Lali

18 mars 2006

Le jour où j’ai rencontré Thomas Gunzig

Filed under: Mes lectures belges — Lali @ 8:43

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J’ai rencontré l’écrivain belge Thomas Gunzig à Montréal, lors de son passage au salon du livre de Montréal, en novembre dernier. Longtemps libraire, auteur de nouvelles et de romans pour les jeunes, tout comme moi, il y avait dans son parcours assez de similitudes avec le mien pour que je puisse l’aborder facilement. Et ce fut aisé, malgré la grande timidité de Thomas, que je n’aurais jamais pu appeler autrement que par son prénom, avec son air de grand ado émerveillé malgré ses quelque 35 ans.

C’est un écrivain passionné qui s’est assis avec moi. Un homme qui rêve d’une maison avec au dernier étage un atelier où écrire, celui-là entouré de fenêtres, pour pouvoir voir ses enfants jouer au jardin. Un homme qui a encore à écrire autant pour les grands que pour les petits. Un homme pour qui la nouvelle n’est pas un genre mineur, même si récemment il a davantage lorgné du côté du roman que de la nouvelle.

Et lectrice et auteure de nouvelles, je m’emballe quand il s’agit de défendre le genre, de dire à quel point les nouvelles permettent rapidement, d’entrée de jeu, de plonger dans des univers et des situations, sans qu’il soit besoin de grande mise en situation. Il faut, pour qu’une nouvelle soit réussie, aller à l’essentiel, ne pas laisser le lecteur se perdre dans les dédales de détails futiles, mais bien lui donner juste les renseignements nécessaires. Il est, selon moi, bien plus difficile de couper dans un paragraphe que d’en rajouter. Ce qui semble être aussi l’avis de Thomas.

Lui qui a été longtemps libraire, maintenant au Castor Astral, où il tâte de l’édition, est aussi un lecteur passionné, même s’il ne lui reste plus beaucoup de temps à lui entre le travail, l’écriture et la famille, qui constituent les trois pôles de son univers. Il s’étonne, bien entendu, de ma curiosité pour la littérature belge, et même, va jusqu’à avouer que j’ai sûrement plus lu ses confrères écrivains que lui. Ce qui me fait sourire: me voilà démasquée, je suis belgophile.

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Des trois recueils de nouvelles de Thomas Gunzig que j’ai lus, je retiens le côté insolite. La jungle hétéroclite et humaine qu’on retrouve dans Le plus petit zoo du monde. Minitrip, personnage central, femme aux mille aspects à qui arrivent toutes les aventures, dans Il y avait quelque chose dans le noir que je n’avais pas vu.

Mais c’est Carbowaterstoemp et autres spécialités que j’ai préféré. Particulièrment la nouvelle intitulée « Le grand duc », qui porte un regard cynique sur la situation d’un immigré africain en Belgique. Mais un regard de biais, aussi, avec beaucoup d’amour et d’empathie pour ce pays dont il a rêvé à cause de Julos Beaucarne, dont il fait un des personnages de la nouvelle. Il fallait oser, il l’a fait.

Belle rencontre que celle avec Thomas. De celles qui font d’un jour de novembre froid et gris une belle journée d’été. Peut-être à cause de ce petit mot qu’il a écrit à mon intention: « À C…, celle qui aurait dû être wallonne.» Oui, décidément, il comprend bien des choses, ce Thomas.

3 commentaires »

  1. As-tu lu Caroline Lamarche ?
    Elle a d’emblée été publiée au Editions de Minuit puis chez Gallimard !
    Quand je l’ai connue, il y a une quinzaine d’années si ma mémoire est bonne, elle n’avait rien publié encore : elle rédigeait – admirablement- les procès verbaux des réunions de notre petit groupe de défense du Parc Solvay (quoi ? Encore lui ?) au moment ou celui-ci menaçait d’être privatisé par les héritiers.
    Ce qui m’épate le plus, dans son écriture, c’est le choix des mots, l’art de trouver le mot adéquat. Quant au contenu, je suis partagée en ce qui concerne « Lettres du pays froid » et « Carnets d’une soumise de Province »et j’aimerais bien en discuter avec toi. J’ai aimé sans réserve « La nuit l’après-midi » et « Le jour du chien ».
    J’arrête là car ce soir, le petit marchand de sable est venu en avance on dirait…
    Bisous
    NB : s’il y a des livres d’auteurs belges que tu ne peux te procurer chez toi n’hésites pas à me les demander.

    Comment by marianne — 13 septembre 2006 @ 15:42

  2. J’ai lu un seul livre de Caroline Lamarche, »Carnets d’une soumise de province » que j’ai trouvé assez troublant par son sujet, mais dont l’écriture est séduisante, il n’y a d’autre mot, je crois, pour mieux la définir.
    Sur tes conseils, je vais me procurer les deux qui t’ont emballée. Je sens que ça va être un formidable échange que de de parler de cette auteure qui affirme:
    « On me demande souvent si mes histoires sont “ purement imaginaires ”. Plutôt que de m’empêtrer dans ces justifications bizarres que le public ne réclame qu’aux auteurs féminins, j’affirme qu’elles sont un “ résultat ”, à savoir : Tout ce qui arrive, commence à exister à la suite et comme effet de quelque chose, avec un caractère durable. (Le Petit Robert).
    Je ne me prononcerai pas sur le caractère durable de mes créations. Mais qu’il y ait, dans le moindre de mes actes, une tyrannie du résultat, et que ce résultat soit l’écriture, c’est un fait évident. La vie et l’art entretiennent un rapport de pouvoir. Quant à savoir qui domine l’autre… »

    Comment by Lali — 13 septembre 2006 @ 22:10

  3. Oui, je connais cette phrase…
    Je me dois d’apporter quelques précisions à mon commentaire d’hier.
    Ayant lu « L’ours » il y a un bon bout de temps déjà, le contenu est devenu relativement imprécis dans ma mémoire. Je me rappelle avoir adoré l’écriture, comme toujours et si l’atmosphère troublante de l’histoire m’avait déjà laissée songeuse, dans le cas de « L’ours » ce n’était pas dérangeant du tout, loin de là.
    Par contre, la personnalité de la narratrice est très équivoque dans « Lettres du pays froid » et l’attitude de cette dernière, assez irresponsable, me semble t’il dans sa relation avec le personnage principal masculin. J’ai éprouvé un réel malaise à la fin de ma lecture. J’aurais été curieuse de savoir si d’autres partageaient mon sentiment.
    Voilà pourquoi « Le jour du chien », qui n’est pas centré sur une seule narratrice m’a plu bien davantage.
    Marianne

    NB : tu m’as donné bien envie de lire « Petite révision du ciel » d’Elisa Brune !

    Comment by marianne — 14 septembre 2006 @ 12:54

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