En vos mots 44
Il était temps qu’une lectrice qui a les yeux rivés sur son écran entre au pays de Lali. Pour que vous puissiez la raconter en vos mots, pour que vous puissiez entrer dans le tableau si vous vous reconnaissez, pour tout ce qu’elle évoque, tout simplement.
Le défi de trouver une telle toile m’a été lancé par Reine il y a quelque temps déjà. C’est donc avec bonheur que pour ce nouvel En vos mots, je vous offre ce tableau d’Ohran Alpaslan. Pour une semaine. Puisque je ne validerai pas vos commentaires avant, afin que chacun se sente libre d’écrire sans savoir ce qui a déjà été écrit. Et ainsi, dimanche prochain, vous pourrez lire tous les écrits d’un seul coup, comme c’est le cas pour le livre ouvert de Gilbert Boillot dont les commentaires sont maintenant visibles et qui ont chacun leur ton, leur regard. Merci à ceux qui se sont amusés à faire l’exercice.
Sur ce, bon dimanche et que l’inspiration soit avec vous!
ORDI le requin du temps qui passe.
Tous les matins à l’aube il ouvre grand la bouche
Et me montre les dents.
Si j’ose l’abandonner et prendre une douche,
Il grogne en m’attendant.
Sa batterie devient faible et sonne son alarme
Pour pouvoir m’inquiéter.
Quand je clique sur lui, il cesse son vacarme
Et rit illuminé.
Il mange tout mon temps ce requin affamé
D’images et de mots.
Il avale et entasse dans sa mémoire-fichier
Tant de dossiers perso.
Je le nourris sans cesse, il sert de dévidoir
À tous mes états d’âme.
Lorsque je me relis, je vois dans ce miroir
Un délirant programme!
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 10 février 2008 @ 14:55
Depuis une semaine que Sylvie ne donnait pas de nouvelles aux siens. L’ordinateur était le seul moyen qu’elle avait de leur dire que tout allait bien. De rassurer sa mère toujours inquiète.
Elle s’était encore embarquée dans une histoire « pas possible » comme disait si souvent sa mère. Pourtant, elle n’avait pas élevé sa fille dans l’indifférence du monde qui l’entoure. Elle savait bien que Sylvie était une fille qui se laissait guider par les émotions, les impulsions. Une fille libre.
Ce pays naissant était en difficulté financière depuis toujours. Certes, il fallait l’aider économiquement. Il fallait mobiliser l’opinion publique mondiale. Il fallait récolter l’argent. Il fallait envoyer des équipes médicales, il fallait, il fallait …
Sylvie, ayant étudié pendant des mois la langue locale, avait décidé du jour de son départ et ce qu’elle allait pouvoir offrir. Il fallait qu’elle y aille.
Non pour imposer sa langue, ni une autre langue. Non pour leur apprendre sa culture. Mais pour les aider en parlant leur langue. Et puis, plus tard leur apprendre une autre langue étrangère.
Elle voulait leur apporter la connaissance. Apprendre à lire à écrire, à compter. Apprendre à prendre leur destin en main.
Elle qui avait toute sa vie apprit que c’était mieux d’apprendre à pêcher que d’offrir des poissons…
Comment by Armando — 11 février 2008 @ 12:51
Il est 7 heures et Florence est déjà prête pour aller au travail. Sa serviette pour y glisser au dernier moment son portable et son manteau sont là sur la chaise. Florence est très méticuleuse et elle ne partirais pas sans avoir jeté un oeil à ses courriels, prendre un renseignement dans Internet concernant son travail. Cela est impensable.
Florence est architecte d’intérieur et dirige une équipe. Donc, elle s’informe car un petit détail lui échappait pour bien expliquer à ses collaborateurs. Elle a travaillé une bonne partie de la nuit à faire les plans de la pièce.
Au premier coup d’oeil, on pourrait dire que Florence est dynamique, cela oui. Energique, oui et il faut l’être pour avoir un poste à responsabilités. Certains diront, dure. Alors là, non.
Florence a le coeur sur la main. Elle aura toujours une surprise pour chacun, un gentil mot et c’est important pour avoir une équipe soudée.
Elle a pour mission de rendre une appartement triste, petit, sans âme en une grande pièce très lumineuse.
Cela paraît simple. Il suffirait de casser quelques parois et le tour est joué. Mais voilà, le propriétaire de l’appartement tient absolument à mettre en valeur ses magnifiques toiles et sculptures et pour rien au monde, il veut s’en séparer ou les mettre dans un coffre à la banque.
Donc, Florence doit se débrouiller. Il faut des parois et surtout donner beaucoup de lumière dans la pièce. Elle a déjà sa petite idée qui a germé ces derniers jours.
C’est la meilleure architecte d’intérieur de la ville. Elle n’a pas besoin de faire de publicité car cela se fait de bouche à oreille. Son carnet de clients bien rempli en est la preuve.
Elle arrive sur les lieux toute contente et annonce au propriétaire sa solution.
Tout d’abord, on enlève les parois. Les petites fenêtres seront remplacées par des baies vitrées. On construit de belles colonnes carrées là, là et là. Un rafraîchissement de la pièce s’impose et les toiles pourront être placées sur les colonnes. Une sculpture ici, bien en valeur et les autres sur le mobilier à venir.
Le propriétaire écoute Florence bouche bée et ses yeux s’écarquillent de plus en plus. Il arrive enfin à parler et lui dit : oh Madame, comme vous êtes ingénieuse, c’est formidable, magnifique. Je n’y avais pas pensé mais je suis heureux, vraiment heureux. Et là, voyez-vous, j’y mettrai mes livres dans une belle bibliothèque.
Les travaux terminés, Florence reviendra seule dans l’appartement encore inoccupé et déposera sur le sol, un livre à ce Monsieur d’un certain âge. « Avec le temps de Léo Ferré » (poésies).
De voir ce Monsieur tellement heureux l’a rendu aussi heureuse !
Florence a un coeur d’or !
Comment by Denise — 13 février 2008 @ 11:26
Merci infiniment Cath! Ton commentaire me touche beaucoup!
Je suis reconnaissante envers Lali de m’offrir la chance de m’exprimer sur son site et de profiter du regard de ses fans. Elle fait preuve d’une grande générosité.
Je suis honorée que mes petits textes soient validés dans ce pays où la sensibilité, la beauté et la bonté règnent!
Comment by Flairjoy — 19 février 2008 @ 6:40