Le lecteur désarticulé
Pantin à la vie désartIculée, vidé de lui, vidé de la sève qui le faisait écrire, le lecteur de Jerry Ross Barrish s’est peut-être arrêté pour toujours à l’automne de sa vie sur les phrases d’Octavio Paz (tirées de Liberté sur parole) qui ne parlent que de lui en même temps qu’ils racontent les jours du poète en mal de mots :
Je commence et recommence. Mais je n’avance pas. Chaque fois qu’elle atteint les lettres fatales, la plume recule : un interdit implacable me ferme le chemin. Hier, investi des pleins pouvoirs, j’écrivais sans peine, sur la première feuille disponible : un fragment de ciel, un mur (impavide devant le soleil et mes yeux), un pré, un autre corps. Tout me servait : l’écriture du vent, celle des oiseaux, l’eau, la pierre. Adolescence, terre labourée par une idée fixe, corps tatoué d’images, cicatrices resplendissantes. L’automne menait paître de grands fleuves, accumulait des splendeurs sur les sommets, sculptait des plénitudes dans la vallée de Mexico, phrases immortelles gravées par la lumière dans les roches pures de l’étonnement.
Aujourd’hui, je lutte seul avec une parole. Celle qui m’appartient, celle à laquelle j’appartiens : pile ou face, aigle ou soleil?
Comme elle est belle cette dernière phrase !
Comment by JCMian — 20 novembre 2007 @ 5:47
« Il nous faut peu de mots pour exprimer l’essentiel ».
[Paul Eluard]
Comment by Denise Rossetti — 20 novembre 2007 @ 7:42