne pourra me dire qu’elle est restée la même après la lecture d’un livre. Sauf si elle aussi bonne menteuse que moi.
Chez Déjà Lu, les bouquins en langues diverses et abordant diverses thématiques attendent, comme des orphelins immobiles, que des mains et de regards viennent leur donner leur raison d’exister. On se promène, comme dans un jardin de mots, on sourit, on s’égare avec le même enchantement de Picasso ou Dali à Sartre ou encore Octávio Paz, Gabriel Garcia Marquez ou Alice Munro. On s’en va de l’architecture moderne aux pavés de Lisbonne avec la même aisance qu’on voyage de Madère à Vienne ou à Trois-Rivières où les murs embellis de poésies ensoleillent encore mes souvenirs.
Et puis, Déjà Lu est une librairie solidaire. Des anonymes viennent déposer gratuitement les livres qu’ils ne lisent plus ou qu’ils sont prêts à transmettre à d’autres pour qu’ils ne s’endorment pas dans l’oubli poussiéreux d’une étagère, et puis, ils sont mis en vente pour une somme dérisoire et les ventes repartent à 100% vers des institutions qui oeuvrent pour la promotion de personnes atteintes de Trisomie 21.
Les machines à écrire sont en quelque sorte « la cerise sur le bouquin ». On les croise au fil de nos promenades. Moi, à qui une vieille et un peu rouillée machine à écrire, achetée dans un marché aux puces à Bruxelles, a changé la vie, ne peux que les regarder avec reconnaissance jusqu’à la fin de mes jours. Et puis, ce qui n’est plus un secret, je partage avec Christine/Lali ce même bonheur.
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(1) le Dieu des écrivains pour l’écrivain québécois, d’origine haïtienne, Dany Laferrière
Comment by Armando — 18 octobre 2023 @ 2:07
Merci Armando!
Il faudrait davantage de librairies comme celle-ci!
Comment by Lali — 18 octobre 2023 @ 5:55