En vos mots 903
Heureusement que j’ai une provision de livres à lire, à l’instar de la lectrice imaginée par David van der Veen. En effet, comme Covid et sorties ne vont pas de pair, je n’irai pas au cinéma, je n’irai pas manger au restaurant et je ne verrai personne jusqu »à nouvel ordre. Lecture et musique seront donc au programme quotidiennement jusqu’à ce qu’un test se révèle négatif.
Ce n’est pas que ce programme m’ennuie, mais j’avais espéré autre chose pour mes vacances. Mais bon. Ce repos forcé aura sûrement du bon.
Pour l’heure, je vous propose de faire vivre en vos mots cette lectrice aux nombreuses piles de livres. Aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Cela vous laisse donc plus que le temps d’écrire quelques lignes et de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier. Et même de les commenter, si vous le souhaitez.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Ce n’est pas qu’elle se réjouisse, car la fièvre lui donne la nausée et la voilà pour plusieurs jours, voire pour une ou deux semaines cloîtrée. Mais malgré la fatigue qui l’étreint et la toux qui la secoue, elle sent en elle poindre la joie. Une joie énorme même. Car elle va enfin pouvoir venir à bout de quelques-unes de ses piles de livres à lire!
Comment by anémone — 15 août 2024 @ 7:16
Lisboa, 18 août 2024
Ma chère B.,
C’est la nuit que je brode mes plus beaux mensonges. Comme Bashung. La nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine, chantait-il.
Et je « chantouille » parfois que la nuit est si belle et pleine de mensonges. Par plaisir. Pour chasser ma solitude. Pour entendre le son de ma voix. Je n’ai pas encore décidé laquelle je prendrai. La voix , la solitude ou le plaisir. Je le ferai sûrement plus tard. Pour l’instant je veux rester le maître des chemins imaginaires de mes nuits.
Ces mêmes nuits où les cendres du jour descendent mollement et dansent à la lune, comme l’a si joliment écrit Anna de Noailles, qu’il me semble entendre rien qu’en posant mon regard sur le dos d’un livre de poésie qui sommeille sur l’étagère.
Là où coexistent des bouts de mots, de diffuses images, d’histoires à découvrir. Autant de croquis de mes rêves ou de mes silences. Les mémoires d’Hadrien, ou Le ciel par-dessus le toit, et si souvent Le passé composé lors de mes Promenades au bord de mer et autres étonnement heureux ou alors un Bonheur d’occasion, qui me rappelle tant de souvenirs, d’un Montréal où j’ai si hâte de retourner un jour.
Tu vois, ma chère B., mes nuits je les passe ainsi. En écoutant des amis discrets et fidèles me murmurer leurs mots. Épars et rares.
Et je pense à la gondole lourdement chargée de vie de Tomas Tranströmer en me disant, comme Paul Éluard, que nous refusons d’être sans rêves, conscients, comme Nuno Júdice, de que rien ne répond à l’énigme de la nuit, avec les étoiles et cendres mêlées, de L’amour extrême d’André Velter.
Ma chère B., si tu savais ce que peux entendre la nuit rien qu’en regardant des amis impassibles et immobiles. Marie Nimier, la Reine du silence, … un homme qui crie. Et il met l’accent sur la première syllabe, comme s’il avait quelque chose à vendre.
Ou tout simplement, Carlos Liscano qui murmure, dans L’écrivain et l’autre, avec son accent uruguayen: La nuit vient et avec elle la peur. Et il me plait de me dire que je pourrais être cet autre, puisque l’écrivain c’est lui. Et tous les autres. Ceux dont Mia Couto dit que leur voix est si discrète qu’on aurait seulement dit une autre variété de silence.
Je t’embrasse.
Armando
Comment by Armando — 16 août 2024 @ 22:44