Lali

14 avril 2024

En vos mots 886

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Alors que je viens à l’instant de valider les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire et à commenter, si vous en avez envie, il est temps de vous proposer autre chose à vous mettre sous la dent.

C’est sur un tableau de l’artiste Kathy Lawrence que mon choix s’est arrêté, en espérant qu’il vous inspirera. Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le temps d’écrire quelques lignes. C’est avec plaisir que nous vous lirons dans sept jours.

D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.

2 commentaires »

  1. Mira a choisi de lire aujourd’hui un livre qui passionnera toute sa petite maisonnée. La poupée Line comme l’ours Brun, le singe Youpla comme la girafe Fanchette. Et bien sûr, c’est un livre avec des animaux. Animaux que rencontrent, émerveillées, deux amies aux boucles blondes ressemblant étrangement à Line et à Mira. Son album sur les animaux de ferme, ils le connaissent par coeur. Et s’ils s’intéressent à ceux qui ont une autre sorte d’existence qu’eux-mêmes, Brun, Youpla et Fanchette ont cependant émis le désir de partager aussi la vie d’êtres sauvages vivant en pleine nature, vie dans laquelle ils puissent davantage se retrouver et en apprendre sur leurs origines.
    Brun en particulier est très étonné de constater que ses congénères dorment tout l’hiver et sont à peine en train de se réveiller. Et il assiste fasciné au sortir d’hibernation de toute une famille d’ursidés.
    Youpla pour sa part a l’oeil plus attiré par la page de gauche, où l’on voit des singes se balancer au coeur de très hauts arbres. Il a hâte que le printemps soit plus clément, pour que toute leur troupe occupe le jardin et qu’il puisse lui aussi s’amuser de branche en branche. Hélas, il ne coule pas ici une rivière comme sur l’illustration. Mais il sera déjà très content de retrouver le bon air, au lieu de se contenter d’escalader dans la maison armoires et étagères.
    Si Fanchette rêvasse en ne regardant plus les images, c’est que la page précédente l’a emmenée bien loin, là où elle peut brouter avec délice de hauts feuillages. Elle aussi sera ravie de retrouver un peu de végétation grâce à une température plus douce qui leur permettra d’explorer bientôt l’espace extérieur. Même si cet espace ne ressemble pas à la savane, elle pourra mieux s’imaginer là dans son milieu naturel que toujours enfermée dans des pièces d’habitation. Et elle y sera indubitablement plus en sécurité que dans la savane truffée de sournois prédateurs.
    Quant à Line, elle aime toutes les lectures. Du moment qu’elle est blottie bien au chaud avec ses amis.

    Comment by anémone — 17 avril 2024 @ 8:05

  2. Lisbonne, 21 avril 2024

    Ma chère B.,

    Poussé par le murmure de mes souvenirs, je me suis aventuré où nous fûmes, il y a si longtemps, deux enfants apeurés à la merci des heures vacillantes de ceux qui avaient la pitié à cœur. Les enfants de l’ivrogne. Les malheureux. Souviens-toi. C’étaient leurs mots quand ils parlaient de nous. On n’avait même pas la dignité de nos prénoms. Si petits pour comprendre la violence des mots. Et pourtant. On savait, sans le dire, qu’ils n’étaient pas de bon augure.

    En passant par la Rua Sabino de Sousa, je me suis dit que les souvenirs de ce que nous avons été n’existent plus. La rue pauvre et populaire, où les gens aux mains calleuses partaient au soleil naissant gagner leur pain sans se plaindre, n’est plus. Elle est devenue quelconque. Une rue sans âme où chacun se croise sans se regarder, sans se saluer, sans se voir. Les yeux plongés dans leurs boîtes mobiles, pour tromper la solitude vide de leurs existences.

    Plus de radio qui chante par les fenêtres ouvertes, des chansons qu’on reprenait par coeur avec joie. Plus l’odeur de poisson grillé. Plus de chiens errants. Plus d’enfants qui jouent dans la rue. Plus de rires. Plus de mots. Que des silences.

    Il me vient en mémoire les commérages teintés du parfum du souci de l’autre. Ces histoires qu’on racontait à voix basse, comme des secrets inavouables pour alimenter, le soir venu, les conversations familiales autour de la table.

    Rien. Nous n’existons plus. Personne ne se souvient des enfants de l’ivrogne. Le temps a balayé jusqu’au moindre souvenir de nous. Le temps présent n’a plus de mémoire. Que de l’indifférence.

    Je jette un dernier regard hagard autour. Quel gâchis. En descendant la rue, les mains dans les poches, il me vient une presque envie de pleurer. Puisque ce qu’il me reste de souvenirs ressemble désormais à des mensonges.

    Je t’embrasse.

    A.

    Comment by Armando — 19 avril 2024 @ 13:17

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