En vos mots 322
En ce dimanche de juin, c’est une lectrice qui semble bien songeuse qui s’offre à vos mots. Une lectrice imaginée par le peintre portugais Carlos Dugos qui attend vos histoires pour prendre son envol ou faire battre son cœur davantage.
Vous inspirera-t-elle quelques lignes? C’est ce que nous saurons dans sept jours et pas avant alors que seront validés tous les textes déposés afin de prêter vie à la lectrice de ce dimanche.
D’ici là, bonne semaine à tous!
Tu regardes par la fenêtre
tes rêves s’échapper,
tous ces rêves bleus
qui s’évanouissent dans la ville.
Tu regardes par la fenêtre
et tu ne vois plus que ton reflet,
une image de ta vie passée,
une image de tes rêves enfouis.
Tu regardes par la fenêtre
mais tu sais bien qu’au fond tes rêves
ne sont que sur ces pages.
Comment by haÏku — 10 juin 2013 @ 2:38
Parmi les bruits de la ville on pouvait entendre l’horloge de l’église des Martyrs pleurer la demi.
C’est alors que Françoise s’est rendu compte que le temps ne lui ferait aucune pitié. Il allait continuer à faire défiler à son allure insouciante les secondes, puis les minutes et enfin les heures. Tout comme il l’avait fait hier. Avant-hier. Et tous les autres jours qui avaient précédé. Sans qu’elle ne lui prête cette tragédie que seuls les départs inévitables donnent aux choses.
Demain, déjà, il faudra partir. À nouveau. Quelques mois. Si longs, et à l’hiver si gris et si coupant qu’elle les redoute déjà, en jetant un sourire complice à l’immense manteau bleu, sans un seul pli, du ciel de Lisbonne.
Saloperie. Comment dire les odeurs de la ville. Les couleurs chaudes de la fin du jour. Le parfum des vieilles librairies où elle traine sans compter et que le progrès assassine doucement les uns après les autres. Sans aucune pitié.
Comment ne plus entendre la musicalité des mots de la rue. Ne plus entendre les rires des passants. Le gazouille des enfants qui s’amusent en attendant le diner. Le chatouillement doux et nostalgique d’une guitare en contrejour, à l’heure où Lisbonne s’illumine d’espérance et où les poètes cherchent leurs mots dans l’encre nonchalante du Tage. Oublier l’envol léger des colombes. Laisser faner dans sa mémoire la tendre promesse d’un baiser.
Françoise a posé son regard mélancolique sur les ruines du Couvent des Carmes. Qu’elle dévisage de sa fenêtre. En leur faisant la vaine promesse de ne pas pleurer. Pas cette fois-ci, disait-elle. Chaque fois.
Comment by Armando — 13 juin 2013 @ 17:06
AUX SABLES DE TES YEUX
J’en ai bavé avec toi comme aucune autre avant
Mais sur mes rêves ont surfé les bonheurs de l’enfer
J’ai su la géhenne de brûler ton image
Aux flammes de mes pieds sur terre
Sur mes griffes encrées
Des ténèbres vampires qui m’ont aspirée
En tempêtes spirales qui n’ont pas clamé ton innocence
J’ai attendu sombre au crépuscule
Attendu seule au noir de mon clavier
Au tain de mon écran miroir
Dans la toile de tes indifférences
Fantômes virtuels inconsistants gourmands
Qui m’envoyaient tes spectres numériques
Tsunamis de chagrins tourbillonnant mon présent
En doutes éphémères que j’ai tant aimés
En démons aperçus autour de ton visage
Et sur ta voix qui se donne en un instant
Et m’enfonce surprise aux sables de tes yeux
Comment by Cavalier — 15 juin 2013 @ 4:50
Je ne suis pas trop bavard, mais du coup j’ai envie de vous dire, chers haïku et Cavalier, que j’ai pris beaucoup de plaisir à m’envoler avec vos textes.
J’attends déjà le prochain dimanche, pour le plaisir de vous lire.
Comment by Armando — 18 juin 2013 @ 1:42