Le thé du mardi
Tous les mardis, la lectrice de Robert Stubner va prendre le thé. Tous les mardis, sans exception. Depuis quelque temps, on ne saurait dire depuis quand, précisément. On sait juste qu’elle est là tous les mardis, qu’elle décore son seul chapeau de rubans, de fausses perles, de morceaux de tissus, de dentelles, pour chaque fois faire illusion et se donner l’impression de porter un chapeau tout neuf. Et on la complimente. On regarde sa parure et sa grâce tandis qu’elle tourne les pages du même livre. Mardi après mardi. Puis, elle enfile ses gants. Elle rentre en marchant. Elle a une semaine devant elle pour se faire un nouveau chapeau.
Sur le chemin du retour, la lectrice sait déjà de quelle façon elle va décorer son chapeau pour mardi prochain. Dans ses trésors, elle va trouver un joli ruban, très fin et aussi une voilette.
Elle a vu cela dans les magazines. Pourquoi pas se dit-elle, il paraît que cela fait distingué. Et lorsque le serveur viendra prendre sa commande, d’un geste très gracieux, elle soulèvera juste un bout de son voile transparent.
Comment by Denise Rossetti — 21 novembre 2007 @ 5:48