Lali

31 mai 2013

Les amis de Bernhard

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 20:22

C’est en 1932 que paraissait Freunde um Bernhard, le premier roman de la journaliste zurichoise Annemarie Schwarzenbach, lequel a été traduit en français en 2012 par Nicole Le Bris et Dominique Laure Miermont et édité chez Phébus sous le titre Les amis de Bernhard.

Largement inspiré par sa propre vie, le premier roman de celle qui accompagna Ella Maillart en Afghanistan et à qui Carson McCullers qui s’était éprise d’elle dédia un de ses romans, est d’abord et avant tout un roman de mœurs. Autour d’une narratrice omniprésente gravitent des hommes, des femmes, à la recherche de bonheur et d’un sens à leur vie, lequel passe bien souvent par une quête artistique, plus spécifiquement musicale ou picturale. Le regard de celle-ci est d’abord braqué sur Bernhard, un jeune pianiste aimé de tous, des femmes comme des hommes, pour qui la musique de Bach n’a pas d’égale et qui aspire à une certaine réussite professionnelle sans toutefois que cela devienne une obsession. Puis il se porte sur chacun de ceux qui l’entourent, souvent fragiles et troublés, dont le quotidien a quelque chose d’instable voire de friable, la plupart d’entre eux étant issus de la petite bourgeoisie et préférant la vie de bohème et la fête au sérieux des études et d’une vie réglée.

Lorsque le roman paraît, son auteure n’a que 24 ans. Elle a pourtant déjà le regard aiguisé de quelqu’un qui a vécu et n’est pas restée à la surface des choses. Il faut dire que dès l’âge de 19 ans elle quitte le cocon familial pour Paris afin d’y étudier la littérature et que trois ans plus tard elle fréquente les excentriques Thomas et Erika Mann, qu’on retrouve dans Les amis de Bernhard à peine dissimulés sous les traits de Christina et de Leon.

Éprise de liberté, à l’instar de ses personnages qui ne veulent appartenir ni à une classe ni à personne, Annemarie Schwarzenbach dresse ici le portrait d’une jeunesse privilégiée à l’aube des années 1930 avant la montée de tous ces mouvements qui allaient changer l’ordre du monde et anéantir les rêves de plus d’une génération alors que nombre de pays se remettaient à peine d’une crise économique en écoutant du jazz.

Dix ans après la parution des Amis de Bernhard, Annemarie Schwarzenbach meurt des suites d’une chute à bicyclette non sans avoir laissé des poèmes, des nouvelles et des photographies, et inspiré plus d’un, de son vivant et depuis. Notamment la réalisatrice Carole Bonstein qui signait en 2000 le documentaire Annemarie Schwarzenbach : Une Suisse rebelle.

Titre pour le Défi Premier Roman

et pour le Challenge Des mots et des notes challenge-des-notes-et-des-mots-4.jpg

Un commentaire »

  1. Tu me fais découvrir quelque chose ! Un roman et une personnalité.

    Comment by Anne — 1 juin 2013 @ 14:13

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire