Lali et les livres
Je ne sais que ça, les livres, ceux qui nous parlent, ceux qui nous mènent hors du temps, ceux qui nous troublent, ceux qui nous ramènent à nous, ceux qui nous font sourire, ceux qui nous emportent ailleurs, ceux qui changent les perspectives et les idées reçues, ceux qui nous inspirent, ceux qui nous déroutent.
Depuis toujours, ils ont été mon refuge, ma lumière.
Ils ont fait de moi ce que je suis. En grande partie.
Faire la liste de tous les livres qui m’ont transformée relèverait de l’exploit. Il y en a trop, de trop, comme on dit en pays wallon.
D’ailleurs, quand on me demande lequel j’apporterais sur une île déserte, je ne sais jamais ce que je dois répondre. Privilégier l’un plutôt que l’autre ? Prendre la chance de me lasser de celui que je choisirais alors que je le pensais capable de me tenir compagnie ad vitam aeternam ? Opération trop risquée que de choisir de la fiction comme de la poésie, autant pour un essai.
Sur une île déserte, ne reste qu’un choix. Un dictionnaire, je n’en vois pas d’autre. Car de tous les livres, c’est le seul qui nous épuisera avant de s’épuiser lui-même. Qui nous donnera à apprendre, à rêver… Et assez solide pour durer, pour servir d’oreiller ou de table, au besoin ! Oui, sur une île déserte, il me faudrait un dictionnaire, je maintiens.
Mais pour la terre ferme, puisque j’y suis encore, je prendrai les autres.
Quelques-uns. Je découvrirai, je relirai. Je partirai en voyage avec les mots et les histoires.
J’irai au hasard des couvertures, des résumés. Loin des modes, de préférence.
Et si je me trompe, que le livre est muet, j’en tirerai un autre d’une de ces piles qui constituent mon désordre organisé.
Je cherche souvent mes clés, j’ai perdu nombre de parapluies, j’ai laissé des lunettes de soleil ici et là, mais je sais une chose: si devant vous je déballe le contenu de mon sac, il y aura toujours un livre.
Je ne sais que ça, les livres.
Un petit regard du côté des archives pour essayer d’en savoir un peu plus…Je suis impatiente de trouver des réponses à mes questions…et l’allusion au pays wallon me taraude encore plus !
Ceci étant dit, j’aime beaucoup ce texte. Et pourquoi ne pas supprimer la négation ? Je sais ça, les livres. Oser le dire. Après tout, c’est un savoir inestimable. Et partagé.
Comment by Petit Poucet rêveur — 9 septembre 2008 @ 14:41
Lali, quand tu maintiens qu’un dictionnaire serait le seul livre indispensable sur une île déserte….
Que ton choix est judicieux ! Je me souviens de ce très beau passage d’ Ingrid Bétancourt dans Lettres à Maman par-delà l’enfer :
» Mamita, c’est un moment très dur pour moi…. je t’écris, mon âme tendue sur ce papier…
Ici dans la jungle, l’unique réponse à tout est « non ».
Mieux vaut donc ne rien vouloir pour demeurer au moins libre de désirs.
Cela fait trois ans que je demande un dictionnaire encyclopédique pour lire quelque chose, apprendre, maintenir vive la curiosité intellectuelle.
Je continue à espérer qu’au moins par compassion, ils m’en procureront un,mais il ne vaut mieux pas y penser.
Ici, chaque chose est un miracle. «
Comment by chantal — 10 septembre 2008 @ 16:26
Un dictionnaire, bonne idée! Cette question, je me la suis justement posée hier, ainsi que ma mère avec qui je discutais… Et trouver un livre unique s’est avéré difficile, bien entendu. Mais nous n’avons même pas envisagé le problème de la lassitude, et pourtant, ça me semble essentiel… Un dictionnaire, c’est donc une bonne idée =)
Par contre, je crois que je manquerais d’une bonne intrigue à lire…
Question difficile, tout de même.
Effectivement, mieux vaut lire les livres ici, au gré des envies, des occasions, des découvertes…
(Au fait, j’aime la référence à « de trop »!)
Comment by Milie — 16 mars 2011 @ 16:05