Lali

9 février 2025

En vos mots 929

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Qui dit dimanche au pays de Lali dit En vos mots. C’est donc le moment de vous proposer une nouvelle scène livresque afin que vous la fassiez vivre à votre façon.

C’est un tableau de l’artiste finlandaise Elvi Maarni que je vous propose cette semaine en espérant qu’il titillera votre imagination.

Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain, ce qui vous laisse amplement le temps d’écrire quelques lignes et de lire les textes déposés sur la toile de dimanche dernier, et même de les commenter si vous le souhaitez. C’est avec plaisir que nous vous lirons.

D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.

2 commentaires »

  1. Dimanche Musique

    Nous avions durant les deux premières années de lycée une heure de cours de musique chaque lundi matin, où nous étions interrogées sur l’une des partitions que nous avions dû apprendre, et dont nous devions chanter les notes, ensemble ou individuellement. Par miracle, Maman qui n’était pourtant pas musicienne, s’en sortait beaucoup mieux que moi, aussi bien pour déchiffrer la portée que pour chanter les notes justes. Je me demande encore comment elle s’y prenait. Il en ressortait d’ailleurs quelle ne le savait pas trop elle-même. Elle m’expliquait que pour trouver la note et respecter les temps cela allait, alors qu’elle avait toujours été nulle par contre en dictée musicale, difficulté que bien heureusement je n’ai pour ma part jamais eue à affronter en classe.
    J’apprenais les mélodies par coeur, car je ne pouvais raisonnablement envisager d’autre solution. Je chantais juste les chansons que je mémorisais de la radio. Mais pour le solfège, c’était zéro.
    Les dimanches soirs avec Maman restent cependant dans ma mémoire des souvenirs de complicité absolument merveilleuse et presque insolite, un peu en marge des échanges et partages que j’avais habituellement avec elle. Elle me rejoignait dans ma chambre, et toutes deux assises sur le lit, adossées contre de gros coussins, nous entreprenions le travail de préparation pour le lendemain. Avec elle, nous ne perdions pas beaucoup de temps à réviser, et il me paraissait facile et même agréable d’étudier ma leçon. C’était bien sûr à ma manière, où je n’apprenais pas grand-chose et donnais illusion. Mais qu’importe! Je partirais à l’école le lendemain le coeur joyeux et léger.
    Ensuite, la soirée se prolongeait, je le suppose un peu plus tard que d’habitude pour moi, qui les autres soirs devais impérativement être au lit à vingt heures trente ou vingt-et-une heures. Car la fin de cette séance se poursuivait en musique, mais d’une toute autre manière et pour notre plus grand plaisir, avec l’émission hebdomadaire de l’humoriste Stéphane Steeman et de son acolyte Jacques Mercier. Jacques Mercier nous régalait entre autres des perles d’élèves qu’il avait récoltées et dont je me souviens encore de quelques-unes, alors que Stéphane Steeman nous amusait de ses canulars téléphoniques au cours desquels il adoptait différents accents. Nos rires, à Maman et moi, pour ne pas dire parfois nos fous rires, se mêlaient tendrement, toujours blotties comme nous l’étions l’une contre l’autre sur mon lit et contre le moelleux des coussins. Jamais je n’ai connu cela adolescente, avec aucune amie. J’étais avec elle comme avec une amie. Et c’était bon. C’était notre soirée. Un joli choix de chansons entrecoupant les séquences drôles de cette émission achevait de nous réjouir, puisque bien dans la lignée de notre soirée, celle-ci s’intitulait joliment et d’une façon qui aujourd’hui m’émeut encore: « Dimanche Musique ».

    Comment by anémone — 13 février 2025 @ 19:12

  2. D’où j’étais je pouvais profiter de l’immensité de l’espace ouvert de ce bar que me faisait penser à un tableau d’Edward Hopper. Triste et énigmatique à la fois, où les gens semblent éternellement seuls.
    A la radio une voix désenchantée d’avant la grande guerre pleurait la promesse de retrouvailles… We’ll meet again, Don’t know where, Don’t know when, But I know we’ll meet again some sunny day…

    Un vieux monsieur lisait son journal devant un café fumant, tandis que la serveuse, rieuse et avenante, accoudée au comptoir, se plaignait d’avoir cassé un ongle.

    Ma soupe à l’oignon était brûlante. Le fromage généreux, bien fondant, s’était figé aux bords de la tasse, comme la lave d’un volcan. Une soupe à l’oignon à cette heure-ci, mon beau ?… m’avait lancé la serveuse. J’aime la soupe à l’oignon, je m’étais justifiée. Bêtement. Comme un gosse.

    Pour une fois je n’avais pas ni papier ni plume, mais, comme l’aurait dit notre cher William : ‘’Le monde est un théâtre, et tous les hommes et femmes ne sont que les acteurs…’’ alors je me suis amusé a promener, avec lenteur, mon regard, jusqu’à ce qu’il s’arrête à l’image, tendre et douce, d’une dame lisant une histoire à une fillette silencieuse.

    Je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux pages blanches de mon enfance. Aucun souvenir d’avoir vécu un instant aussi doux. Parfois je me pose la question si mes parents aimaient lire. Je n’ai pas la mémoire d’avoir trébuché sur un quelconque bouquin dans ma tendre enfance. Heureusement que l’absence de ce souvenir ne me rend pas malheureux. Juste un brin nostalgique. J’aurais aimé.

    L’enfant avait le regard émerveillé et accroché au bienveillant fil de voix de la dame.

    Je me demande ce qu’elle peut bien lui lire. L’ignorance m’autorise l’imaginaire. Alice aux pays des merveilles, ou alors Le Petit Poucet, peut-être les voyages de Gulliver, qui ont tant fait frémir mon imaginaire d’enfant solitaire.

    Je ne sais rien. Je suppose. J’extrapole. Je les observe sans aucune lassitude et je me dis que cela n’a aucune importance puisqu’un jour elle ne se souviendra, avec bonheur, que de la voix tendre et douce de sa mère lui lisant une histoire.

    Comment by Armando — 15 février 2025 @ 11:23

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