Lali

30 juin 2013

En vos mots 325

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Mais que peut bien chercher l’apothicaire imaginé par le peintre néerlandais Willem van Nieuwenhoven dans son grimoire? La formule d’un sirop contre la toux? Les contre-indications d’un analgésique? La recette d’une potion magique transmise depuis des siècles de père en fils?

À vous de nous révéler les dessous de cette scène. À vous de nous dire en vos mots ce qu’elle a suscité en vous. Nous vous lirons dans une semaine, comme le veut l’habitude.

D’ici là, que l’imagination soit au rendez-vous. Ainsi que les mots!

4 commentaires »

  1. TOMBER LA CHEMISE

    Déchiffrer le produit, prêt liminaire en clair,
    Auprès des grandes eaux dont mille mains crochues,
    En codex RSA, en cachettes déchues,
    Livreront le duo, dans le temps de l’éclair…

    Transactions, pot au rose et mystère au cachot
    Perceront la vallée aux vents des clefs de lune ;
    Codage et décodage en cherreront l’alune
    Aux secrets de se taire, enigmas, peu nous chaut…

    Codes confidentiels, arcanes du silence,
    Des villes de minuit, des cités aux toits noirs,
    Seront cassés demain sur chiens de virulence…

    Lors, chemins inconnus et sentiers entonnoirs,
    Sur le manteau diront, leurs mots sans turbulence,
    Leurs chiffres interdits, y gueulant la balance…

    Comment by Cavalier — 30 juin 2013 @ 10:12

  2. ÂNE Y CROCHE

    « J’adore Marc mon père. Il est intelligent, mais aussi si profondément bête parfois.
    Ma mère Colette a le sens plus pratique. Du bon sens… »

    Mon père taquine gentiment la truite. Il utilise des cannes de bambou avec un fil au bout. Un jour, il décide d’essayer d’en fabriquer une en fibre de verre, et pourquoi pas d’en vendre. Quelle drôle d’idée.

    Rapidement, la cuisine, en superbe banc d’essai, fleure bon le verre fondu, mais exhale des relents de vieux problèmes de démoulage. Toutes les cannes se brisent les unes après les autres quand on les extirpe de leurs solides matrices. Un peu pot de colle, elles refusent tout net de prendre l’air. Mon père s’acharne. Puis, jours après jours, la difficulté le mine. Dépité, un peu raide, il se confie à un inconnu au café. Et justement, celui-ci utilise à longueur de journée un produit pour ce genre de casse-tête. Il lui refile le tuyau.

    Mon père parvient ainsi à bricoler quelques cannes. Mais bien sûr il n’en vend la queue d’une. Ma mère est exaspérée, la cuisine dévastée. Elle lui demande de mettre son produit dans une grande casserole. Pour bouillir son lait. Ça pourrait enfin servir à quelque chose.

    C’est au Monoprix du coin qu’il m’achète. Il alchimise le produit miracle. Colette, bonne pâte, met à rissoler deux belles truites. J’en ai l’eau à la bouche, et tel un phœnix, je renais de mes cendres.

    Abasourdi, Marc entrevoit le filon.

    – On va en vendre des tonnes ! Je l’appellerai Polytétra-fluoro-éthylène. C’est un nom super vendeur !

    – Heu… non, dit Colette, là c’est moi qui décide ! Peau douce de téflon sur âme pur aluminium… elle s’appellera Téfal…

    Comment by Ffup de Bretagne — 3 juillet 2013 @ 11:13

  3. Je n’avais au fond de moi que la richesse des longues heures bercées d’indifférence. Des dimanches creux, à me bagarrer jusqu’au sang pour taire ma solitude. Comme un fou. Un désespéré. Et me croire si fort. Si fier. Et intouchable. Comme un de ces héros anonymes qui s’en vont au combat. Haïr une guerre dont ils n’ont pas voulu.

    Jusqu’au jour où il est venu. Déranger mon existence. Regard paisible et mots nouveaux. M’ouvrir la porte vers un printemps inespéré pour écouter des chants nouveaux. Me dire qu’il croyait en moi. M’apportant quelques livres. Et me donner l’envie de les lire.

    Et quelquefois j’y pense. Lorsque l’année scolaire s’achève. Et que, les années passant inlassablement, l’on se rend compte qu’on garde toujours quelque part un professeur dans le cœur. Qui danse au coin de nos sourires. Et à qui on doit beaucoup de nos silences apaisés.

    Comment by Armando — 7 juillet 2013 @ 3:20

  4. FAUTE DE GOÛT

    … et de couleur. Que nenni des conseilleurs !

    Il était une fois au beau Royaume de France, un pauvre vagabond qui errait parfois, lamentable, du côté de Notre Dame. Là, se trouvait l’atelier d’un peintre talentueux peu connu. Le grand hall servait d’abri en cas de froidure ou d’ondée soudaine à tous les passants du voisinage. Par la grande baie vitrée, on pouvait admirer les chefs-d’œuvre des artistes et des jeunes apprentis.

    Notre pauvre hère souffreteux et diabétique poussa un jour la porte de l’atelier. Sous la houlette du maître il entreprit ainsi de peindre quelques tableaux. Des effluves il se régalait, et d’oxyde de chrome aussi. Sans modération dans sa bibine de dix heures. Il n’eut bientôt plus ni urée ni sucre. Sa santé se réchauffait.

    Un peu bardot, un peu cabot aussi, il n’apprit les lignes de fuite ni d’horizon, ni les mélanges de pigments, de terres et de couleurs. Aucune base. Qu’à sa tête il n’en faisait. Le maître se décourageait. Mulet il était.

    Un jour, une Marquise et sa cour s’engouffrèrent, sous la fureur noire d’un orage violent. Un beau mignon, intrigué, s’approcha de la paroi de verre. Oh, c’est étrange, bizarre, cette trogne ne m’est pas inconnue. Ce doit être un extra de nos orgies. Ou plus si affinités.

    Ils se bousculèrent en pouffant, dans l’atelier. Epoustouflée, la Marquise s’extasia devant la splendeur du tableau du manant. Elle demanda quel était son nom.

    – Si Principessa, moi c’é Nanard… Ah, questa ? … bé c’é Mona …

    Comment by Cavalier — 7 juillet 2013 @ 5:11

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