Les aventures de Monsieur Brecht
Quand l’écrivain portugais Gonçalo M. Tavares a créé le Bairro pour les besoins de Monsieur Valéry, il ne savait pas que ce lieu fictif, « un espace utopique, parallèle au monde normal, une île dans laquelle le monde mental a une présence supérieure au réel », a-t-il affirmé à Alain Nicolas dans un entretien qu’il lui a accordé en 2010, allait devenir le décor de quatre livres parus et de 37 à venir, puisque Tavares a en tête 41 écrivains à qui il compte prêter vie.
Dans Monsieur Brecht et le succès, le quatrième titre de cette série fantaisiste, qu’on dit proche de Kafka, ce que je ne contredirai pas, mais que je trouve tout aussi proche du surréalisme belge de Jacques Sternberg, sont réunies des nouvelles désopilantes, mordantes, voire cyniques, qui semblent tout droit sorties d’un humour noir qui a tout pour me plaire. Inutile dont de préciser que je risque fort de lire les aventures de tous les personnages de cette série (Valéry, Calvino et Krauss), maintenant que j’ai dévoré avec une gourmandise évidente celles de M. Brecht.
À titre d’exemple, voici une des nouvelles :
Liberté de choix
C’était une librairie qui ne vendait qu’un seul livre. On y trouvait cent mille exemplaires numérotés du même livre. Comme dans n’importe quelle autre librairie, les clients prenaient leur temps, hésitaient entre tel et tel numéro.