La vie jazz de Boris Vian
« Lorsque vous écrivez, vous choisissez le meilleur angle d’attaque, de préférence à l’oblique, comme pour nous annoncer votre départ anticipé. Dès lors, plus rien ne vous arrête. Vous fixez votre encrier d’un air entendu et négligez du même coup toute tentative de repentir. Inséparable de votre pick-up portatif, de vos disques vinyles et de vos partitions préférées, vous écoutez du jazz à toute heure du jour et de la nuit, vous swinguez sur la langue française que vous agrémentez de trouvailles à point nommé. Vous prenez l’inspiration par la peau du cou dès qu’elle frappe à votre porte et vous négligez avec tact toutes les théories sur le pourquoi et le comment de votre métier. »
C’est en ces mots que s’adresse Valère-Marie Marchand dans la préface destinée à Boris Vian, qui tient son prénom de Boris Godounov, dans Boris Vian le sourire créateur — dont je vous entretiendrai quand j’en aurai fini la lecture. Mais cela pourrait aussi servir de présentation au film de Philippe Kohly intitulé Boris Vian la vie jazz, que j’ai eu récemment l’occasion de voir au Festival International du Film sur l’Art et qui est offert en DVD en Europe et dont vous pouvez voir des extraits ici. Film qui a d’ailleurs remporté le Prix du meilleur film pour la télévision à ce même festival.
Vie jazz. Jazz pour ces vies à 100 à l’heure, s’imbriquant les unes dans les autres. Jazz pour cette ligne directrice vers laquelle sont allées tous les sentiers. Jazz pour dire la passion, la créativité, le non-conformisme, l’avant-gardisme de celui qui fut le trouble-fête des bien-pensants.
Le film de Philippe Kohly est une belle réussite et nous dévoile — notamment grâce à des films d’archives — toutes les vies de celui qui, enfant, a eu pour copain Yehudi Menuhin, qui aimait les belles voitures, les fêtes, la musique, l’écriture, si bien qu’il signa de nombre de pseudos ses écrits en tout genre.
Oui, une belle réussite, même si je l’avoue, j’étais gagnée d’avance, connaissant déjà les diverses facettes de cet homme-orchestre mort trop jeune.