Lali

5 janvier 2025

En vos mots 924

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Pour ce premier dimanche de l’année, je vous propose de rester au chaud, en compagnie de la lectrice de l’artiste allemande Nicole Gebel.

Que lit-elle? Que lisez-vous en ce moment? À vous de nous le dire, en vos mots, comme vous le faites semaine après semaine. C’est toujours un bonheur de vous lire. Et, comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc amplement le temps de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, de les commenter si vous le souhaitez, et d’écrire quelques lignes.

D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.

2 commentaires »

  1. Quel bonheur de disposer de temps pour lire! Catherine en a eu si peu au cours de l’année écoulée. Elle a eu tant de choses à gérer. D’abord une recherche de logement, le bail de son ancien appartement touchant à sa fin. Puis le déménagement, tout en assumant au travail nombre d’heures supplémentaires. Et enfin l’emménagement, dans ce lieu où elle se plaît finalement mieux que dans l’ancien, heureusement. Mais tout cela a duré des mois.
    Pour la première fois, et cela lui est d’un immense ravissement, son logis lui offre un espace dédié uniquement aux livres. Une véritable bibliothèque! A vrai dire, c’est cette pièce qui l’a surtout dirigée dans son choix, même si tout ici lui a directement plu. Une pièce à vivre lumineuse, une grande cuisine, un joli balcon. Seule sa chambre est un peu exiguë. Mais elle a bien sûr gardé sans hésiter la plus grande pour célébrer son amour de la lecture.
    Combien de caisses de livres avait-il fallu transporter! Avant, elle les déposait ici et là où elle le pouvait, et ne se rendait pas vraiment compte de leur volume, de leur nombre. Elle avait souffert de les voir ainsi dispersés. Maltraités. De ne pas pouvoir les mettre en valeur.
    En s’installant ici, elle a passé un temps délicieux et infini à les ordonner, tous ces ouvrages, sur les rayonnages bien dépoussiérés des grands meubles dénichés par miracle en occasion chez un revendeur. Ce rangement n’est d’ailleurs pas tout à fait terminé: quelques piles jonchent encore artistement le plancher. Mais maintenant enfin, à la faveur de quelques jours de congé pris pour la fin de l’année, elle jouit de la joie de se poser sans remords dans le grand fauteuil jaune, un roman à la main. Avec à portée sa chère théière Copenhague, qui la suit partout. Elle ne possède pas les tasses assorties, mais ce n’est pas grave. Un jour peut-être, elle en trouvera. Car elle va retrouver le temps de chiner aussi, à présent. Un autre plaisir. Pour le moment cependant, le temps est à rester au chaud, en appréciant totalement le confort magnifique de son nouvel habitat.

    Comment by anémone — 7 janvier 2025 @ 18:31

  2. Ne rien oublier. Je voudrais ne rien oublier. Jamais. Coudre d’un même fil les morceaux éparpillés de mes solitudes. Les décembres sans Noël. Les janvier sans anniversaires. Les fêtes des Mères sans fleurs. Et le paquet désordonné des photos désuètes qu’on oublie dans dans une vieille boîte en carton et qu’on ne ressort que certains soirs, autour d’une amitié chaleureuse et de quelques verres.

    Je voudrais ne rien oublier. Les pieds nus dans la morsure de l’hiver. La rangée de lits alignés dans le dortoir sans âme. Les punitions imbéciles. Les appels au secours. L’absence. La douleur d’être seul. La faim. Le froid. Les poings serrés. La haine.

    Ne rien oublier. Ne jamais rien oublier. Ni tous ces livres à moitié lus, ni les poètes et troubadours que j’ai chantés. Comme un oiseau blessé qui rêve de printemps avant la fin de l’hiver.

    Ne rien oublier des mots que j’ai pu dire. Toutes ces milliers de fois où j’ai juré qu’on ne me prendrait jamais au piège des beaux sentiments égarés dans les pages des Dickens et autres Andersen. Et c’est très bien.

    Ne rien oublier de ce regard d’enfant meurtri par le malentendu de naître. Les heures où seules mes larmes m’ont tenu compagnie. Fidèles. Jusqu’à l’aube.

    Je m’étais promis de ne jamais rien oublier. Je n’ai jamais cru qu’il suffisait de quelques flocons de neige pour réparer nos cœurs. Les histoires à la Marie-Aude Murail ou Hector Malot ne sont que des mots habillés pour nous émouvoir. De belles histoires à faire rêver. Mais il arrive que les rencontres inespérées soient capables de soigner le cœur.

    Ces rencontres d’un instant qui font que le lendemain de nos vies n’est plus pareil. Elles nous laissent comme une envie de tout effacer de nos mémoires pour vivre sans le poids de nos souvenirs, mais uniquement par la promesse d’un avenir qui nous laisse croire que nos insignifiantes vies ont aussi de l’importance au-delà de nous- mêmes.

    Puis, après tout. Je m’étais promis de ne jamais rien oublier. Autant ne plus perdre de temps…

    Comment by Armando — 8 janvier 2025 @ 5:04

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