En vos mots 48
« Un tableau ne vit que par celui qui le regarde » a écrit Picasso. Et l’aquarelle de l’artiste britannique Robert Alexander vivra grâce à vous, grâce au regard que vous porterez sur elle, grâce à ce que vous voudrez bien nous raconter, en vos mots, comme vous le faites chaque semaine depuis bientôt un an. L’aventure était risquée, voire même casse-cou ou complètement dingue, et pourtant, En vos mots a ses fidèles, écrivains comme lecteurs, ses occasionnels et ses parachutés ici par hasard ou par mot clé.
Pour résumer la chose pour les nouveaux arrivés, j’accroche chaque dimanche une toile qui a pour thème la lecture ou l’écriture, ou encore les livres. Et dans la semaine qui suit, vous envoyez vos textes, poèmes, chansons, nouvelles, citations, lesquels je valide lorsque j’installe un nouveau tableau pour vous, comme je viens de le faire pour ce que vous a inspiré l’eau-forte de Victor Prouvé.
Juste pour le plaisir. Juste pour l’aventure. Juste pour votre regard.
Bon dimanche à tous!
On dirait qu’il parle à la mer
Depuis des heures qu’il écrit
Les vagues semblent lui plaire
On dirait qu’il leur sourit
Il remplit des pages blanches
Comme d’autres font leur prière
À l’église chaque dimanche
Loin des regards de la mer
Des mots bleus couleur de l’eau
Où sont regard s’éternise
Et c’est bien au fil de ses mots
Que son cœur s’extériorise
Et tous ces sentiments écrits
Qu’il a tant dans son cœur pleurés
Tous ces morceaux de sa vie
Que les vagues sont venues apaiser
Et après cet amour achevé
Il s’en ira à la tombée du jour
Son cahier plein de mots parfumés
Et la mer attendra son retour…
Comment by Armando — 9 mars 2008 @ 9:31
Malgré le printemps frileux, il vient chaque après-midi. Il installe son pliant face à la mer, un peu à l’abri du vent, près du mur en bois. Jambes allongées, il lit…
Il lit longtemps. Malgré les nuages qui se bousculent, le vent qui se glisse sous les pages de son livre, la mer qui gonfle peu à peu. Il est indifférent aux passants, aux enfants qui jouent sur la plage, à la beauté des voiliers. Il lit.
Peut-être est-il absorbé par la lecture de poèmes, Valéry et le cimetière marin, Baudelaire et l’invitation au voyage ? Lit-il un roman marin ? Qui sait s’il ne s’identifie pas à un de ces héros aventureux ?
Il garde son mystère. Il est juste un homme vieillissant, passionné de lecture. Un homme qui porte un chapeau pour cacher une calvitie naissante…
Comment by agnès — 10 mars 2008 @ 11:10
On était devenu si lent sous le bleu.
On était mots de sable
plage ouverte où viennent finir les vagues
on était grève toujours assoiffée.
On devait pousser des portes
même celles entrouvertes
qui conduisaient au silence.
On devait fragmenter les aurores
et exister.
Comment by agnès — 11 mars 2008 @ 3:51
Tandis qu’un bras de mer caresse un bout de plage,
Que le navire au loin modère son tangage,
L’homme s’étend sur la page d’un grand roman d’amour
Où la femme envoûtée retire ses atours.
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 11 mars 2008 @ 8:06
A maintes reprises, les amis de Michael lui disaient : Petit gars, tu es doué, il faut que tu partes sur les côtes bretonnes et nous rapporter des aquarelles. Tu as le talent pour ! La-bas, tu verras la mer comme tu ne l’as jamais vu. Ensuite tu exposeras tes aquarelles, c’est le début de la fortune.
Michael avait beau leur dire que ce voyage lui coûterait très cher, déjà qu’il n’était pas fortuné mais ses amis faisaient la sourde oreille car ils avaient déjà comploté qu’ils se cotiseraient tous pour offrir le voyage à leur ami.
Heureux comme jamais, Michael en avait les larmes aux yeux. Il entreprit ce très long voyage pour venir peindre sur les côtes bretonnes. Il ne le regretta pas. Chaque jour était différent, la lumière changeante, l’atmosphère humide ou sèche et la marée si belle.
Il avait repéré une petite cabane sur la plage pour se mettre à l’abri du vent. Là, il était tranquille et pouvait peindre tout à son aise. Personne ne venait lui poser des questions sauf un jour, une petite fille : Bonjour monsieur ! si je te montre ma peinture, pourrais-je voir la tienne ? Michael lui sourit, pris la peinture de la fillette, l’examina très attentivement, regarda à nouveau l’enfant et lui dit. Je vais de dire un poème et retiens bien…
Yvonne sérieuse au visage pâlot
A pris du papier blanc et des couleurs à l’eau
Puis rempli ses godets d’eau claire à la cuisine
Yvonnette aujourd’hui veut peindre. Elle imagine
De quoi serait capable un peintre de sept ans.
Ferait-elle un portrait ? Il faudrait trop de temps
Et puis la ressemblance est un point difficile
À saisir, il vaut mieux peindre de l’immobile
Et parmi l’immobile inclus dans sa raison
Yvonnette a fait choix d’une belle maison
Et la peint toute une heure en enfant douce et sage.
Derrière la maison s’étend un paysage
Paisible comme un front pensif d’enfant heureux,
Un paysage vert avec des monts ocreux.
Or plus haut que le toit d’un rouge de blessure
Monte un ciel de cinabre où nul jour ne s’azure.
Quand j’étais tout petit aux cheveux longs rêvant,
Quand je stellais le ciel de mes ballons d’enfant,
Je peignais comme toi, ma mignonne Yvonnette,
Des paysages verts avec la maisonnette,
Mais au lieu d’un ciel triste et jamais azuré
J’ai peint toujours le ciel très bleu comme le vrai.
Aquarelliste
Guillaume Apollinaire 1880-1918
A partir de ce jour, la fillette venait rejoindre Michael tous les jours pendant un mois sur la plage et tous deux peignaient le paysage comme il le ressentait.
La fillette eut un excellent professeur ! Elle ne l’oubliera jamais.
Michael gardera un magnifique souvenir de ces rencontres avec la peintre en herbe.
Comment by Denise — 14 mars 2008 @ 16:36