En vos mots 841

Déjà juin! C’est fou comme les semaines passent vite. Je me dis la même chose chaque fois que nous passons d’un mois à l’autre alors que je n’ai pas réussi à réaliser tout ce que je me promettais de faire au cours du mois qui n’est plus. Mais bon, que pouvons-nous contre le temps qui nous file entre les doigts?
Pour tenter de le retenir un peu, entrez dans une image et faites-la vivre en vos mots, le temps d’un poème ou d’une courte nouvelle. C’est ce que propose En vos mots, cette catégorie qui n’appartient qu’à vous. Et pour commencer le mois, je vous propose cette illustration de l’artiste d’origine slovaque Ivana Kozlai Laurindsen.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le temps d’écrire quelques lignes et de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier. C’est avec plaisir que nous lirons dans sept jours.
D’ici là, bon dimanche à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Oui, le mois d’avant n’est plus
Alors, oui Lali, retenons, retenons le temps …
« La triste fin de l’Atlantide »
L’Atlantide disparaît au fin fond des abysses
Par mille tremblements aux sons des clefs de Lune,
Comme l’arrêt du destin qui claque sur nos drisses
Et piège nos murailles y crevassant l’alune.
Des piscines de mer, cernées de cent volcans,
Des tsunamis terribles qui ganguent tous nos corps,
et les vieux carrelages s’enfoncent aux bouts du Temps …
D’où l’oubli se dépose, effaçant tous les sorts.
Des nuages de césium sur le fronton du Temple
Fusent comme autant de pieuvres au tréfonds de nos veines.
Nage, nage ma Mie ! Et surtout ne contemple
L’entr’aide des Tritons aux splashes des Sirènes !
…
Comment by Cavalier — 4 juin 2023 @ 13:09
Soudain il se mit à faire extrêmement chaud:
Du jour au lendemain douze degrés de plus.
Je pris pour habitude de me lever tôt,
En quête de la fraîcheur la plus absolue.
Pour viser ce bien-être, qu’imaginer de mieux
Que la piscine ouverte de notre jardin clos?
Cachée et à l’abri des regards des curieux,
Avec tout à portée des livres, des journaux.
J’en avais fait mon fief, au lever du soleil,
L’onde rafraîchissant tout l’environnement,
J’en sentais les bienfaits jusqu’au bout des orteils,
Certaine que ce calme durerait un moment.
En effet, il fallait attendre quelques heures
Pour que quelques personnes, adultes ou enfants,
Se risquent peu à peu, tels des explorateurs,
Et se plongent dans l’eau tout en batifolant.
Alors je m’en allais, repue de silence,
Et je trouvais en moi le courage d’affronter
Après cette clémente, matinale expérience,
La fournaise accablante de ce pesant été.
Comment by anémone — 6 juin 2023 @ 13:43
De ma fenêtre, au cinquième étage, j’ai le privilège d’avoir une vue superbe.
Un de mes bonheurs est de me lever, avant que le doux ballet des premières lueurs vienne, comme un cadeau de Noël, émerveiller mon regard d’enfant solitaire.
Le noir accouche imperceptiblement du bleu foncé qui, à son tour, donne vie à un bleu plus doux, égayé de rose qui voit éclore, avec tendresse, un soleil orange qui semble lécher timidement les nuages encore endormis.
J’entends les premières joies des oiseaux. Leurs folles voltiges. Et j’avoue, j’ai l’illusion que cet instant du monde est mien. Rien qu’à moi. Et personne ne pourra jamais me l’enlever.
Puis, en compagnie de mon bol de café noir, sans sucre, j’écoute les nouvelles du monde. Les guerres. Les vols. Les agressions. Les coups d’état politiques. Le foot. On ne dit jamais rien sur les sorties musicales ou simplement ON NE Fait pas plus l’énoncé des nouvelles sorties littéraires. Quelque chose d’aussi léger, qui me donnerait l’envie de quitter ce chez-moi douillet, pour m‘aventurer ailleurs, dans un monde qui ne donne pas envie. De plus en plus pas envie.
Alors, je prends un livre au hasard et je savoure quelques lignes pour le plaisir de découvrir l’arpège des mots. Je voyage.
Parfois Dylan, d’autres Cowboys Junkies, et d’autres encore Aznavour, Cabrel, Maxime ou Peyrac. Poètes presque éphémères d’une chanson qui sombre vertigineusement dans la vulgarité d’une époque.
Et puis, j’avoue qu’il m’arrive d’épier, par curiosité humaine, ma voisine d’en face, dont j’ignore tout. Ou presque. Je sais que chaque matin, elle arrive avec l’élégance insolente d’une Paloma Herrera, accompagnée d’un journal et qu’elle s’assied, à l’ombre, et lit paisiblement, comme si rien d’autre au monde ne pouvait exister au-delà des mots sous ses yeux..
Je me demande souvent ce qu’elle peut bien lire. Et aujourd’hui, je suis persuadé qu’elle lit mes mots. Sûrement qu’elle lit mes mots. Il m’a semblé que tout à l’heure, elle a levé les yeux en direction de ma véranda, qu’elle s’est attardée quelques instants. Et qu’elle a souri.
Comment by Armando — 8 juin 2023 @ 1:13