En vos mots 358
Il va bientôt se passe quelque chose, mais quoi exactement? À vous de nous dire en vos mots ce que vous inspire la scène peinte par Anna Whelan Betts. Tout simplement. Pour vous amuser. Pour le plaisir de partager vos impressions. Pour que la toile prenne vie.
Tous les commentaires seront validés dans une semaine. Pas avant. Vous avez donc amplement le temps d’écrire quelques lignes. Rendez-vous dimanche prochain pour la suite.
J’avais tout égaré de nous.
Nos mots tendres, nos regards désireux, nos mains enlacées dans le frisson de nos corps.
Je ne me souvenais plus de nos promenades, à la fin du jour, riant du temps qui passe sans nous faire d’autres promesses que de vivre ce que l’avenir nous donnerait.
Nous avions oublié de nous dire des mensonges. De faire des promesses qu’on ne pourrait jamais tenir. Pour la chaleur d’un baiser. Quelques heures de sommeil au creux de mon épaule.
Je n’avais aucun regret de nous. Du temps que nous avions passé ensemble. Juste pour nous. Sans nous dire tous ces mots qui cachent le soleil de nos intimités passées.
Je marchais silencieux dans mes rêves. Sans m’attarder dans le regard des autres. Sourd à leurs médiocres et ricaneurs chuchotements.
Et puis il y a eu cette fille. Seule au monde. Lisant quelques vers d’un poète mal aimé. Sereine malgré tous les regards insistants.
Et j’ai souri. Je me suis dit que j’avais tout égaré de nous. Au plus secret de mon cœur.
Comment by Armando — 16 février 2014 @ 8:30
PROTESTATION
« Fondamentalisme enfantin »
Il était une fois des parents qui contaient des histoires à leur petite fille. Mais pas des contes pour enfants. Avec eux, dans leur lit, elle décortiquait la Bible. Vers l’âge de six ou sept ans, elle savait pas mal de choses sur les trésors recelés dans ce joli bouquin. Sept longues périodes ont créé la genèse au lieu de sept jours. Dieu existera toujours, mais surtout, il a toujours existé. Pas facile à intégrer, ça ! Bref, elle était incollable. Surtout au sujet du Christ. Son histoire, la vraie foi. La terreur du calvaire de l’enfer. Pour celui qui, bien que prévenu, s’en détourne. Malgré le don de la vie, en souffrance, de Jésus. Pas de cadeaux pour les ingrats !
Un jour, un curé, un corbeau à la longue robe noire, vient prendre un verre à la maison. Alors, je dialogue fort avec lui. Amusé, il me détaille la Trinité, la Vierge, et par tous les saints, la confession et la messe en latin. Du latin pour moi. Et tel Jésus chassant les marchands du Temple, je nie, argumente contre ses inepties : Jésus est mort pour nous. Croyez-le, Monsieur l’Abbé, et vous serez sauvé.
Pas si simple, me dit-il. Il me parle du Diable, des sept péchés et de la confession encore… Je lui réponds que sans le mal, le bien n’aurait aucun sens. Satan est un serviteur de Dieu. Je lui demande : « Est-ce que le Diable a foi en Dieu ? »
Alors il finit son verre, salue mes parents et sort sans se retourner. Aujourd’hui, je suis sûre qu’il s’est signé trois fois, une fois la porte refermée…
Comment by Cavalier — 21 février 2014 @ 12:56
Cet été, Adélaïde a quitté le couvent où on a pris soin de faire d’elle une jeune fille parfaite, pieuse et modeste. Assise dans son banc, les yeux baissés, elle est concentrée sur son livre de prières.
Ce qu’on ne peut pas dire de tout le monde.
Dans le banc d’à côté, les frères Davenport ne voient qu’elle… Ah ! ce moment où elle relève sa voilette ! John se tient si près qu’il peut sentir son parfum d’iris et de rose. Quant à Jack, chaque dimanche il sort du temple avec un torticolis à force de se tenir de travers pour mieux la regarder.
Et juste derrière eux, Mrs Morris et sa fille June surveillent d’un air sévère tout ce petit manège.
– Quand je serai grande, se dit June, c’est moi qu’on regardera !
Comment by Adrienne — 22 février 2014 @ 15:07