En vos mots 857
Encore une semaine qui a passé à toute vitesse. À dire vrai, quand arrive le vendredi, je ne sais jamais si je devrais dire Enfin vendredi! ou Déjà vendredi! Enfin, parce que la semaine a été épuisante, ou déjà, parce qu’elle a passé bien vite.
Ce qui est certain est qu’aujourd’hui est le dernier dimanche de septembre et qu’il y a quelques jours nous sommes passés à l’automne. Cela signifie donc que les feuilles des arbres vont peu à peu se draper d’or, d’orange et de rouge, et que je vais peu à peu m’encabaner à mesure que le froid gagnera du terrain. Je ne serai jamais une fille d’hiver.
Je m’installerai bientôt près d’une fenêtre, comme la lectrice de l’illustratrice Evgenia Lumfur, chat en moins, que je vous propose de raconter en vos mots, comme vous le faites semaine après semaine depuis plus de 16 ans.
Ce n’est que dans une semaine, et pas avant, que vos textes seront validés. Vous avez donc amplement le temps d’écrire quelques lignes d’ici là et même de commenter les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier.
Bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
À cette époque, les seules étoiles que je connaissais se résumaient à la lumière des bougies et aux phares de voitures qui m’aveuglaient lorsque je déambulais, solitaire, dans ma ville que je reconnais à peine.
La vie me semblait tellement simple et monotone. On naissait pauvre. On vivait pauvre. On mourait pauvre. Dans l’ univers de mes premiers pas, ne pas sombrer dans la misère était déjà une réussite.
Ceux qui avaient compris comment déchiffrer les mots disaient tout haut les gros titres des journaux avec peine devant des illettrés ébahis par tant de savoir. Pour tout le reste, il y avait la radio, qu’on écoutait à longueur de journée, fascinés par cette voix venue d’un ailleurs mystérieux et aussi irréel que fascinant.
Et la vie me semblait être tellement simple. Et monotone. Je ne l’aimais pas. Je ne la détestais pas. C’était ainsi. Je ne savais pas qu’il pouvait y avoir d’autres vies.
Jusqu’au jour où j’ai croisé Sara et appris qu’on pouvait être ailleurs par la seule force de quelques mots. Je l’entends encore me dire : « Tu vois, je suis ici avec toi, il fait gris et triste…. Puis, j’ouvre ce livre, au hasard d’une page, et tu vois…. Je me retrouve en plein océan. N’entends-tu pas les mouettes?… Ta peau ne sent-elle pas les affres du soleil brûlant?… L’odeur iodé de la mer ne remplit-elle pas tes poumons?… T’as pas le vertige du bateau qui tangue?… N’entends-tu pas la voix rauque et chaude de ce vieil homme qui parle tendrement au jeune garçon?… T’es pas obligé de rester prisionnier du seul monde où tu vis. »
Il me revient en tête que le soir mon père m’a trouvé étrange. Il a même prétendu que j’avais bu quelque chose de bizarre qui m’avait tourné la tête.
Je n’ai jamais trouvé les mots pour lui dire que c’était un grand jour pour moi ce jour-là.
J’avais connu Sara, la puissance d’un rêve, et les mots d’Hemingway.
D’ailleurs, je suis certain que si j’avais osé lui dire tout ça, il m’aurait sûrement dit de me taire.
Comment by Armando — 26 septembre 2023 @ 10:14
Plus encore que les portes, que j’aime aussi, les fenêtres ont ce charme et cette symbolique qui m’ont toujours interpellée. Alors, installée avec un livre devant une fenêtre, la symbolique est au moins double, d’ouverture sur le monde. Et avec un chat qui vient se blottir contre moi, le bien-être est encore décuplé. Que ce soit en journée, interrompant parfois ma lecture pour regarder les arbres par la fenêtre, et jouissant quoi qu’il en soit en permanence de leur proche présence, ou le soir, veillée par les étoiles. Le plaisir est intense, intact, incomparable. Et intransigeant. Rien ne viendra déranger cette quiétude. Pas question de laisser s’immiscer dans ce cocon quelque pensée ou acte intrus ou abstrus. Seule l’ouverture sur le monde et l’exploration intérieure sont autorisés. Le téléphone est éteint. Et les listes de tâches à accomplir attendent sagement d’autres temps sur le tableau noir accroché au mur.
Comment by anémone — 30 septembre 2023 @ 5:59