En vos mots 790
Alors que je viens à l’instant de valider les textes que vous avez déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, que je vous invite à lire et à commenter, si vous en avez envie, je vous invite cette semaine à donner vie à cette illustration de l’artiste tchèque Markéta M. Müller.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain, ce qui vous laisse amplement le temps de faire vivre cette illustration en vos mots.
D’ici là, profitez du beau temps et rendez-vous dans sept jours à tous les envosmotistes et à ceux qui les lisent pour la suite!
Elle vit près de la terre.
Elle lit, elle jardine.
Elle vit dans une serre
A la senteur grenadine.
Dans un livre elle consigne
Toutes ses expériences.
Elle écrit ligne après ligne
De son écriture dense.
Elle vit dans une serre.
Elle jardine, elle écrit
A l’autre bout de la terre
A sa chère amie Lali.
Comment by anémone — 14 juin 2022 @ 16:22
La dernière image qu’il avait d’elle était celle d’une poupée. Une jolie poupée comme celles en porcelaine fine. Mais vivante. Avec un sourire qui vous caressait le visage et des petits bras si chaleureux qu’on se serait mis à croire qu’elle était un concentré de tendresse à elle seule.
Ses mots résonnent parfois dans le livre de sa mémoire. Il la voit souriante, heureuse, courir vers lui, pour lui offrir toute sa tendresse d’enfant.
Et puis, un jour…
Un jour, les chemins qui se séparent
Il a beau chercher au plus profond de lui, il ne sait plus vraiment ni quand ni pourquoi ils ont pris des chemins tellement parallèles qu’ils ne se sont croisés que quelques rares fois. Timidement.
Avec les années, personne ne sait vraiment pourquoi. C’est ainsi. On se rencontre. On fait quelques pas ensemble et puis on se perd dans le vide creusé par les années.
Puis, tout à coup, la voilà à portée du regard.
Et plus il la regarde, moins il comprend. Comment comprendre ce sentiment de s’être endormi un jour, avec le visage souriant d’une enfant à l’esprit et de se réveiller quelque vingt ans plus tard pour découvrir que l’enfant est devenue une femme. Une belle et épanouie jeune femme.
C’est drôle comment les souvenirs les plus anciens sont parfois les plus vivants.
Il hésite, puis il résiste à l’envie de s’approcher d’elle. À cette envie de lui caresser le visage à son tour et lui dire : Te souviens-tu de moi?… Mais pourquoi faire?
Que va-t-il bien pouvoir lui dire? Qu’il aurait aimé l’avoir vue grandir? Qu’il aurait aimé être un sourire dans le ciel de ses souvenirs?
La pudeur peut-être ou tout simplement la peur le freine. Il aurait sûrement l’air terriblement maladroit. Pathétique. Insignifiant.
Et puis, de toute manière, elle ne le comprendrait pas. Peut-être lui aurait-elle souri avec courtoisie. Un peu hébétée.
Il la regarde, sans oser perturber son silence, et il est le seul à savoir que tout ce qui n’a pas été vécu sera définitivement perdu.
Comment by Armando — 19 juin 2022 @ 3:15